Je ne sais pas si les abricots dans notre pays ont le naturel des roses pour s’évaporer aussitôt cueillis mais je trouve qu’ils ont disparu de la saison avec un arrière-goût d’inachevé.
En dénicher par ces temps qui courent où les envies sont spécialement exacerbées est une opération qui relève de la gageure, du pari impossible même.
On sait que le fruit a déserté nos assiettes il y a bien longtemps mais tout de même … Maintenant si vous désirez coûte que coûte vous en procurer, il est nécessaire que vous fassiez quelques sacrifices comme la tournée des marchés ou même des communes.
Et ce n’est qu’en fouinant comme une taupe parmi la foule, au beau milieu de la fournaise de l’été que vous parviendrez peut-être à mettre la main sur ce graal… mais à quel prix !… 350 DA le kg dans le seul magasin qui le commercialise à Oran, 400 DA dans le petit village d’El Karma et 650 DA à Oued Tlélat, quelques kilomètres plus loin… Sélectionnés avec délicatesse dans un panier d’osier entouré de ruban rose, ces fruits sont montés un à un jusqu’à ce qu’ils prennent la forme d’une pyramide ou d’une pâtisserie nuptiale et proposés aux clients sous le label « mine el kharej » ( de l’étranger).
Et d’ailleurs articulé par le commerçant avec onctuosité avec une expression tellement gourmande que vous avez l’impression qu’il vous invite carrément au paradis. On le connaît ce paradis de l’étranger.
Dans cet « Eden » ou les hommes se marient entre eux et les femmes s’épousent, l’abricot n’a ni goût ni saveur et la sardine ne sent pas la Méditerranée et le seul Dieu devant lequel tout le monde se prosterne est souvent dévalué par les cours et rattrapé par les marches.
El Karèj (L’étranger)
S'abonner
Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les mises à jour par e-mail.
27 décembre 2014
M. MOHAMMEDI