Engraissés et rendus méfiant à cause de la théorie du complot, les Bouabdelazizi sont aujourd’hui le gros du peuple, en gros. Bien encadrés, avec un ou deux bons discours, un matraquage de l’ENTV et quelques unes manipulées d’Echourouk, ils seront la grande armée qui votera pour Bouteflika et qui le pousse déjà à penser à son quatrième mandat. On a beau s’agiter dans nos bocaux ou avec nos éclairages en faisceau sur le drame à venir, le régime est persuadé aujourd’hui qu’il peut, qu’il va continuer sous la forme du dernier avatar : Bouteflika. Les deux, lui et sont peuple, sont vieux (malgré les apparences et les pourcentages), sont assis, roulent côte à côte, les deux sont bigots et les deux sont contents de l’immobilité comme signe de l’éternité. Et c’est quand on regarde ou suit l’actualité alimentaire des Bouabdelazizi, que l’on comprend que le 4ème mandat est là, sous une forme ou une autre, comme une conséquence : le peuple qui n’existe pas, y insiste sans le savoir, demande à ce que rien ne change, que tout continue : ANSEJ, RADP et AVC en cycle.
Le Bouabdelazizi le veut. Qui est-il encore une fois ? Une création post 2011, après la révolution en Tunisie : un être obèse, geignard, dopé par l’ANSEJ, oisif, rêveur, véhiculé à cause des agences de location de voiture oisives, soucieux de ses cheveux, frustré, conservateur mais libidineux, violent mais servile à la fois, tordu, incapable mais rusé et manipulable. Le Bouabdelazizi, ne veut pas que Benali prenne l’avion. Il veut un avion pour jouer. S’il s’immole, ce n’est pas par rage, c’est pour qu’on le soigne vite et qu’on lui donne un chèque et un local qu’il va louer. Le quatrième mandat est là. C’est la conséquence du slogan algérien national : « pas dégage, mais partage ! ». Cri des Bouabdelazizi.
13 octobre 2013
Kamel Daoud