Contenir l’émergence de la contestation et empêcher que le peuple de France, comme il le fait actuellement en Bretagne, ne se rapproprie une liberté spoliée et confisquée par les puissances de l’argent et par le pouvoir technocratique. Telles semblent être les préoccupations actuelles de la classe politique française d’autant plus que les changements politiques qui pourraient se produire démocratiquement en France à l’avenir seraient sans pareil dans l’histoire de ce pays. Et le verrou législatif qui à toujours empêché des millions de français d’être légitimement représentés à l’assemblée nationale pourrait sauter à cette occasion. Mais en attendant, il faut remettre sur le tapis de vieux débats car il faut aussi continuer d’exister.
La France serait-elle devenue raciste ? La parole raciste serait-elle libérée ? La résurgence de cette thématique, portée notamment par ceux qui il n’y a pas si longtemps de cela titillaient sans que personne ne leur ai jamais demandé le diable et jouaient sans vergogne avec le feu ne servirait-elle finalement qu’à une chose ? Minimiser l’importance des changements à venir. Mais l’on ne se décrète pas du jour au lendemain dépositaire des luttes et des idées des autres surtout qu’en politique le reniement se paie souvent cash. Ainsi par exemple, ce procès fait à l’Islam et mis en œuvre sous l’habit d’un débat dédié à l’identité nationale, pensé, initié et conduit par ceux qui paradoxalement se disent aujourd’hui victimes d’actes antisémites a été l’élément déclencheur d’un processus de radicalisation de l’opinion française qui s’est emballé, ne s’arrête plus et qui révélera sans doute toute sa signification politique à l’occasion des prochaines échéances électorales. Mais faut-il donc vendre son âme au diable pour pouvoir continuer d’exister ? Ceux qui ont voulu faire diversion et vendre à l’opinion l’idée que la haine et l’intolérance pouvaient être scindées en plusieurs catégories, l’une, hard et irréversible, réservée à ceux qui « décidément ne s’intégreront jamais » et l’autre, plutôt soft et passagère, réservée à ceux qui seraient malgré tout membres de la communauté nationale se sont lourdement trompés. Et maintenant que la table est servie, il faut manger jusqu’à satiété les effets pervers de ce discours ambigüe !
La réalité semble être tout autre. La France profonde se rebiffe contre un système qui la brise. Le racisme en France n’est pas plus important qu’ailleurs. Il est sans doute et encore une fois de plus une colère qui s’exprime mal. Le repli sur soi, le refus de l’aventure, la peur de se dissoudre, la crainte de la dépossession sont des comportements qui s’aiguisent lorsque la crise est présente et que la peur de l’avenir qui lui sert de soubassement est plus que jamais présente dans les esprits.
Les priorités politiques, économiques et sociales exprimées par l’opinion publiques ne semblent pas obéir au même agenda que celui de ceux qui sont en situation de responsabilité. Les effets induits par cette dissonance se traduisent aussi par des comportements condamnables et répréhensibles. Ainsi, la Ministre française de la justice a-t-elle été ainsi victime d’un acte raciste, bête et méchant comme l’humanité a toujours su hélas en produire où a-t-elle subi l’effet de retour de flamme d’un projet de loi contesté et contestable qu’elle a porté de toutes ses forces, avec d’autres, et fait adopter et porté atteinte à la sacro-sainte institution du mariage, défendue par ailleurs par les trois grandes religions monothéistes ? La question mérite peut-être d’être aussi posée.
Le discours maladroit tenu à l’endroit du peuple rom, qui a tant souffert lui aussi des exactions du nazisme, devenu le souffre-douleur d’une population déboussolée et jeté en pâture à une opinion en quête d’exutoires laisse perplexe surtout lorsqu’il émane de ceux qui se proclament les héritiers de l’humanisme et des droits de l’homme. Mais il est vrai que nul n’a le monopole du cœur.
Le débat sur la résurgence d’une France raciste semble d’arrière-garde et sera surtout sans effet à la veille d’une inéluctable refondation de la carte politique française qui préfigure déjà d’une droite conservatrice, populaire, qui s’agrègera autour du Front National et de ses idées et qui deviendra la première force politique en France et d’une gauche qui essayera d’endiguer son démembrement face notamment à la résurgence d’un centre qui plus que jamais revendique son autonomie.
19 novembre 2013
Salim Metref