Sans avoir à s’aventurer dans l’appareil à remonter le temps cyclique, s’il s’avèrerait – tout comme le tapis magique !- américainement existant, NSA en super mamy voyante-écouteuse satanique ! (au fait, attention à vos portables, on en est des naïfs écoutables voire consommables !?), il est plus qu’aisé aux initiés du sablier algérien tout comme aux autodidactes galériens ramant à contre courant dans la foultitude anonyme d’une plèbe aux œillères figées sur les tubes digestifs à farcir et hallucinée par les foires débitant les avoirs !, d’emprunter les couloirs et labyrinthes de l’histoire, relégués à la toile de l’oubli et de la clarté du noir, pour dépoussiérer les pages, bien que rongées par la négligence et l’insouciance, mais éblouissantes par des lettres en or hors pair, écrites par nos aïeux légendaires « L’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue »2
Qui de nous, n’a pas arraché, de cet immense espace, mauvais marché, colonisé par les habitués des ténébreuses tranchées en quête de nouveaux espaces, des ondes offrant à son ouïe des bribes d’informations sur « nos » ancêtres tombés dans les champs d’honneur ou déracinés dans la terreur pour se voir déportés et réimplantés, en forçats, dans de nouvelles terres (La nouvelle Calédonie en renferme quelques déboires !)
Qui de nous, n’a pas froissé plus d’une page, pour méditer dès son bas âge, ce que lui offraient les écrits et les images, relatant des exploits légendaires perpétués par des héros exemplaires
Qui de nous, n’a pas senti la lame dans le cœur, en se recueillant sur les vestiges de la mémoire, pour ressusciter les mille et un malheurs, endurés par nos pères, mères, frères et sœurs, depuis les enfumades de Dahra jusqu’au Napalm de Tikjda treize décennies vécues dans l’horreur
Qui de nous, n’a pas été sujet à l’inflation voire à la banalisation, par des forces occultes pêchant dans les marrées nauséabonds de la francophonie (philie) versus arabisation, un lavage de cerveau visant à désosser les signes, icônes, symboles et repères véhiculés par les charges sémantiques se dégageant des noms de nos valeureuses et valeureux Chouhada
Sommes-nous amnésiques ? Ne sommes-nous pas les dignes et légitimes héritiers de ces martyrs atypiques ? Pourquoi s’étaient-ils offerts, l’âme dans le linceul, sur l’autel des offrandes emblématiques ? Pourquoi n’ont-ils point hésité à sacrifier tout ce qu’ils avaient de cher y compris leurs souffles rythmiques ? Nous faut-il encore d’autres gestes plus symboliques !? Voilà plus d’une question légitime, méritant un million et demie de réflexions et débats intimes !
En récapitulant voire en compilant les pages de notre Histoire, de la Numidie de Massinissa à l’Algérie d’Abdel Kader et finalement à Nedjma des « 22 », quel fut les deux caractéristiques nodales de l’Algérien, si ce n’est le Nif et la Liberté ! Les vandales, les romains, les espagnols et les français, avec toutes leurs vaines politiques d’aliénation et d’asservissement et leurs illusoires stratégies de terre brûlée, n’ont pu venir à bout de la volonté de vivre, en résistance d’acier, des enfants de Lalla N’soumer ou de courber l’échine des descendants de Zabana ! « Ceux qui ont conquis la liberté’, l’ont conquise pour tous ! »3
Que nous reste-t-il de cet héritage lourd, très lourd par ses lampes féériques d’Aladin à même d’insuffler la force miraculeuse aux grenouilles de nos étangs pour les métamorphoser en puissants éléphants avec défenses dissuasives !
Que nous reste-t-il de notre patrimoine socioculturel riche, très riche par la diversité d’un terroir dont la trinité Amazigho-arabo-musulmane dépasse de mille lieues une quelconque cérémonie de Nobel à la Stockholm !
Qu’avons-nous sauvegardé du pacte convenu avec nos Chouhada « Mes frères n’oubliez pas les chouhada qui se sont sacrifiés pour le pays ( ) de leurs tombes leurs voix vous interpellent »4 !
Pour mémoire, ne devrions-nous pas polir l’Historique Appel du 1° Novembre 1954 et le rendre à jamais reluisant !? Au fait, à qui fut-il adressé et quels en furent le but et les objectifs !?
1- Il fut adressé ainsi « Appel au Peuple Algérien » : donc de Tizi-Ouzou à Tamanrasset et de Tébessa à Tlemcen
2- Son But se résumait à :
L’indépendance nationale par :
Ø La restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques.
Ø Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions.
3- Ses objectifs furent :
a- Intérieurs :
Ø Assainissement politique par la remise du mouvement national révolutionnaire dans sa véritable voie et par l’anéantissement de tous les vestiges de corruption et de réformisme, cause de notre régression actuelle.
Ø Rassemblement et organisation de toutes les énergies saines du peuple algérien pour la liquidation du système colonial.
b- Extérieurs :
Ø – Internationalisation du problème algérien.
Ø – Réalisation de l’Unité nord-africaine dans le cadre naturel arabo-musulman.
Ø – Dans le cadre de la charte des Nations Unies, affirmation de notre sympathie à l’égard de toutes nations qui appuieraient notre action libératrice.
A l’issue d’un semblable Appel qui fête ses cinquante neuf sabliers et en plein dans le troisième millénaire, sommes-nous encore déboussolés au point d’accuser la constitution, notre propre produit !, de toutes nos anomalies et nos insuffisances !?
Si nous avions la possibilité de communiquer avec tous nos Chouhada (l’aurions-nous un jour !?), principalement avec les Grands inconnus, parmi les noyés dans la Seine de la « liberté-égalité-fraternité », les électrocutés et charcutés dans la villa Sésini, les enterrés vivants sous leurs gourbis, les exécutés inhumainement dans les geôles des collègues de Maurice Papon et tant d’autres CHAHID INCONNU, quelles questions nous poseraient-ils et quelles réponses nous leurs réserverions !?
Comment pourrions-nous fuir les scandales de la honte qui nous tourmente, avec cette corruption qui nous hante, et que dirions-nous, aux porteuses et porteurs de valises qui n’ont jamais osé toucher à un centime, en empruntant, à leurs risques et périls, les frontières de la mort pour alimenter une révolution en ébullition, et à nos mères lesquelles, quoique misérablement démunies, créditèrent la Caisse de Solidarité avec ce qu’elles avaient pu sauvegarder comme bijoux !?
Ô vénéré Chahid inconnu, vous qui, convaincu de la noblesse et la sacralité de la cause, n’aviez point hésité à porter votre linceul pour irriguer cette terre par votre sang béni, vous qui scrutiez un soleil flamboyant illuminant un horizon prometteur pour votre pays, vous qui n’aviez guère peur des horreurs de la guerre car nourrissant l’espoir d’une paix qui rayonnera sur votre terre, vous aviez cru fermement dans le génie de vos frères et sœurs, vous qui voyiez votre Algérie comme une Nedjma éblouissante Soyez rassuré, tant qu’il y aura des plumes qui relayeront votre ultime cri « Tahya El Djazair ! », le Pacte conclut avec vos descendants sera immanquablement honoré de la façon la plus noble et la plus sacrée qui soit, car « La lecture est un pacte de générosité entre l’auteur et le lecteur ; chacun fait confiance à l’autre, chacun compte sur l’autre, exige de l’autre autant qu’il exige de lui-même »5 Amen !
Notes :
1- Coran, S 33, V 23
2- Nietzsche (1844-1900)
3- Edouard Herriot
4- Chant patriotique « Ikhwani la tansou chouahada »
5- Jean Paul Sartre
8 novembre 2013
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