Il pleut des factures, des fractures dans les budgets. Dès que l’une est «plâtrée » qu’une autre s’annonce. Ce qu’il y a d’extraordinaire c’est que la même population, elli techki techri. Saignée après saignée, mais partout c’est la ruée. Une nuée de clients envahit tous les points de vente de tout et de n’importe quoi.
La veille de Aïd esseghir avait coïncidé avec la rentrée scolaire et on se disait que ça allait craindre pour les ménages. Que nenni! Ramdane, la demande était aussi grande, sinon plus forte, que l’offre. Les prix grimpent et les clients grimpaient les uns sur les autres. Depuis les viandes, le poisson et les sucreries: la razzia. Tout ce qui rentre fait gros ventre et le lendemain c’était pareil. «Koulchi ghali » mais tout passe.
Goulna, ils vont avoir des problèmes pour habiller les gosses Kif kif. Toutes les vitrines ont été léchées et désossées. Les affaires scolaires? Bon disons que c’est des achats bessif. El guirra autour des papeteries, les prix pétaient partout. C’est l’odeur du mouton qui pointe son nez. «Cette année Aïd el kébir, ça va être chaud, les prix vont donner froid au dos ». Mais déjà, tous les immeubles sont devenus des zribas, des bergeries.
Pour le bonheur des enfants, on est prêt à tous les sacrifices. Comment font-ils ? Comment se débrouillent-ils? Système D. Lundi, ils vont acheter le mouton. Mardi, ils vont égorger le mouton. Mercredi, ils vont manger du mouton. Jeudi, ils vont faire le pont pour digérer le mouton. Vendredi, ils vont prier Dieu de les aider à payer la dette du mouton. Samedi, c’est férié. Cela fera six jours de « fait-rien » dans un pays où tous dépensent et nul ne se dépense.
14 septembre 2013
El-Guellil