Le combat du peuple palestinien pour recouvrer ses droits spoliés depuis l’irruption d’une anomalie de l’histoire qui l’a privé de sa terre est un combat juste et légitime. La violente agression d’Israël contre les populations civiles palestiniennes et les centaines de morts provoquées, le prétexte invoqué de l’indignation suscitée par la mort de trois adolescents , la puissance de feu utilisée et sans commune mesure avec les roquettes de fabrication artisanale lancées depuis la bande de Gaza révèlent encore une fois une réalité indiscutable, la véritable nature d’Israël dont l’existence même est fondée sur la stratégie de la tension permanente qu’il faut entretenir contre vents et marées et si nécessaire provoquer, la peur souvent feinte et simulée de l’autre, le sabordage de tous les processus de paix, le refus du droit et des injonctions de la communauté internationale y compris de celles extrêmement rares de l’eternel allié américain lui-même enchainé et ridiculisé par les puissants lobbies pro-israélien qui lui dictent sa politique étrangère et enfin le recours inconsidéré à l’usage de symboles comme le déclenchement des sirènes ou l’utilisation de masques à gaz comme pour rappeler de sombres souvenirs du passé et dire que «le ventre de la bête immonde est encore fécond ». Mais ces stratagèmes ne trompent plus personne. La bête immonde n’est pas toujours celle que l’on croit. Elle est maintenant parmi ceux qui parfois même contre l’avis de leurs propres coreligionnaires continuent d’incarner la dernière enclave de la haine qui existe sur terre, refusent la paix et exigent la soumission inconditionnelle et l’asservissement total du peuple palestinien.
Mais qu’a-t-on laissé au peuple palestinien pour espérer lui faire aimer la paix et prétendre lui refuser l’ultime combat qu’il peut livrer, celui de se battre et de mourir dans l’honneur ? Car tout n’est désormais plus là. Plus de terre, plus de pays et plus de raisons d’espérer. Juste un bantoustan devenu une véritable prison à ciel ouvert avec pour seul horizon des soldats et colons qui vous enchaînent, vous tuent, vous dépossèdent, nient votre existence, votre histoire et votre passé, profanent vos lieux de culte et vos tombes et viennent jusqu’à détruire vos maisons pour mieux vous exproprier et bâtir de nouvelles colonies de peuplement. Le seuil de ce que la conscience humaine peut accepter est déjà franchi et nul ne pourra prétendre un jour ne pas l’avoir su. La liquidation physique du peuple palestinien est une réalité conduite par Israël grâce au consentement de l’occident et au louvoiement de régimes arabes enchainés par leur propre illégitimité et dont le silence complice constitue désormais le meilleur allié d’Israël. Et puis cet adolescent kidnappé à l’aube et brulé vif sans doute dans un four crématoire, ces arrestations arbitraires et ces assassinats qui ont fini par provoquer l’exaspération, anéantir tout espoir de paix et libérer la seule alternative possible qui semble subsister, au détriment de ceux qui veulent la paix et la coexistence pacifique, la guerre jusqu’au bout et la confrontation jusqu’à l’ultime souffle. Et continuer dans ce contexte de violence sanglante récurrente infligée au peuple palestinien de plaider pour le dialogue et la coexistence pacifique des religions, la poursuite des efforts de paix et les droits des minorités religieuses dans les pays musulmans ressemble désormais à une provocation qui frise l’indécence. Et le sempiternel discours occidental sur l’universalité des droits de l’homme est inacceptable et caduc. Les centaines de morts de Gaza ne resteront sans doute pas impunis. Israël a encore une fois de plus choisi la seule voix qui a toujours été la sienne, celle de la force, de la violence et de la destruction. Cette nouvelle démonstration de force n’en est pas en réalité une. Et cette folie meurtrière qui s’abat sur un peuple sans défense est le signe précurseur d’une déroute annoncée. Israël construit désormais lui-même un nouveau cycle de son existence, celui de son inéluctable déclin et de ses conséquences.
12 juillet 2014
Salim Metref