Tous donc rêvent de ce rêve certain de moments festins qui les remet à la raison bien tard dans la nuit. Sinon juste au petit matin ce souffre-douleurs de ces crétins de chérubins. Et si le foot détient cette providence de faire sortir de l’anonymat ces êtres en guêtres, en quête de leur bien-être, et ces bourgades longtemps embrigadées et bien gardées par des gens haut gradées, il a également ce grand mérite d’envoyer bien souvent tout son monde à la ronde aux plus profonds abysses de leur tragique détresse et incontournable tristesse.
Ainsi, au foot, l’on joue parfois si ce n’est bien souvent au loto, avec le feu, à la roulette russe, au champion à l’extinction des lampions, à la vedette sans en détenir la moindre étiquette, au sacré héros tout en étant bien loin de réaliser à la perfection son tout préféré numéro, et à tout un ensemble de cartes à dévoiler progressivement au fil de la compétition. Il est ainsi devenu, par la force des choses ou à force d’être à dessein instrumentalisé, notre cache-misère, notre seul espoir, notre unique prestige, notre magique raison de vivre, l’espace virtuel le plus fonctionnel, le plus sensationnel, ce passe-temps favori, ce souffle continu de la vie
Chacun y trouve donc son compte, et tout le monde s’y retrouve : les uns à oublier sinon afin de tenter de surpasser les affres moments de leur maudite vie, ces autres pour juste asseoir convenablement les leviers de leur longue hégémonie.
La victoire en compétition internationale réunit son monde autour de ses légendes du foot. Par contre, la défaite défait à elle seule toutes ces combines faites en sourdine dans le dos de ce sport fétiche, très apprécié au passage par de nombreuses potiches.
Il y a donc comme un retour sur terre pour tout ce beau monde, et parfois à la case départ. Une remise en cause ou en question après chaque défaite. En somme, la fin d’un hypothétique rêve qui s’envole de nouveau! Parfois à jamais !
Ils sont donc face à cette amère réalité qui leur fait désormais face ! Ils ne pourront donc plus comme hier échapper à ce face-à-face, devenu désormais incontournable et surtout inévitable !
Ainsi donc, cette défaite délibérée ou mal digérée renvoie tout son monde à refaire ses comptes, à repenser de nouveau sa stratégie, à revenir parfois au réel ! A évacuer autant que de besoin toutes les apories du discours politique foncièrement hypocrite !
De fait, tout le monde refait donc ses cartes. Ses propres pancartes. Il se repositionne et ambitionne de rejouer à fond de nouveau ses chances grâce à une autre stratégie. Grace à une autre manière de jouer son coup avec succès.
Mais pourquoi ce football cache-misère nous mène-t-il si souvent en galère ?
Plusieurs hypothèses sont donc avancées. Parmi les plus nuancées et mieux placées, il existe ces espaces de liberté à jamais ’cadenassés » ou pour longtemps encore de la carte effacés. Ou encore ces revendications anciennes, dans le temps espacées, mais de nouveau relancées.
Il y a aussi cette absence de gouvernance qui érode et taraude les esprits entrepreneurs de ces tout cultivés jeunes-gens, lassés de vivre de l’entregent des recommandations parentales de ce parrainage d’un autre âge !
Le foot qui a cette faculté d’unir son monde autour de son spectacle se trouve être parfois la réelle cause ou à l’origine des facteurs propres à sa désunion. Bien incapable de réaliser cette communion en l’espèce, faute justement d’espace vital commun à tout ce beau monde venu de différents horizons et autres strates de populations bien différentes et très disparates.
Sitôt la partie terminée, chacun rumine dans son coin ce résultat inconvenant, pour ce jeune peuple qui fulmine ou qui, de la scène sportive de lui-même s’élimine et se chagrine, ou qui satisfait et plait à tout son monde à la ronde, et qui incite et invite parfois ces pépites à revendiquer plus de mérite.
En retrouvant de nouveau leurs esprits, ces jeunes gens demandent à recouvrer également leur statut de véritables acteurs au sein de la société, sans être le moindre des cas inquiétés au sujet de cet espoir qu’ils fondent et souhaitent être réalisable à plus ou moins brève échéance.
Ils veulent tous s’échapper rapidement de cette lisière de bande de l’espace sociétal qui les maintient accrochés ou empêtrés dans cette endémique misère, en tout point de vue bien fatale à leur avenir et proche devenir, ne pouvant plus jamais désormais leur convenir.
Ils s’y essaient à cette gymnastique très critique qui les fait passer du rêve à la réalité de leur monde et bien inversement. Ils espèrent tous pour un temps ou pour toujours abandonner leur misère pour s’accrocher pour de bon à cette endémique galère, tels des galions sans le moindre galon, défiant la houleuse et haute mère avec leurs seuls fanions.
Armés de leur unique fanal, celui bien banal avec lequel ils croient fermement quitter ce dangereux tunnel qui chaque jour les enserre, ils souhaitent faire ces grandes randonnées pour à jamais abandonner ce misérable statut de bons à rien ou de vauriens qui leur colle encore et toujours à la peau.
Seulement, devant ces nombreux dividendes à empocher et qui ne profitent toujours qu’à ceux qui instrumentalisent le foot afin de suppléer avec les carences de la politique, ils savent tous qu’ils ne sont que ce dindon de la farce, venu tout simplement pour garnir les tribunes ; tantôt huant ses héros, tantôt applaudissant tout son monde, y compris celui tapi dans l’ombre qui en profitera à satiété.
En quittant le stade, ils reviennent tous à l’évidence ou de loin de leur rêve du jour, juste un moment auparavant fait sur cette estrade, à la manière des hommes de théâtre. Ils baissent donc le rideau et abandonnent la scène, souvent sevrés de ce beau spectacle et très inquiets au sujet de leur sort, resté encore inchangé.
Ils iront, tous adossés au mur de leur quartier, longtemps ruminer leur malheur qui dure dans le temps. Les uns, essoufflés par tant d’efforts fournis pour rien, veulent abandonner tout simplement tout espoir dans cette maudite vie ; les autres, par contre, la refusent et récusent très fortement le comportement de tout leur monde alentour, ne croyant plus à grand-chose.
Plutôt que de maudire les ténèbres de la nuit, mieux vaut y allumer une simple bougie ! On y verra certainement bien mieux, aidé de sa seule lueur.
Plutôt que de longtemps investir dans la gloire de l’illusoire, ne faut-il pas seulement croire en ses propres moyens et travailler ensemble pour l’avenir commun du pays ! On y réalisera sûrement de très belles choses.
8 novembre 2013
Slemnia Bendaoud