Sauf que le palmier est aussi à Alger, Oran ou ailleurs. Il n’est pas un caprice Déco/wali/Mao seulement. Il est l’arbre baathiste par excellence malgré sa nationalité algérienne de souche. On le multiplie dans le cadre de l’authenticité culturelle et de «notre appartenance arabe». Le palmier est l’arbre fétiche de l’idéologie identitaire du pouvoir. Il est l’avatar des enseignants égyptiens importés en masse durant les années 70. L’arbre des «arabes que nous sommes» obligatoirement. Le lien de parenté forcée. Il est là pour rappeler le désert. Pas celui de nos Touaregs mais celui d’Errissala et de l’image panarabe que l’on nous impose de nous-mêmes. On va donc le planter là où il n’a pas sa place, ni ses habitudes même s’il casse le décor et la botanique et même si on l’importe d’Indonésie, en répétant dans la presse qu’on l’a importé de Ouargla. Ceci parce que les autres arbres rappellent la colonisation, les colons, la France, l’assèchement des marais et l’exploitation ou les Kabyles ou les Chaouias ou les cyprès. «Arabe, Arabe, Arabe», a crié Ben Bella. «Palmiers, palmiers, palmiers», lui font écho certains. Le palmier étant d’abord un arbre généalogique pour certains, et pas seulement un arbre, autant en planter partout. Il faut voir ce que cela donne comme mauvais goût à Mostaganem pour comprendre ce que cela a donné comme maladie et honte de soi dans notre histoire. Même en parlant des arbres, on ne peut pas éviter le politique car le régime a aussi sa politique pour nos botaniques. Idées et idéologies hideuses qui barbouillent même nos bords de routes et espaces verts et transforment les feuillages en banderoles et propagandes.
Le culte du palmier et la «botanique idéologique» par Kamel Daoud
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19 septembre 2013
Kamel Daoud