Cela s’est passé, il y a quelques mois, m’écrivait Benaouda Bentoual. « La salle exiguë avait peine à contenir ce beau monde, ils étaient là, plusieurs élus de diverses obédiences, issus des dernières municipalités, à attendre que le vote commence. Tous briguaient le poste de sénateur bien que rares sont ceux qui avaient le cursus scolaire pour légiférer ou prendre des mesures fondamentales concernant l’économie ou la politique du pays, de l’avenir du pays. Le secrétaire du parti ouvrit la séance par une harangue : «je vous avertis, dit-il à l’assistance, ne se présente pas au Sénat qui veut, seuls shab chkara (ceux qui avaient l’argent, même sale) peuvent y prétendre et seront proposés. Ceci fut suivi d’un silence de plomb. Ce silence à couper au couteau fut aussitôt rompu. Tout au fond de la salle, un homme emmitouflé dans une djellaba qui paraissait trop grande pour lui, leva le doigt et demanda à prendre la parole et c’est ainsi qu’il commença: «dans le Saint Coran DIEU a dit : DIEU élève ceux qui ont cru et ceux qui ont la science, en grades, il n’a pas dit qu’Il élevait ceux qui ont la chkara, en grades». Sur ce, il salua la salle et sortit dans la rue où un vent glacial et vivifiant lui fouetta le visage. Au fond de lui, cet homme ressentait de la fierté car il savait qu’il avait raison mais de nos jours, dans notre pays, la médiocrité est de mise, la compétence est court-circuitée partout, l’honnêteté n’est plus un critère apprécié. Mais où va l’Algérie si les hommes, pétris d’amour pour leur patrie, ne réagissent pas, l’avenir est vraiment sombre et fait peur. Une économie moribonde si ce n’étaient les hydrocarbures, qui sont d’ailleurs gérés par des firmes étrangères et les scandales de SONATRACH, la mère nourricière de l’Algérie sont là pour nous apprendre que le mal est profond, très profond et qu’aujourd’hui il s’agit de se sacrifier pour que vivent ces futures générations, comme l’ont fait nos aînés, sinon le désastre sera, incommensurablement, grand.»
28 octobre 2013
El-Guellil