C’est extraordinaire comme les pays africains adorent l’exagération et les superlatifs, surtout leurs dirigeants. Un rapide portrait de quelques-uns en dira plus long que n’importe quel commentaire. Prenons le cas de Kadhafi.
A coups de millions de dollars distribués aux chefs coutumiers du continent, il s’est fait honorer par le titre prestigieux de « roi des rois » et, du reste, il en a souvent porté le boubou en peau de léopard, signe distinctif de son statut. Un sergent ougandais du nom d’Idi Amine Dada ne réussira à arracher son grade de général qu’en opérant un coup d’Etat. Une fois au pouvoir, il se donnera le grade de maréchal commandant suprême de l’armée.
Quant à l’opposition, il avait une manière bien à lui de l’envoyer au tapis. Au sens propre. A chaque fois qu’un leader élevait la voix pour contester son autorité, il le convoquait dans un ring de la capitale pour le boxer en direct à la télévision.
Un ancien militaire, le général Bokassa, se donnera lui aussi le titre de maréchal, une fois son coup d’Etat réussi. Il ira même très loin : il se fera introniser empereur de la Centrafrique. Des dizaines de chefs d’Etat, de princes et de premiers ministres assistent à son sacre en faisant un effort pour ne pas pouffer de rire… Le maréchal empereur avait cependant un péché mignon pour épater ses visiteurs.
Il étalait sous leurs yeux toute sa magnificence en leur offrant des diamants en guise de cadeau. Mais comment ont-ils tous terminé ? Après avoir mené une vie au-dessus des mortels, à l’abri des microbes et des foules beuglantes et remuantes, Kadhafi sera pitoyablement délogé d’un tunnel d’égouts où il s’était réfugié, tué et sa dépouille mise dans un abattoir municipal à même le sol.
Idi Amine Dada quittera son pays dans la précipitation et par la petite porte pour s’installer en Arabie Saoudite où il trouvera asile.
Depuis, personne n’a jamais plus entendu parler de lui. Quant à Bokassa, il évitera in extremis d’être lynché et se fondra défensivement dans l’anonymat dans un pays frontalier.
Les dictateurs
S'abonner
Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les mises à jour par e-mail.
27 décembre 2014
M. MOHAMMEDI