Franchement on ne partage pas toujours cette idée incongrue de changer de peuple quand celui au sein duquel nous galérons , sous toutes les latitudes , à contresens absolu des courants porteurs , nous afflige de ses admirables aberrations et persiste, signe dans la caricature , l’hilarité .
Il aime nous affliger et nous le lui rendons bien, à son image , par nos inepties qui soutiennent le moral, un moral désormais peu regardant .
Gratitude.
Et puis le bon peuple, sans lui on ne se marrerait plus non stop, dans ces affreux instants où tu butes sur la connerie humaine qui te prend en otage , entravé à ton tour aux certitudes dézinguées de la majorité conquise au bien être , une fois crevé !
Un seul héros ….moi !!
Ou comme dirait le poète : ‘’ que serais-je sans moi ’’… !
Du peuple, donc tu as M’henna . Un étalon non datable comme certains fossiles, entre deux âges géologiques, le primitif bloqué et le primaire pas en panne du sous sol pubien . Le primate, entre trente à quatre vingt ans selon les saisons et le témoignage de Da Aissa Ysââ Naf’s l’épicier du quartier , da Aïssa le fameux plongeur du regard en apnée , sur tout ce qui bouge du verso .
Plus prototype de la « condition populaire médiane » que lui, M‘henna, tu crèves ! Son épouse, une femme en pétard H/24 . Forcément ,neuf gosses et dispositions utérines en panne .
Normal, la famille principale dans une petite pièce de neuf mètres carrés et cuisine sans évier , à peine passagère. Toilettes à la sauvette . Et toujours des invités du bled, dont la frangine avec mari ramoneur de cave attitré, auteur présumé de la paternité de treize morveux de mioches d’un couple coupable du forfait social inouï. Normalement justiciable par stérilisation publique.
Bref, le malheureux M’henna se plaint de la houkouma, le beylek, des voisins moins prolifiques donc mieux logés, des présidents successifs du fromage trop fait , de l’inefficacité de la pilule, des frasques de son chat noir « djarou » , de la longue queue de la poste par devant ou de la boulangère par derrière , des youyous de sa belle-mère qui s’habitue aux emmerdes de la ville comme de avancées du progrès , du prix du pain des cuiseurs de pâte ….
Du logement voilà l’interrogation douloureuse de notre ami .
Il y aurait de quoi clamer haut et fort l’injustice. Vu les racontars que M’henna entretient avec éloquence de son passé familial , son honnêteté héréditaire mais invisible , sa crise de foie , sa foi en tout , son fan club qui des fois doute de tant de vertus en un homme qui cause tout seul de tout, pour ne rien dire ….
La question en vrai qui se pose au bout de toute cette histoire, c’est la suivante, malheureusement dure à soutenir .
Comment fait-il le M’henna , dans un si petit espace de logement, avec tant de monde jour et nuit en en éveil libidineux constant, toilettes comprises, comment a-t-il pu faire tant de gosses sans se voir surprendre ou interrompre dans son méfait social ?
Péchant sous l’évier ? dans l’armoire bancale ? le balcon sur rue ? derrière la porte ? sous le lit ou le lavabo ? le couloir ? le palier à l’étage … ?
Tu me diras, la vraie préoccupation politique d’un peuple s’imaginant heureux est toujours là , s’assurer la pérennité de l’espèce , dans les cas de figures aussi désespérés.
Donc surtout l’exploit, par les nuits sombres d’entre minuit et les couvertures, de manipuler le zip de la fermeture éclair sans rayer en quoi que ce soit les bijoux de famille !
Ni même réveiller bobonne, terrassée par les corvées ménagères.
Et quelques rêves inavouables de changements de décor social , qui tournent toujours désormais au cauchemar !
Farid Talbi
2 mai 2014
Farid Talbi