Les élections municipales françaises et les résultats qu’elles auront charrié dans leur sillage confirme ce qui depuis quelques mois était déjà en gestation, la bérézina inéluctable de la gauche socialiste et la montée en puissance de l’extrême droite. La première confirme que l’électorat populaire favorable aux socialistes a préféré cette fois-ci s’abstenir, confié ses suffrages à la droite dite républicaine où soutenir carrément les candidats du front national. La seconde confirme que les idées de l’extrême droite font leur chemin, s’enracinent dans le pays profond et révéleront à l’occasion des présidentielles de 2017 leur véritable signification politique. L’élection de Marine Le Pen à la magistrature suprême n’est plus une utopie, ni un leurre et encore moins une vue de l’esprit. Cette dernière a su profiter intelligemment de la bienséance du lobby médiatique qui pour la première fois a accepté de lui ouvrir ses rédactions et studios de télévision pour des raisons que révéleront peut-être la teneur et la consistance du discours politique que délivrera à l’avenir l’égérie du Front National.
La droite dite républicaine n’a pas véritablement bénéficié d’un raz-de-marée électoral bien qu’elle ait véritablement réussie à conquérir des villes qui ne lui ont jamais été acquises. L’abstention et le vote sanction lui ont plus profité qu’une véritable adhésion des électeurs à ses idées. Seul le Front National peut se prévaloir d’une véritable adhésion à son programme et à ses idées. Son électorat dépasse désormais les traditionnels fiefs du sud de la France, travaillés depuis des décennies par une partie des rapatriés d’Algérie et des anciens ultras de l’OAS, mais réussit à s’ancrer dans d’autres régions comme le nord de l’hexagone.
Cette reconfiguration brutale, mais pas encore achevée, de la carte politique française va inéluctablement libérer les grandes manœuvres pour l’élection de 2017. Beaucoup de candidats sont déjà dans les starkings-blocks et la mêlée se fera à couteaux tirés. Ainsi à gauche, l’actuel président français devra compter sur la concurrence loyale de son ex ministre de l’intérieur, chouchou des sondages bien qu’actuellement en légère baisse surtout depuis l’estocade portée tel un matador à l’humoriste Dieudonné, qu’il vient de nommer à Matignon. Ce dernier connu pour son soutien inconditionnel à Israël va sans doute influer encore plus sur la politique étrangère de la France. Mais cette nomination obéit aussi à des calculs d’un président pas aussi naïf qu’on ne le croit, sans doute inspiré par le flair politique de l’un de ses anciens mentors François Mitterrand, qui pour se débarrasser de Michel Rocard, alors champion des sondages, l’a étouffé dans la fonction de premier ministre. Et 2017 est encore loin.
La droite devra aussi compter sur une guerre des chefs inévitables entre un ancien Chef de l’Etat qui souhaite revenir aux manettes et deux de ses anciens lieutenants qui s’entre déchirent depuis des années.
Deux blocs politiques précipiteront sans doute la reconfiguration du paysage politique français et mettront un terme à l’alternance au pouvoir des deux grosses cylindrées politiques qui depuis la libération ont quasiment vampirisé la vie politique française. Il s’agit de la gauche non socialiste, revendicative et populaire et de l’extrême droite, formation dopée par l’émergence d’une nouvelle génération de politiques, hyper diplômée et acquise à l’idée de l’urgence de sauver leur pays de l’emprise des lobbys et des cartels technocratiques notamment européen.
Ces élections présidentielles permettent de confirmer que dans les pays démocratiques, les erreurs politiques, les promesses non tenues, les reniements, les renoncements et les affaires se paient cash grâce au suffrage universel.
23 juillet 2014
Salim Metref