Nous pensions vraiment que c’était un grand homme. Digne de ces braves soldats et officiers russes qui ont porté le combat victorieux contre le nazisme et de ce peuple qui a enfanté Tolstoï et Pouchkine. Un patriote qui permet au peuple russe de relever la tête, surtout après l’effondrement de l’ex union soviétique et le chaos économique qui s’en est suivi. Un dirigeant soucieux de l’équilibre des forces dans le monde et farouche opposant à l’hégémonie américaine. Un bâtisseur du nouvel ordre mondial, celui de la prospérité et de la coexistence pacifique des pays et des peuples et non pas celui de la soumission à l’oligarchie mondialiste. Un stratège dont le rapprochement avec la Chine en a étonné plus d’un. Un chef d’Etat qui a tenu tête aux plus puissants de ce monde notamment Obama. Nous étions sans doute nous aussi dans le mythe et l’erreur. Alors, mea culpa. En s’invitant dans le conflit syrien, Poutine se révèle malheureusement complice de ces nouveaux maîtres du monde qui veulent soumettre la planète à la logique du conflit permanant et de la dictature du profit. C’est que l’homme ne cache plus finalement sa haine viscérale de l’Islam et des musulmans. Et sa crainte de voir l’organisation de l’état islamique comme la désigne le monde occidental s’implanter dans le Caucase ne saurait justifier l’envoi d’escadrilles de Sukhoi bombarder on ne sait qui en Syrie. Pas d’invasion terrestre bien entendu car la déroute afghane est plus que jamais présente dans les esprits. De prétendu allié du Président Assad, Poutine réussi finalement à emboiter le pas à la politique d’agression conduite par les Etats-Unis dans la région. Poutine s’affirme en tous les cas comme le garant de la sécurité de la « frontière syrienne » d’Israël. Un deal avec l’occident dont les dividendes pour la Russie seraient peut-être le silence et le consentement vis-à-vis de l’annexion de la Crimée. Le fait accompli contre le soutien à la politique guerrière américaine au Proche-Orient. Alors Poutine a-t-il finalement renoncé au rêve d’un monde multipolaire et intégrer lui aussi ses forces armées dans le giron de l’Otan? La question mérite semble-t-il d’être posée mais la Russie gagnerait plus à cultiver le rôle de bâtisseur d’une alternative à l’hégémonie américaine aux cotés d’autres puissances émergentes où réemergentes que de s’exhiber en Syrie au risque comme cela vient de se produire de voir ses avions continuer d’être abattus.
16 janvier 2016
Salim Metref