IMMIGRATION ET EMIGRATION / BUTIN OU BRULOT ? .
Quels seraient exactement les enjeux, dissimulés sous le boisseau, autour du peuplement algérien immigré ou émigré, aujourd’hui installé indifféremment de façon étrangère ou citoyenne en France ?
Quels enjeux, parmi tant et tant de non dits, entre Paris et d’Alger ?
A la fois butin ou brûlot, le moins que l’on puisse penser est qu’aucune des parties n’est disposée, ni prête, à reprendre dans son seul giron, de plein droit et en mains ce peuplement singulier.
Et encore moins immigrés ou émigrés, aucune des deux nations ne songerait à s’en séparer de manière temporaire ou définitive.
Tu parles ! La menace ou le chantage à ce sujet c’est du pipeau polyphonique pour amuser la galerie, trop de conséquences ….
Nous voudrions que la présente réflexion ne s’engageât que sur quelques non dits paraissant, depuis le temps, diplomatiquement ou habilement contenus, alors qu’ils hantent vraiment la curiosité des esprits sagaces de nos vieux exilés, à qui on ne l’a fait pas ! .
Bien d’autres arguments de dissension entre les deux pays, pourraient paraitre plus importants que ceux ici évoqués, aux yeux de la critique avisée. Certainement, mais là nous aurions simplement voulu charger l’argumentaire habituel, d’éléments à ne pas négliger et qui fassent également réfléchir nos grands esprits patentés, omniscients et irascibles.
Parlons donc de la situation, sans aucune animosité, comme nous le ferions de n’importe qu’elle autre curiosité, et sans passion, juste pour nous instruire un petit brin de plus .
EN FRANCE LE BUTIN OU LE BRULOT ?
Pratiquement, la venue d’immigrés maghrébins reconditionnés à tous usages laborieux pour pas cher, tout comme les autres peuplements musulmans subsahariens, a réanimé la vie moribonde en banlieue et développé de nouveaux centres de grande activité humaine, économique et évidemment de politique politicienne. Tout bénef’ autour de nombreuses mégalopoles d’après guerre, sinistrées, autrement vouées inéluctablement au dépeuplement et disparition. Depuis les années 1945 cette immigration a participé énergiquement au renouvellement de la géographie moderne, urbaine du pays, rendue in extrémis dynamique et vivante. Et profitable à la ressource de collectivités locales décentralisées, piliers des trente glorieuses, tout en détournant le regard social critique sur ces « poches de misère humaine » constituées en marge de la grande cité nationale bienheureuse.
Peut-on imaginer par exemple Paris, - depuis l’origine de son renouveau contemporain d’après guerre , à ce jour de remise en cause de l’immigration en cause – , imaginer donc Paris dépourvu du substrat précieux soutiré de son nouveau développement populaire périurbain , si rentable au profit des grosses boîtes ou PME de reconstruction nationale ( Seine Saint Denis, Hauts de Seine, Marseille et Lyon de leurs périphéries …) ?
Peut-on également imaginer ce qu’il adviendrait de ces espaces si retournés au dépeuplement, privés de la dernière immigration en question ? Quoi des administrations et services publiques employant massivement la population nationale dite « d’origine » par ailleurs disqualifiée et marginale, sans les quartiers, citées, banlieues, villes dénommées bizarrement « sensibles, fragiles, populaires » et autres fadaises sémantiques de discrédit , d’auto flagellation ? Quid des monstrueux corps de l’enseignement, ordre public, administrations locales, tissus associatif populaire, culture et arts modernistes, et notamment du fameux classe moyenne support indéfectible du parti aux affaires, quid de cette énorme charge sans les cités à la marge ? C’est au système politique instrumentalisé, faisant largement en Europe illusion de pratique de démocratie parlementaire républicaine, que l’intérêt et profit à stigmatiser la présence de ces éternels étrangers auront été encore plus importants. En effet des deux partis à la gouverne mécanique et alternative du pays, l’un agitera ce peuplement minoritaire comme épouvantail de terreur sociale et culturelle menaçant les fondements de la république. Un cinéma d’horreurs pour pouvoir se rallier les faveurs la majorité de l’électorat nourrit de la peur ancestrale de l’étranger d’ailleurs et de toujours, ces immigrés rendus encore plus dangereusement nuisibles à toute cohabitation citoyenne.
Paradoxe : des freins implacables, insidieux , insurmontables mis en place à toute intégration préliminaire sociale des immigrés en cause, leur seront opposables : intégration subordonnée à la conjugaison de l’acte volontaire de reniement culturel , de dépersonnalisation , de marginalisation et de réclusion socio-éducative , statut de sujet ou rien …. .
Pourquoi le nier, presque partout on se le suggère ?
L’autre parti politique voué théoriquement au bonheur du prolétariat, fera tout en sous main pour entretenir et développer en l’état, les poches de misère humaine en vue de se présenter à elles comme défenseur des opprimés, en situation d ‘existence précaire fussent-ils ou non déjà citoyens nationaux. C’est par cette mise en condition que ce deuxième parti puisera dans la manne séquestrée, exceptionnelle, une sacrée clientèle de nouvellement d’électeurs partisans qui lui assurera bien des mandats politiques d’opportunité … .
Et voilà pourquoi l’emploi de politicien professionnel, recruté à l’emporte pièce comme éligible de gauche à droite, se retrouvera aujourd’hui parmi les jobs les plus facilement accessibles, attractifs en démocratie républicaine parlementaire. Qui de plus et surtout, procurera des privilèges dont les deux partis pourront nourrir facilement et largement l’énorme masse de services de supports vivant, désormais copieusement, à la traîne et marge du système politique clientéliste, alimentaire ( politologues, sondeurs, médias, boîtes de l’événementiel, écrivaillons divers, faiseur de fumée …).
En effet le politique actif, stratège, entrainera dans son sillage de faveurs, tout un populeux chargé de propagande médiatique de l’imaginaire, des technocrates spécialisés dans la propagation partisane de la fabrication des idées de faveur,,,, et renvoi d’ascenseur.
Et de cela en fait de ces nouveaux métiers à profits, les uns dans les autres imbriqués, une surpuissante corporation prendra forme comme force décisive d’influence nationale publique, soufflant plu fréquemment le chaud et le froid sur notre peuplement immigré, qui bien qu’isolé , pèsera quelque peu dans la manipulation tendancieuse de la démocratie républicaine .
Sans parler des gros intérêts économiques d’outre mers, d’avoir déjà à disposition les moyens directs, à demeure, de propagation d’idées, langues, culture pour mieux approcher et agripper les sources de matières premières et denrées coloniales fructueuses.
Et pas que. On en reparlera.
EN ALGERIE / LE BUTIN OU LE BRULOT ?
Nous aurons l’occasion ultérieurement peut-être, de développer la partie de ce thème dans le même esprit, donc par un autre exposé de non-dits.
En un succinct constat de société, l’Algérie tiendrait elle surtout à son émigration d’abord pour une raison essentielle ?
Il s’agirait de compter, par cette émigration mobile, sur des d’hommes situés en bonne place de l’échange culturel, des gens issus du terroir algérien, et aujourd’hui éloignés, mais attachés, naturellement comme d’autres, en leur origine essentielle. Essentielle comme on l’entendrait médicalement d’une des hypertensions artérielles complexes ? Quoiqu’il en soit les voilà nos gens, attelés à constituer le dernier pont de relation qui approcherait, utilement, l’Algérie à une certaine Europe. Car incontournable Europe qui occupe momentanément encore, une place privilégiée de détentrice du monopole de la connaissance de sciences pratiques indispensables au progrès humain. Lui même devenu marchandise commercialisable de négoce international, ruineux ou juteux. Sans doute cela interpelle, tout comme la réussite du fameux miracle européen, rendu tangible en raison de plusieurs opportunités historiques conjoncturelles, moralement discutables certes, mais exploitées à fond par les occidentaux …Cela dont le tiers monde ne peut absolument pas se passer pour assumer de nouvelles libérations, sur la voie des progrès , de bien être matériel social .
Et encore cette autre donnée, la langue française, le butin de Kateb qui ouvre aux Algériens positionnés avantageusement sur deux continents dont l’un en devenir , l’accès à plus de savoirs , cultures , arts modernes et connaissances de lettres et sciences sociales contemporaines , sans reniements de l’être bien au contraire …..
L’Algérie, qui capitalise déjà des diversités positives , est en aptitude d’engager ce genre de débat, en maitre d’œuvre.
FT //
28 décembre 2014
Farid Talbi