Son nom véhicule déjà ou fait office du vrai symbole d’une probable demande, son prénom ce qu’il y a de plus beau dans la religion. Le puzzle est ainsi astucieusement ou subtilement dénoué.
Le sens donné à son nom et à son prénom se déterminent donc de la sorte.
Il n’est pas seulement ce demandeur invétéré d’une assistance ou de l’aumône. Il est plutôt cet opportuniste à souhait. Au talent déjà prouvé dans ce fastidieux et peu fabuleux registre des sinistres hommes du Savoir.
Il appartient donc à cette génération très pressée qui veut tout faire et tout réussir à la fois. Celle qui a le feu au derrière pour n’user jamais de la marche-arrière ! Son but : prendre une bonne longueur d’avance sur ses nombreux pairs et de la bonne distance sur ses possibles adversaires. Réaliser, en fait, cette nécessaire assurance qui le mettra toujours à l’abri de tous les possibles revers.
En si peu de temps, il aura gravi presque tous les échelons, escaladé toutes les échelles, grimpé rapidement sur le haut du podium, interprété tous les rôles et essayé tous les personnages. Avant même d’atteindre ce bel âge, il aura déjà goûté à toutes ces belles choses de la vie. Un simple destin ! Un privilège ! Une chance !
Exceptées pourtant, celles relevant, bien sûr, de la pertinence de l’abstinence, de la noblesse de la sagesse, de l’importance de l’incalculable assistance aux autres, de la grande utilité relative à la probité intellectuelle, de l’élégance de la très douce et douée enfance, de la grâce de la bonne expérience
Son caractère est ainsi conçu : très pointu et bien obtus. Fait de tentatives répétées et très osées et de coups d’estomac bien dosés, de bien vilaines farces et de très calculées opérations mercantiles et fantaisistes, toutes réalisées à la perfection grâce à une sémantique digne des plus grands scénarii des films d’action d’envergure et de haute facture.
Déjà tout petit, il aura appris à vivre dans la cour des grands noms, mettant de côté toute hypothétique réserve ou une quelconque supposée humilité. Défiant la grande expérience et la très utile compétence, plaçant la barre toujours très haut et bien loin pour revenir le lendemain sur cette même scène animé de ce désir fou de supplanter la performance de la veille et préparer correctement celle du lendemain.
L’homme, encore jeune étudiant, avait le souffle long, la verve sans réserve, la tentation tentaculaire, le rêve tout le temps présent, l’espoir de réussir à tous les coups bien grand, la force de percussion et d’action sans rémission, le désir ardent de prendre des commissions sur toutes ses minables missions, la volonté inébranlable de réaliser à tout prix l’incomparable, l’improbable. Juste l’inimaginable !
Sans jamais être à l’heure de son départ, il se résout à ne rater aucun train, à ne s’épargner aucun chemin, à ne jamais se satisfaire du moindre principe, à ne plus se contenter des menus strapontins, à fouiller tout le temps dans tous les sens et même les dessous de la sous-pente, à prendre tous les risques calculés une fois son adversaire éculé ou acculé dans ses tout derniers retranchements.
Il est de la toute huppée race de cette nouvelle classe qui ne recule devant rien, ne craignant, au passage, personne. Pas même l’humiliation avérée que représente cette barrière infranchissable devant la satisfaction à de farfelues ambitions et mesquines prétentions ! Honte à vous cher monsieur !!!
Il est réglé à l’heure de cette opportunité à lui calculer rapidement le moment de son utilité, le timing de son mise en exécution. Très intéressé à la mesure de calculer la nature de sa faculté, l’incidence de son impact sur sa fortune, son rapport à l’apport de sa réelle contribution à son enrichissement.
On dirait qu’il est né comme un bébé, en mouvement continu. Qu’il aura vécu tout son temps en courant dans un sens ou dans l’autre, happé par le gain à tirer de toutes ses relations et le reliquat à soutirer de tous les nombreux retours sur investissement.
Pour lui, le temps est cet argent à toujours compter sans décanter, sans déchanter, sans décamper, ces lingots d’or à courir derrière eux à la peine, ces opportunités à saisir au vol, cet agent qui a fortement valeur d’argent, ce plus qui le distingue de ses nombreux pairs et redoutables adversaires, ce surplus à au plus vite engranger
Arrivé par ce dernier train de minuit, il veut se ranger parmi les premiers arrivés en tête de file qui traqueront tout à l’heure et à l’usure les guichets de la république aux premières lueurs de l’aurore. L’homme ne désespère jamais de ce qu’il entreprend. Même si cela dépasse parfois de loin ses possibilités, tout entendement, la trajectoire de toute logique prévision, les limites de la correction
Il dit qu’il est né en toute vitesse pour prendre son monde en défaut, lui ravir la vedette et le mener en bateau. Il appartient à cette race de nouveaux managers qui auront su profiter à l’extrême des bancs de nos universités qui ne forment plus que ces chômeurs en col blanc. Ils en sont l’exception. Ils en feront plus tard cette toute nouvelle règle en passe de devenir bien générale!
Ainsi aura été appris et interprété le précieux Savoir dans et à l’extérieur de ces grands amphithéâtres de nos nombreuses universités, lesquelles seront donc dans l’obligation de revoir fondamentalement tout le cursus de leur enseignement, de manière à l’adapter à la donne de cette nouvelle race d’hommes d’affaires.
Il aura compris très tôt que l’habit de la couleur politique si sombre soit-elle !- allait de facto lui servir d’éthique pour donner libre cours à ses incalculables prétentions. Et il est bien dommage qu’il ne soit pas déjà adulte à l’heure où nombreux parmi ses pairs et ses semblables avaient donc jugé bien utile de se rallier à toute vitesse à ce parti politique monté de toutes pièces, et qui prit moins de trois mois plus tard le pouvoir et s’adjugera ses nombreux avoirs !
Sinon, il aura surclassé toutes ses vedettes, supplanté ses nombreux héros, et fait de l’ombre sur beaucoup de monde se plaçant aujourd’hui au devant de la scène politique nationale. Il est le pur produit de cette nouvelle race qui nous lasse, nous tracasse, mais jamais ne nous prélasse. Elle nous terrasse avec son comportement bel et bien étranger à nos ancestrales mœurs. Il est donc le reflet de ce déchet élagué de cette nouvelle vague de personnes qui divaguent. Quelle blague !
L’homme véhicule cette nouvelle image de la grande réussite sociale, pourtant vidée de ses nombreux substituts et innombrables attributs. De sa réelle substance et solide consistance. Sa fortune fait beaucoup de bruit. Il est à l’affut du moindre raffut. Il aura troqué le pouvoir du noble Savoir contre celui arrogant de l’argent. A présent, il en est bien conscient. Manque de pot, il ne peut, en public, l’avouer ! Et tous les soirs, la tête posée sur l’oreiller, il jure de le dire un jour à ses anciens confidents. Mais chaque matin, au lever du soleil, ces derniers le fuient encore !
Il vit très mal ce malheur d’être à la tête de cette fortune dont il ne tire plus le moindre bonheur. Il aurait bien aimé changer de vie. Mais contre l’argent, il ne peut rien. Son drame est qu’il n’a pas vraiment cru en cette indéniable force du Savoir !
Il subit de plein fouet ce contrecoup d’un vrai diplôme qui ne lui a servi à rien du tout. Il pleure son malheur en solitaire et trompe tout son monde par sa fortune dont il ne jouit ou profite que très rarement.
La rumeur lui fait vraiment peur. Car il sait qu’un jour elle pourra le rattraper au premier tournant. Il craint la pauvreté et verse intempestivement dans la malhonnêteté, assurant ses arrières et se gardant toujours de faire marche-arrière, défiant toutes les barrières. Il vit du ’paraitre », de ce look trompeur, ravageur, et craint, un beau jour, de disparaitre, de ne plus être de comparaitre de compromettre…
8 novembre 2013
Slemnia Bendaoud