Là où on peut l’admirer du haut de la pyramide, là où la caméra officielle se goinfre d’images supposées édéniques, là où la sécurité règne grâce à des barrages policiers et militaires harnachés pour contenir une populace qui perd de plus en plus de son utilité, de ses repères. Avril 2004, c’est demain. Maintenant que l’expérience est acquise, pas de dispersion. Il faut protéger les » immortels » en vernissant la vitrine du bazar. Et la masse orpheline qui se » cannibalise » à la moindre friction suit les rails sous une fournaise solaire de plus en plus névrosée. C’est le très officiel directeur général de l’Agence des changements climatiques qui nous explique grosso-modo que le » soleil » algérien est devenu maboul. Le zélé fonctionnaire tire la sonnette d’alarme en affirmant qu’en une seule décennie l’augmentation des gaz a effet de serre qui implique l’augmentation de la hausse de température qu’à connue l’Algérie est l’une des plus importantes dans le monde (2). Faut dire que l’ambiance a été bien formatée pour l’amnésie. Comment parler d’effet de serre quand nos zones industrielles se sont muées depuis belle lurette en no man’s land pour ne pas dire en décharge à ciel ouvert ? Comment parler d’effet de serre quand on est de plus en plus le papa Noël des grands constructeurs de voitures anti propres ? Comment parler d’effet de serre quand Alger est plus proche de Paris que de ses puits de pétrole ? Apparemment, approfondir n’est pas bon signe d’équilibre ; s’abrutir, oui. Heureusement, il y a le petit écran. Sa magie est plus efficace que celle des mausolées has been de nos saints. Il suffit de suivre un seul épisode du célèbre feuilleton » harim el soultane » (le harem du sultan) pour s’en convaincre. Et l’Etat providence paie l’imam de la mosquée, paie les chaînes officielles clonées piratage compris, et sans doute les nouvelles chaînes SNPV (sans nom ni prénom ni vision). C’est Assia Djebbar, une immortelle d’un autre genre, qui s’est interrogée sur les youyous de nos femmes, ce hurlement de bête qui se veut l’expression de notre joie. Apparemment nous nageons dans la joie, » intic » et top. Rendons grâce à Dieu, on a toujours notre 1,5 million de martyrs autant de moudjahidines au pedigree indéfinissable et de la bouffe à éradiquer la famine africaine d’hier où 10000 enfants mourraient chaque jour. De la bouffe à transformer nos femmes quel que soit leur âge en réservoir de graisse. On a des devises à faire disparaître nos chaussées lépreuses sous des cylindrées de plus en plus grosses de plus en plus neuves. Il ne manque que le cigare de la Havane pour compléter le tableau idyllique du parrain. Même si Cuba revient à la mode, notre tabac s’est arabisé comme nos vêtements.
Une ambiance des Mille et une Nuits frui-tée et aromatisée. Mais la science certifie que le taux de monoxyde de carbone inhalé dans le narguilé est 7 fois supérieur à celui d’une cigarette sans parler de la transmission des microbes. Qu’importe, le suicide avec la chicha c’est plus doux qu’avec le feu Quant aux petits, pas de pénurie concernant la blouse bleue et rose. Reine, elle trône sans partage, enfin l’école algérienne a réussi une réforme : différencier le masculin du féminin. On ne sait jamais, il faut prévoir la myopie des enseignants et contrer l’avarice des parents.
Pour économiser, certains malins allaient jusqu’à puiser dans la friperie ou transformer carrément une robe une gandoura rétrécir une vieille blouse pour leurrer l’honorable institution. Mais ce nouveau look de l’écolier algérien a bien l’air d’un uniforme officiel : même modéliste même tissu en un mot même fabrique. C’est vrai qu’il suffit de voir le prix de ce morceau de tissu synthétique pour conclure qu’imposer une couleur au tablier est une affaire bien rentable. En Angleterre dans certaines institutions, on impose l’uniforme mais ce drôle de bled n’a pas de constitution ni de programme officiel, ses diplômes sont reconnus ses diplômés ne partent pas c’est lui qui capte ceux des autres et enfin on doit au royaume de sa gracieuse majesté les inventions les plus importantes de l’ère industrielle. Les petits Finlandais qui sont premiers de la classe ne portent pas de blouse. Inoculer un microbe à un corps sain ou à un corps malade ce n’est pas la même chose dira La Palisse : pour le premier c’est un vaccin ; pour le second un poison. L’État aurait été plus inspiré s’il avait pensé à la couleur du sachet en plastique au lieu de celle de la blouse de nos bambins. On nous a longtemps assommés sur le risque cancérigène du sachet noir, il est pourtant toujours là pour emballer notre bouffe. En Europe, on impose la couleur aux poubelles pour trier les ordures afin de les recycler On peut penser que demain, un autre ministre pourvu d’une fibre plus nationaliste que sexiste remplacerait le bleu par le vert et dans la foulée le rose par le rouge sans oublier d’intégrer le blanc qui y est déjà. Mais est-ce là un problème, la couleur d’une blouse ? Non certes, mais parler des futilités quand on n’a rien à ajouter soulage et qui sait une goutte ajoutée à une autre goutte contribue toujours à augmenter le niveau de l’eau du verre à moitié vide. Emmanuel Todd dans son livre, Après l’Empire, écrit qu’il avait prévu la chute de l’URSS dès 1976 en constatant simplement une légère hausse de la mortalité enfantine entre 1970 et 1974. On peut en rire, mais le bonhomme est historien et démographe de formation. Il est aussi facile de le piéger qu’un brillant avocat américain doublé d’un médecin légiste dans une affaire de meurtre. Todd explique : » Le taux de mortalité infantile est en fait un indicateur crucial parce qu’il révèle la situation réelle des individus les plus fragiles dans une société » Pourquoi aller loin c’est bien un pauvre petit Bouazizi qui a fait chuter l’ogre Ben Ali. Que pesait ce vendeur ambulant de légumes sans papiers face à l’éminent toubib Merzouki, personnalité encensée protégée au niveau international, auteur prolifique pour la bonne cause, n’hésitant pas à s’égosiller sur les plateaux de la sulfureuse Al Jazzera pour réveiller ses concitoyens. En vain, il l’avoue lui-même dans » Dictateurs en Sursis « . Todd pointe du doigt dès les années 90 la mortalité infantile en augmentation en Amérique surtout chez les Noirs révélant un recul et l’échec d’une intégration. Il est loin le temps de la superpuissance de 1945 où le produit national brut américain représentait plus de 50 % du produit national brut de toutes les nations. Et on l’a vu avec la crise de 2008 c’est les classes les plus défavorisées qui ont pressé sur la sonnette d’alarme. Il paraît que la spéculation est toujours là, plus discrète plus camouflée, mais les médias veillent à ne pas démoraliser leurs ouailles. Par contre, c’est avec joie qu’ils nous annoncent que les subprimes c’est fini, maintenant la confiance va aux riches surtout les riches étrangers qui paient cash. On comprend pourquoi plus nos scandales sont grands plus ils trépassent à la naissance. L’argent perd toute odeur quand des zéros s’alignent à l’infini aux unités. Règle biologique : » Tuer un homme vous êtes un criminel, tuer des milliers vous êtes un héros. » Hier c’était le paria affamé qui volait un œuf, le paria à moitie rassasié qui rêvait de voler un bœuf.
Aujourd’hui c’est le caïd boulimique qui vole une usine une banque détourne la caisse et empoche les pots-de-vin du projet, l’argent du projet, honneur et baisemain pour avoir pensé au projet avant d’émigrer sans visa sur le tapis volant du génie des puits. Quelle guigne pour la plèbe, elle n’est même pas dans la liste des passagers pour les Lieux Saints, comment espérer un billet pour le Paradis avec des os sales ? Qu’importe, notre baraka viendra du Raïs qu’on disait à l’agonie. Cinq doigts dans l’œil des jaloux. Les uns veulent l’enterrer illico, les autres veulent qu’il les enterre tel un Highlander. Justement l’immortalité est déjà le souci des chercheurs. Certains scientifiques vont plus loin, ils disent que si l’homme n’avait pas perdu sa matière grise et son argent dans la fabrique des armes, on aurait déjà eu la source de jouvence.
Le biologiste Rostand affirme qu’on ne sait pas si l’homme est une chaise (réparable à l’infini) ou une fleur (irréparable). On répare toujours avec de l’argent et question argent, la médecine moderne est déjà dans l’Olympe des dieux, le social s’épuise partout. Tranquille le système qui fait ses mutations en catimini sur sa propre orbite et de temps en temps, puisant dans les crises les fiestas de son harem, FLN-RND -MSP, le scénario de ses pièces de théâtre. Or qui est le système algérien ? Bien malin qui saurait le dire, est-ce ces vieillards liftés saupoudrés l’air de loup en manque, hargneux, mal réveillés ou carrément en transe quand on les tire de leur obscure hibernation pour honorer des cérémonies » révolutionnaires » ou religieuses. Est-ce leurs dauphins sortis du même moule plus rompus au verbe et au nombre mais maladroits balbutiants éblouis comme tenus par le fils d’un marionnettiste ivrogne ? En tous les cas, la communauté internationale dans son ensemble parrainée par le grand gendarme les USA et le petit gendarme, la France, doivent bien le connaître puisqu’ils ne s’adressent à lui qu’avec moult éloges malgré les mauvais classements internationaux malgré Aqmi les frérots les harraga la repentance etc. Mais on suppose que génétiquement seul un trou noir peut protéger un autre trou noir. Obama comme Hollande au lieu de s’occuper du chômage de leurs concitoyens de la pauvreté rampante de la régulation des flux financiers de la paix dans le monde de la pollution qui menace toute la planète, ils attisent les feux sèment les folies se mettant ridiculement en scène tels des clowns sans talent sans texte. Déprimants assommants, s’ils n’étaient les maîtres capables de nous éliminer en un clin d’œil. Enfin, les experts osent dire, mais diplomatiquement qu’ils sont de petite envergure, mais moins dangereux que Bush II. On reproche à ce dernier d’avoir détruit l’Irak, mais est-on sûr que sans lui, l’Irak n’aurait pas été détruit. Déjà dans le film arabo-arabe traitant de la vie de Saddam, il paraissait plus cinglé qu’un Kadhafi.
Certains experts comme Todd vont plus loin, ils jugent même les circonstances de l’envahissement du Koweït obscures et se demandent si la CIA n’a pas manipulé le tyran comme elle l’avait fait lors de l’attaque de l’Iran. Quand on voit les attentats quotidiens, on se dit que l’Irak au mieux aurait fini comme la Libye. Est-ce que l’Algérie a été attaquée par une puissance étrangère dans les années 90 pour sombrer dans le terrorisme de masse ? Ce qui est certain c’est que si les États-Unis étaient aussi puissants aussi compétents ils auraient attaqué sans intermédiaire l’Iran, la Corée du Nord et Cuba qui continue à vivre en retard d’un siècle sur le reste du monde.
Mais grande est leur nuisance quand on pense qu’ils sont les puissants mercenaires de nos politicards qui sont en train de nous emmener fatalement vers d’autres décennies noires. Tout est gangrené même la ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, la très respectable LADDH n’a pas échappé à la corruption aux détournements de fonds etc. (3).
À la fin du 18e siècle, le grand économiste anglais Smith en observant le fonctionnement de l’industrie du textile de son pays a conclu: » Un homme s’enrichit en employant une multitude d’ouvriers ; il devient pauvre en entretenant une multitude de petits serviteurs. » C’est ainsi que Rome s’était effondrée sous le poids de ses nombreux riches et ses nombreux esclaves. Vraiment la prise de Carthage n’a pas porté chance à l’empire des Césars. Il y a un point de non-retour pour ne pas dire une justice naturelle mécanique. Todd affirme que les investisseurs européens japonais et autres seront plumés par l’Amérique tôt ou tard, c’est-à-dire que nous ne sommes qu’au début de la crise, de l’instabilité planétaire. En 2002, l’Amérique avait besoin de 1 milliard de dollars de rentrées financières pour couvrir son déficit commercial. Nous les Algériens plumés par nos dirigeants, notre rente entre les mains du premier » plumeur » attitré, l’avenir de nos rejetons est bien parti pour être compromis si avenir il y a. C’est le poids de ces bébés qu’on enterre chaque jour en Algérie faute de soins les plus élémentaires ajouté à celui des enfants des adultes des vieux qui auront un jour raison de ce régime vicieux visqueux déréglé dans son propre sein par ses dresseurs et ses redresseurs. Avril 2014, c’est demain et l’abstention sera notre vrai prochain président. Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Voir juste quelque chose n’importe quoi pourvu que cela arrive. » De tous les mots tristes, dits ou écrits. Les plus tristes sont ceux -là : » ça aurait pu arriver. « » (4) Et par définition, ça n’arrive que dans les contes comme celui de Barbe-bleue : une fin heureuse. Le proverbe dit que le meilleur des mépris c’est l’indifférence et c’est cette indifférence qui tue à petit feu les Algériens. L’indifférence d’un système plutôt d’un amas glauque hostile à l’Algérie aux Algériens et rêvant de les rayer de la carte. Même les ministres iraniens se sont mis sur Facebook pour papoter avec leurs administrés. À Dubaï, les autorités vont plus loin, ils veulent récompenser les gens qui arrivent à perdre du poids. Quelle mauvaise nouvelle pour le commerce alimentaire, mais si rassurant pour les heureux bénéficiaires qui pourront se vanter d’avoir des dirigeants qui pensent un peu à leur bien -être comme en Europe. En Tunisie, le président Merzouki a fait don des ¾ de son salaire aux pauvres. Ne parlons pas comment le royaume marocain traitent royalement ses émigrés en comparaison au calvaire que subissent les nôtres. Des » harkis » que seule la fibre familiale ramène au bercail le temps d’une embrassade chèrement payée par le racket d’Air Algérie Fatalement on est jaloux, quand on entend des Égyptiens ,des Tunisiens en adultes parler de démocratie, de peuple souverain, de liberté d’expression, du choix des urnes, de l’indépendance de la justice pendant que nous, les Algériens, on se plaint du chômage, des salaires bas, du manque de logement. Curieusement c’est comme s’ils possédaient déjà ce que nous réclamons et vice-versa. C’est vrai rien n’est joué pour eux, mais au moins leur histoire peut s’écrire. Par contre, nous, question histoire on est dans le passé sans avoir dépassé la préface. Tels des enfants aux dents pourries par la malbouffe dont le père gave de bonbons périmés afin de s’en débarrasser pour accaparer ce qui reste de l’héritage en toute tranquillité.
19 septembre 2013
Mimi Massiva