L’aspect subjectif et chauvin prend souvent le dessus sur le savoir avéré, l’objectivité, l’intransigeance de l’analyse rigoureuse intellectuelle, quand il arrive d’évoquer un classement de grands joueurs ayant marqué le foot depuis 1962, en Algérie, sur le terrain de la manifestation intensive et élevée, de façon illustre.
N’importe quel hurluberlu ayant droit de cité, de copinage ou fratrie médiatique, va éructer des noms de joueurs, souvent pour des motifs de mimétisme , faute de mieux.
L’arrêt sur image de l’excellence n’est pas chose facile à saisir quand on en a pas de la fibre en rapport, ni la connaissance du sujet. Or malheureusement dans le piètre commentaire du plumitif bouche-trou d’aujourd’hui, se mêlent fréquemment l’ignorance, la mauvaise foi, la fanfaronnade, la quête de reconnaissance aux relents partisans et sectaires obtus.
Or le foot reste un sujet de société particulièrement complexe, passionnant et instructif à partager ,seulement lorsqu’on sait de quoi l’on cause.
Il s’imposerait peut-être, sur ce classement de meilleurs joueurs des décades passées et perdues, de consulter par exemple les témoins attentifs des prestations concernées, sur l’étendue de la période étudiée, des témoins directs ayant observé les rencontres dominantes avec sagacité et discernement du puriste. Ou bien encore, échanger avec des pratiquants entraineurs ou dirigeants, vraiment alors au fait du foot dans sa finalité ludique et hautement compétitive, pour oser jugement et classement rigoureux des grands acteurs d’une grande époque.
Trois joueurs se distinguent de par cette démarche : Bentifour, Lalmas, Draoui , pour leur rôle dominant de chefs d’orchestres initiateurs de mouvements collectifs , décisifs d’improvisation , faisant preuve supplémentaire de maîtrise technique individuelle exceptionnelle.
Puisqu’il s’agit d’informer autrui, en toute responsabilité, en toute vérité, le faire scrupuleusement, faut trancher dans le vif ! Et rappeler que ces meilleurs d’entre les meilleurs, donnaient le ton et clôturaient en feu d’artifice le spectacle du merveilleux football algérien d’époque.
Bentifour a opéré un retour aux sources comme une renaissance d’une lointaine plénitude. Les deux autres n’ont jamais cru devoir trouver à l’étranger , non pas la richesse de par l’argent mais, le bonheur incommensurable procuré par le déroulement populaire des confrontations nationales au jeu du foot. C’est ce qui les a transcendés. Et sur le registre, narrer comment ils pratiquaient l’art du foot est à l’évidence impossible : fallait les regarder alors faire le jeu, dans leur registre de passion ludique effrénée, de vision clairvoyante et d’intelligence si élevée, pour y croire.
Tout ceci pour dire aussi que Bentifour, Lalmas, Draoui resteront incomparables, demeurerons irremplaçables.
Et plus rien d’autre ensuite et désormais, sauf à se bercer de consolations mensongères, en vociférant des fadaises pour impressionner l’auditoire. N’importe quoi, pourvu de rameuter les siens.
Car faut comprendre que Bentifour, Lalmas, Draoui avaient été alors les produits d’une société singulière hélas anéantie culturellement, comme d’une pratique sportive d’éducation puritaine précoce hélas proscrite, humaine en l’absolu hélas ignorée.
Emérite le talent révélé alors , dans un écrin protégé, interdit aux maraudeurs, aventuriers et malfaiteurs abusant désormais effrontément des opportunismes du sport événementiel , politicard, pour se tailler un costard d’apparat, par-dessus les guenilles qui leur colleront à la peau indéfiniment .
Farid Talbi
( à mon ami Smain et à Si Mohamed B. )
24 septembre 2013
Farid Talbi