un truc pour échapper à la déprime de la « sériosité «
Les mots pour tout dire .
Tu as des mots comme çà qui, en soi, constituent une remarquable peinture de société . Qui plus mieux est, projettent la rétrospective imagée d’une époque révolue ,avec une évocation fidèle d’ambiance.
Le génie du langage populaire, vraiment national celui-là .
Pourvu que ces mots soient employés dans le jargon, en y mettant la diction d’usage , et te voilà inviter à revisiter l’histoire dans un contexte humain, comme si tu y étais , en 3D …
Déroulons la bobine , commençons par une prise d’ensemble ,plantons le décor.
A la sortie du hameau, un moulin à grain, Ammi Salah le meunier , des meules énormes en gré des Babors pour transformer le blé en semoule, des animaux de trait pour l’énergie moteur, deux ânes encartés déjà .
Et surtout dans un bruit d’enfer du diable,un processus s’ébranle qui implique une surveillance, des interventions manuelles ininterrompues du meunier . Pas une seule seconde d’inattention visuelle de proximité , pour éviter une cascade de dégâts, préjudiciables on l’aura compris .
Vaillant meunier ( tah-hane,- la chedda insistante !).
Juste là, à proximité , la maison familiale de notre vieil artisan partagée avec une toute nouvelle femme ,Aïcha, et bientôt un enfant . Avec cette particularité de subir une pollution insupportable du bruit du moulin , bien entendu quand seulement l’installation se retrouvait en fonctionnement ..
Les mauvaises langues du village prétendaient que Aîcha, fougueuse , avait parfois eut à succomber à la jeunesse ardente et aux charmes d’un colporteur marchand de vaisselle . Comme il y en eu tant voués aux feux de l’enfer, avant que le progrès mécanique ne fasse disparaitre moulins bruyants, meuniers heureux de leurs performances nocturnes, petits commerce de l’informel traitre.
Pour ce faire en toute sécurité, les amants maudits ( bien sûr, tu parles ! ), se fiaient au bruit continu des meules , assurant que Ammi Ali était forcément occupé, dans l’incapacité de quitter le moulin ,
D’où mon frère , l’expression admirablement explicite, en un mot et pas plus » tah-hane !! » , pour qualifier le statut conjugal écorne de notre meunier .
Parait que la bénédiction/malédiction persisterait , paradoxalement dans les sites résidentiels , où justement le bruit est aujourd’hui proscrit .
Le vocabulaire du peuple, çà te bluff !!
Farid Talbi
7 mars 2014
Farid Talbi