L’école devrait tout d’abord être l’école de la formation qui serait en mesure d’avancer à l’enfant des vérités de types généraux – autrement dit, elle ne devrait point pencher pour les uns ou les autres. Je me fais comprendre : elle devrait être d’une logique implacable et surtout qu’elle apprenne à l’enfant à réfléchir en tant qu’humain, avant tout. N’a-t-on pas entendu dire par J.J.Rousseau : » Ma grande folie est de vouloir ne consulter que la raison et ne dire que la vérité » Donc, l’école devrait justement s’approcher de cette vérité et ne présenter que les vérités, peut-être, toutes crues, mais ce sont des vérités qui peuvent permettre à l’enfant d’être l’homme de demain. Une telle école devrait s’appuyer d’abord, sur une société juste où chacun aura sa place. La société est peut être un concept assez complexe où les gens ne devraient pas être seulement un attroupement de personnes, mais des personnes au sens propre du terme, c’est-à-dire des personnes qui peuvent réfléchir au genre humain. Ce qui nous ramène à nous poser comme question qu’est-ce qu’une société ? Je ne pense pas vouloir donner une définition sociologique puisque je n’en suis pas capable. Donc, je vais tenter de faire comme Malek Bennabi : » regarder à ses pieds, vers la terre, ou lever les yeux vers le ciel » La première manière c’est de combler le cosmos par des choses qui nous environnent, mais la seconde » peuplera (notre) solitude d’idées « , à la recherche de vérité. Pour Notre illustre Malek Bennabi, il n’y a que deux voies culturelles : la première est celle des racines techniques et la seconde est celle de l’éthique et de la métaphysique.
L’algérien voué à cette seconde forme de culture, il ne se préoccupe pas des choses terrestres, mais des choses célestes . On a toujours parlé de sauver l’homme dans l’au-delà, mais nous n’avons jamais conseillé à l’homme sur cette terre, ce qu’il devrait faire pour mieux vivre. Rappelons que lors d’un congrès de sociologie de Varna, le professeur Sicard avait émis que le « temps industriel continu ne (laisse) jamais la personne isolée à elle-même » Mais au regard du « temps discontinu » de notre pays, ceci apparait pour notre illustre professeur, comme des formes vides qui happent » les instants de vie » de l’homme algérien. Une telle société devrait d’abord savoir lier l’utile à l’agréable : je m’entends : il s’agit pour elle de s’occuper des problèmes de sa subsistance, tout en recherchant la voie royale qui la mènera vers l’adoration du créateur. N’a-t-on pas dit que le grand créateur a dit qu’il pardonnait les fautes commises inconsciemment concernant son diocèse mais quant aux fautes entre humains, chacun de nous devrait payer pour obtenir le pardon. Il est donc nécessaire que notre école se penche d’abord sur un programme qui chercherait à placer l’homme de demain dans le cosmos pour pouvoir répondre aux vœux de ces deux conduites. Comme il me semble que l’école devrait d’abord apprendre à l’enfant la juste mesure et lui donner la possibilité d’effectuer son choix : si la première voie est celle d’être sauvé le jour de la résurrection, il ne faut pas non plus oublier qu’il fait partie d’un groupe social qui voudrait d’abord vivre. Donc, l’homme devrait savoir lier l’utile à l’agréable, à défaut d’un autre raisonnement. La voie religieuse devrait donc être de nouveau pensée pour permettre à l’enfant algérien d’être confortablement assis : exerçant sa religion et pouvoir accéder à une vie moderne qui puisse l’amener dans le giron des pays techniquement développés et vivant dans la sphère que les autres.
Puisque l’algérien est « en rapport avec les hommes pour travailler à l’amélioration de leur sort » , il devrait d’abord être en mesure de les comprendre et pouvoir tisser entre lui et eux un lien solide de bon voisinage. Puisque, les écoles de part les sociétés non musulmanes développent une formation laïque, peut -on permettre à notre enfant scolarisé de suivre la même voie ? Ou devrait -on lui laisser une part d’espace où il devrait au moins organiser une pensée réflexive, lui permettant ainsi d’être en rapport avec cet humanisme libre.
En somme, il serait peut-être, bon de lui apprendre une réflexion en adéquation avec sa vie moderne afin de ne point être lésé quand il est avec les personnes de différents horizons. En un mot, il faut peut-être le former afin qu’il réponde au différent besoin qui suscite son intérêt. En effet, comme le signale le professeur Abdelkader Khelil, tous les systèmes de notre planète n’apportent pas les mêmes réponses puisqu’ils sont fondés sur la base de la formation et la morale de leur société. Comme notre système ne fait partie certes du top 10, ni top 100, il devrait plus ou moins permettre aux jeunes d’aujourd’hui d’être comme on dit « dans leur assiette « , pour pouvoir entretenir une relation durable avec les gens des autres systèmes. Apprendre à l’enfant à raisonner correctement et d’une manière répondant à sa situation et ses besoins pour vivre en adéquation avec les gens qui l’entourent, c’est ça ce qui importe. Faisons de lui un associé dans cette vie et apprenons- lui à contribuer à la fondation de cette société. En un mot, apprenons – lui à vivre en communauté : pour cela, il serait certes bon de préparer un programme allant dans cette direction, c’est-à-dire le préparer aux grands changements de ce monde, pour qu’il ne soit pas isolé et veule.
Enfin la société algérienne devrait d’abord chercher une voie qui serait celle de l’évolution. Actuellement, je réfléchis à l’idée lancée par le professeur Mustapha Cherif tout en pensant qu’elle pourrait servir de guide ou même de programme et que j’énonce comme suit : » Le Maghreb semble être dans l’attente d’un ou plusieurs mouvements d’idées de juste milieu où l’islam serait une religion de progrès et non d’immobilisme . » Ainsi la confrontation des idées avec les autres d’une manière sereine aiderait le pays à se tracer une voie capable de le libérer de l’immobilisme dans lequel il se trouve, sinon il restera dans la pénombre et sera voué à l’immobilisme, si ce n’est qu’il faut aller vers un gouffre sans fond. Il ne s’agit pour notre école d’être l’école de l’oncle Sam, l’école du Cousin El saoud, ., mais elle doit pouvoir former des êtres libres travaillant à la fierté d’être des hommes de demain capables de comprendre les diverses sociétés du monde. Comme elle devrait travailler davantage à la créativité de l’enfant. En effet, quelqu’un qui ne crée pas est dépendant des autres et si par hasard il se trouve démuni, que ferait-il ? Il me semble qu’il ne lui reste plus que d’être au crochet de quelqu’un. Nous savons que lorsque nous sommes dans une telle situation, il ne nous reste plus que la mendicité qui est un calvaire pour l’homme sain d’esprit. Il ne faudrait pas accepter de pareille chose à sa société ni au genre humain. La seule manière de se hisser à la dimension de l’homme c’est d’être son égal ne serait -ce que par le travail rentable. Il faut être au-dessus de la mêlée que d’être au bas de cette mêlée. L’école de demain ne peut réellement être à l’avant -garde de la société que si les enseignants sont formés pour. Salah Chouaki, éducateur assassiné n’a cessé d’avertir qu’il ne faut pas passer à côté l’essentiel puisqu’il disait qu’il ne pouvait avoir » de projet d’école sans projet de société » Cet éducateur avait raison de souhaiter d’abord qu’il y ait un consensus sur le projet de société pour ensuite créer un projet d’école. Tant que nous refusons d’établir un projet de société et tant que notre projet d’école demeurera flou, on ne peut former nos jeunes capables de comprendre les autres de ce monde.
Le projet de société devrait être déterminé d’une manière positive, en dehors de toute ambition religieuse ou démocratique, mais devrait pouvoir permettre aux membres de la société de se comprendre et de comprendre les autres membres des sociétés qu’ils côtoient et avec lesquelles ils vivent. En somme, il faudrait que l’être algérien sache se conduire en humain avec les autres membres des autres sociétés. C’est ainsi que l’on aspire à combler le genre humain par l’entente et le bon voisinage. Il faudrait que la société soit composée de personnes qui se comprennent et attachent une importance à leur relation, plutôt que d’être un regroupement d’individus qui ne visent que leur intérêt personnel. Le projet de société devrait rentrer dans ce cadre hautement humaniste et social pour assurer la cohérence entre les groupes sociaux. En général, la différence entre les différents groupes constituant la société, pourrait être un moyen de lutte sociale.
Pour ce principe dont la valeur est hautement appréciée par le genre humain, nous devons former nos enseignants dans le cadre de la compréhension de l’autre. Les enseignants et la formation : Nous devons aller ailleurs, sous d’autres cieux pour voir plus clair et surtout pour voir comment sont formés les enseignants et comment ils dispensent leur enseignement pour mieux comprendre le fonctionnement du système. La formation à long terme est la seule possibilité d’entretenir les agents de l’éducation. Il faudrait d’abord former des enseignants non seulement dans le cadre de la connaissance de l’enfant, c’est-à-dire, sur le plan de la psychologie, mais les former aussi sur le plan de la linguistique et de la recherche pour pouvoir avancer dans l’évolution du monde.
a.- la psychologie : l’enseignant qui ne connait pas l’évolution psychologique de l’enfant ne peut rationner sa formation et ne peut certainement lui donner ce dont il a besoin. Il est entendu que l’évolution de l’enfance varie souvent avec le milieu et le changement social de la société. Il faudrait que tout enseignant soit en mesure de repérer les éventuelles situations de l’avancement de l’humanité pour s’y conformer. Il ne s’agit pas pour lui de veiller à ce que nous avons appris de longue date et tenter de les restituer sous forme d’apprentissage, mais il faudrait partir du monde de l’enfant actuel : de ses connaissances du monde moderne, de ses jeux, de sa manière de s’exprimer, de sa réflexion, des moyens utilisés pour se connaitre etc. Cette formation psychologique assure à l’enseignant une véritable connaissance de l’enfant et avec ceci, ce dernier pourra accompagner l’enfant dans son évolution. Il pourra donc, le rendre malléable pour l’acculer vers l’objectif attendu par la société. La connaissance psychologique aide l’enseignant à l’accompagnement de l’enfant dans sa démarche dans l’apprentissage de tous les jours. Effectivement, actuellement, les apprentissages sont parfois rejetés par l’enfant ou du moins, il ne les accepte que par peur des parents et des sanctions. Il serait certainement meilleur que de les faire accepter par l’enfant sous la forme de jeux, sous forme d’éléments acceptés par lui comme quelque chose qui lui appartient ou il peut s’identifier à elle. Car la peur du bâton, n’a jamais solutionné les problèmes. Cette peur n’a fait que retarder l’échéance de la révolte. En un mot, l’apprentissage devrait se faire comme sous forme de caresses acceptées par l’enfant. Donc, les menaces ne serviront à rien, mais au contraire, elles pousseront seulement l’enfant à retarder son bouillonnement, sa colère, ou sa révolte. Cet esprit de contrainte marque l’enfant à vie et finira un jour par se révolter, même à l’âge adulte. J.J.Rousseau disait qu’ » il sentira que le genre humain d’un âge n’étant pas le genre humain d’un autre âge » L’enseignant devrait donc comprendre la jeunesse d’aujourd’hui et changer de méthode de travail.
La méthode de jadis basée sur le bâton et la peur est arrivée à terme et ne peut plus fournir des résultats dont se glosaient nos parents. La meilleure didactique : la meilleure didactique est celle qui apporte une certaine compréhension entre l’enseignant et l’enseigné. L’enfant et pourquoi pas l’adulte doit être mis dans les conditions de partenariat. C’est-à-dire, rechercher le consentement de l’enfant pour faire un partenaire privilégié. C’est à ce prix que l’enseignant et l’enseigné partagent cette activité avec joie et plaisir. L’enfant saura que son intérêt est protégé, il se pliera à la volonté de son maître. N’a-t-on pas entendu que les jeunes ne partageant pas l’avis de l’enseignant, passent directement par l’affabulation et le surnomment souvent d’un nom comique et risible. Souvent aussi, le contraire existe, mais cette fois il est appelé d’un nom donnant une véritable valeur à l’enseignant. En un mot, la meilleure didactique amènerait les deux partenaires à s’entendre et travailler dans un climat de joie et de complétude. Rappelons seulement, quand il y a compréhension partagée, l’enfant se souviendra souvent des moments de joie et les prend à titre d’exemple dans toutes ses discussions entre adultes. Pour mieux cerner cette activité, demandez à des adultes s’ils se souviennent des noms de leurs anciens enseignants. Ils se presseront de vous donner les meilleurs avec lesquels ils ont sympathisé, mais les autres, c’est -à-dire, ceux avec qui ils ont eu un haut le cœur, ils les décrivent d’une manière abjecte, ironique ; ils n’osent même pas les nommer ou tout simplement ils donneront les noms comiques dont ils se rappellent. La nouvelle méthode appelée souvent » communicative » vient de se faire déborder par une nouvelle méthode appelée » Actionnelle » où la réaction des enfants est mise à contribution. En effet, elle pousse l’enfant à la participation dans le dialogue. Rappelons que le CECR en page 15 donne l’explication suivante : » La perspective privilégiée ici est, très généralement aussi, de type actionnel en ce qu’elle considère avant tout l’usager et l’apprenant d’une langue comme acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des circonstances et un environnement donné, à l’intérieur d’un domaine d’action particulier. Si les actes de paroles se réalisent dans des activités langagières, celles-ci s’inscrivent elles-mêmes à l’intérieur d’actions en contexte social qui seules leur donnent leur pleine signification. » En conclusion nous dirons qu’à chaque société, il est nécessaire de penser une nouvelle école qui prendrait en charge les atouts de cette dernière et doit former des gens qui s’acceptent, d’abord entre eux, et ensuite accepter l’autre comme homme vivant avec lui sur cette planète. Il donc nécessaire de lui apprendre à communiquer avec l’autre, en utilisant médias et autres. En un mot la communication devrait être le maître mot de notre enseignement pour permettre à notre société de vivre en paix.
19 septembre 2013
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