A la question » Qui êtes-vous ? « , les femmes d’aujourd’hui répondent successivement : » Je suis une femme « , » Je me construis comme femme » et » Je le fais d’abord par la sexualité « . Les femmes, comme le révèle l’enquête de terrain sur laquelle repose ici l’analyse, nourrie par ailleurs des débats les plus actuels, vivent dans un univers cohérent de représentations et de pratiques, qui apparaît profondément différent de celui des hommes parce qu’il est orienté vers la création de soi et la recomposition de la société, alors que les hommes avaient conquis le monde en concentrant les ressources dans les mains de certains d’entre eux et en réduisant les travailleurs, les colonisés, les femmes et les enfants à des figures de l’infériorité. Parce qu’elles n’avaient été définies que comme l’autre de l’homme, selon le mot de Simone de Beauvoir, elles cherchent maintenant à dépasser, pour elles-mêmes et pour les hommes, l’opposition du corps et de l’esprit, de la vie privée et de la vie publique, des hommes et des femmes. Avec les femmes, la conquête du monde s’efface devant la construction de soi. Faut-il s’étonner, dans ces conditions, qu’elles assument avec tant d’évidence et de détermination l’avènement de cet univers à dominante culturelle qui s’impose à nos yeux ?

À propos de Artisan de l'ombre
Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui
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13 septembre 2013 à 13 01 28 09289
Alain Touraine défend ici des théories tout à fait étonnantes sur le post-féminisme. La première est que la question de l’inégalité homme-femme ne se pose plus autant sur le plan professionnel. Quand on sait que seulement un quart des ingénieurs et 15% des chefs d’entreprise sont des femmes, contre 98% à 99% des assistantes maternelles et employées de maison, on reste sceptique.
« » Advertisement
D’après Touraine, les femmes sont de plus en plus convaincues que leur « développement personnel » ne passe pas par « une participation élargie à la vie professionnelle, mais par la transformation de leur vie privée, de leur rapport à leur corps, de la construction de leur sexualité ». De plus, grâce aux femmes, la volonté de « conquête du monde », si masculine, s’effacerait dans notre société devant celle de la « construction de soi ». Par quelle magie? Quels moyens utilisent les femmes pour cela? Le livre reste assez mystérieux sur ce plan. On comprend simplement que le nouveau féminisme est très lié aux mouvements gays et lesbiens, qui réfléchissent à la redéfinition des genres. Il est aussi moins politique et agressif qu’autrefois.
Un texte plein de paradoxes donc, le principal se trouvant dans les remerciements au début de l’ouvrage. Alain Touraine y rend hommage à sept chercheuses qui ont signé des rapports sur ces thèmes. « Elles ont été associées à toutes les étapes du travail », écrit-il. Mais leur nom n’apparaît pas sur la couverture de ce livre qui, au bout du compte, donne très envie de renouer avec un féminisme extrêmement politique et agressif.
Le monde des femmes, par Alain Touraine
Ed. Fayard, 2006, 246 p., 19 euros.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
13 septembre 2013 à 13 01 29 09299
Le monde de femmes.Conversation avec Alain Touraine.
Posted on 09 July 2007
Alain Touraine
La rencontre et la conversation avec Alain Touraine, Directeur d’Etudes à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, a eu lieu au mois de mars 2007 auprès de la librairie des femmes de Milan. Alain Touraine est docteur honoris causa des Universités de Cochabamba (1984), Genève (1988), Montréal (1990), Louvain-la-Neuve (1992), La Paz (1995), Bologne (1995), Mexico (1996), Santiago (1996), Québec (1997), Córdoba (Argentine, 2000).
Antonio Torrenzano.Nombreaux sociologues croient que les mots “acteur social” ou “sujet social” soient des idées dépassées et obsolètes pour analyser notre temps présent. Je crois,en revanche, que dans cette négation s’exprime une approche qui empêche de comprendre tout ce qui arrive dans la société et, dans son importante partie, qui est représentée par les femmes.
Alain Touraine. Il s’agit d’une vision semblable à celle-là qui s’imposait quand on niait qu’une conscience ouvrière existât en soutenant qu’elle n’était pas autre que la conséquence de la soumission totale des travailleurs au capitalisme.Pour démentir cette subaltérité et pour relever l’autonomie de la classe ouvrière, je suis allé à écouter et à relever ses formes d’expression dans les endroits de travail (usines,mines, chaînes de montage). À la même manière, pour connaître la pensée et le vécu des femmes, je suis allé encore une fois sur le terrain à voir.J’ai adopté une méthode peu utilisée en redécouvrant ce que les femmes pensent,elles font. Leur pensée est différente, pour ne pas dire opposée, de ce que les médias déclarent, disent ou elles fassent. J’ai écouté femmes différentes entre eux et des attentions particulières nous l’avons réservé aux femmes musulmanes qui se sont concrétisées après dans un travail de recherche complémentaire. Quand nous avons demandé à celles, que nous avons rencontrées, de se présenter: toutes ont dit, comme première chose, d’être femmes en déclarant comme leur objectif principal fosses ce de se constituer comme sujet.Entre les buts de ma recherche il n’y avait pas ce de parler des femmes,mais ce de montrer surtout que les femmes sont créatrices d’une nouvelle culture et, en second lieu, de définir la nature historique et sociale du renversement qui propose. Les femmes, en agissant comme actrices sociales, ils mettent en évidence leurs objectifs, les conflits qui les intéressent et le désir d’être sujets sociaux de leur existence.
Je suis une femme: cette la réponse de toutes au début de chaque entretien. Cette affirmation n’était pas seulement la réponse à une question, mais elle était la définition d’une donnée de fait affirmée avec un ton qui excluait la possibilité de se définir de manière différente (par exemple comme victimes, même si beaucoup d’eux avaient subi violence et injustices). Une donnée de fait et, ensemble, une volonté d’être qu’il met au centre de la vie un déterminé rapport avec soi-même,la construction d’une image de soi comme femme. L’indicatif présent « je suis”, il n’approuve ni il refuse aucune interprétation. On ne peut pas le classifier ni en bas ni en haut. Ni à droite ni à gauche. Il n’est ni à faveur ni contre. Mon départ a été l’expérience des actrices interrogées sans d’autres abstractions. Je suis une femme signifie qu’autour à mon identité se construisent mes comportements et se coagulent mes jugements qui sont prouvés s’ils renforcent ma conscience d’être surtout une Femme et, négatifs, quand ils la cachent. Être femme est une affirmation primaire qui confère un signe prioritaire au rapport avec soi-même respect à ce avec l’autre, c’est-à-dire avec l’homme.Être femme pour celles que nous avons écouté, il signifie qu’elles existent avant tout à travers soi-même et pour soi-même et, tout cela, il vaut aussi pour celles qui sont conscientes de se trouver dans une condition de dépendance.Les interviewées n’ont pas quelques-uns doute sur la différence biologique et sur le différent rôle déroulé par les hommes et les femmes,elles affirment que central il est la subjectivité. Il ne s’agit pas de défendre la féminité comme un ensemble de comportements typiques des femmes et distingués par ceux des hommes, il s’agit d’avoir au centre de propres intérêts, un rapport créateur avec soi-même.
Antonio Torrenzano. Les femmes d’aujourd’hui quoi entendent-elles, quoi veulent-elles respect aux féministes d’hier?
Alain Touraine.Ces femmes, qui sont souvent critiques vis-à-vis des féministes, elles vivent dans une société qu’elle a été vraiment transformée du féminisme. Comme le mouvement ouvrier qu’on a pu développer seulement quand les ouvriers se sont mobilisés pour la propre autonomie; l’affirmation et la prise de conscience, en sens positif, d’être femme a permis de devenir à toutes les femmes d’héroïnes de la propre vie.L’affirmation du soi comme actrice sociale dans la société contemporaine refuse la conception basée sur le manque, sur l’aliénation, sur l’incapacité. Les femmes d’aujourd’hui manifestent une certaine irritation vers le féminisme qui semble à toutes elles complètement intégré dans le monde politique.Il est aussi évident que la dénonciation vague ou généralisée du pouvoir masculin, c’est très différente de l’affirmation d’une conscience du soi.Je veux encore insister sur cet échange de perspective que l’affirmation je suis une femme porte avec soi-même, un échange qui ne concerne pas seulement quelques-unes, mais toutes. Je suis une femme, dans son évidence, c’est l’affirmation radicale de cette conquête de la subjectivité de la part des femmes. Dans le passé, quelques théologiens doutaient même que les femmes eussent une âme,aujourd’hui les femmes sont conscientes d’être actrices morales, libres, responsables.
Antonio Torrenzano. À une femme, je dois l’idée de culture,de l’unicité de toutes les histoires humaines, impossibles à répéter à chaque latitude et longitude. Que la vie est une résistance continue. D’être infiniment délicat, jamais individualiste, à pas donner jamais rien pour escompté et à ne pas prévoir insignifiants sentiments.Que les paroles, circulantes comme sang dans le corps, portent oxygène, nourriture, renouvellement de la vie.
Alain Touraine.Je ne réussis pas à répondre à la question qui jaillit de sa constatation. Je suis une femme, il veut dire:j’ai le droit d’être,d’attribuer à cette affirmation le contenu choisi par moi. Ce choix c’est une preuve de ma liberté, de ma capacité de me définir moi-même, de me comporter et de me juger respect à moi même.Nous sommes devant à un nouveau mouvement culturel, à un événement de masse, qui franchit âge et classes sociales et qui fait allusion à un changement profond de notre culture. Il est évident que toutes les femmes interviewées n’ignorent pas les fonctions attribuées de la société à leur nature, mais l’identité qui affirme ce n’est pas seulement le refus de la domination sociale;elles affirment leur subjectivité sociale et, donc,la capacité de penser, agir, espérer pour soi-mêmes.Les femmes parlent peu des hommes ou, de toute façon, moins du prévu et elles tendent, de moins en moins, à pas se définir respect aux hommes en mettant l’accent sur la nécessité d’espaces et de moments séparés, pas mixtes. Les sujets de la différence, de l’égalité, du mélange ils suscitent encore passions et discussions, ils influencent les changements législatifs ou les obstacles qui s’opposent cette subjectivité sociale.La plus grande partie de discours féminine est progressiste. Elles critiquent l’inégalité, elles revendiquent le droit à la différence. Cette défense simultanée de l’égalité et de la différence il nous semble le coeur du féminisme.Nous aurions pu demander aux femmes de s’exprimer sur ces grands sujets, mais nous avons, par contre, laissé libres de nous parler de ce qu’elles voulaient en enregistrant une grande distance entre ces vieux débats et les discours d’aujourd’hui. Une distance que politiquement, elle va relevée. Quand nous les avons invitées à commenter l’opinion selon laquelle, en étant tous les êtres humains égaux , prendre des mesures exclusives pour les femmes j’équivaille à violer le fondement même de l’égalité, ils ont observé que l’inégalité traditionnelle est encore trop présente. Reconnaître la différence est, pour elles, nécessaire. Penser la dualité sexuelle, elles disent (selon la formule de Sylviane Agacinski), il exige qu’on reste dans la différence, sans la résoudre en pensant l’altérité sans prétendre à la réduire à la similitude ou à l’identité. Admettre que les gendres sont déterminés, il ne peut pas et il ne doit pas socialement porter au refus de la différence entre les sexes.
Antonio Torrenzano.Je crois que cette constatation est importante pour les femmes, mais aussi pour la pensée sociologique. Aujourd’hui, l’analyse sociologique a le devoir de se libérer de la vieille conception qui portait à expliquer les comportements individuels et collectifs seulement à travers l’organisation sociale, économique et politique.
Alain Touraine.Bien que ce devoir soit ingrat, je chercherai, donc, de fournir une réponse sur la nature de cette conscience du soi-meme.La “femme reproductrice”, la “femme repose du guerrier”, la “femme éducatrice des fils”, la “femme agent publicitaire qui expose le propre corps” détruit la conscience qui ont les femmes du soi-même au tel point qu’il est très difficile d’apercevoir dans ces illustrations le désir d’une volonté d’affirmation.La conscience du soi-même comme sujet, c’est -avant tout- un dispositif de protection contre le système dominant. Le temps des femmes est maintenant venu pas parce qu’elles se sont simplement libérées, mais si jamais, parce qu’elles ont une nouvelle culture qui peut transformer la vie et les dispositions de tous. Aussi des hommes.Le sens de la vie donné par les femmes s’adresse pas vers le plaisir ou la consommation.Aujourd’hui, la grande seule idée possible dans notre société de conquête est de réintégrer ce qui a été divisé, de réunir ce qui a été polarisé. Aux femmes, en particulier, que c’étaient une catégorie pour excellence dominée, privée de subjectivité, il intéresse reconstruire une société plus humaine et intégrée et, qui ne se base pas, sur la logique de la machine à vapeur.Elles ont cette conscience d’avoir une vision du monde, de la vie… et sans aucune agressivité.
Antonio Torrenzano
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
13 septembre 2013 à 13 01 33 09339
Qu’est-ce qu’être femme? Voilà la question que se pose le sociologue qui a débuté son travail d’analyste en 1992 avec Critique de la modernité. Il se demandait alors comment la modernité avait donné naissance à l’individu. Quatorze ans plus tard, c’est sur l’identité de la femme qu’il se penche. Son enquête de terrain permet de comprendre les paradigmes et les représentations du monde des femmes, sans jamais tomber dans la revendication féministe. Cette analyse dense et documentée permet de comprendre à quel point la femme se construit pour et par elle-même avant tout. Un livre surprenant qui permet de comprendre la quête identitaire des femmes dans un univers construit par et pour les hommes. Intense et fascinant.
—
Alain Touraine
LE MONDE DES FEMMES
Paris, Fayard, 2006, 245 pages.
Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup
13 septembre 2013 à 13 01 36 09369
Le monde des femmes
Selon Alain Touraine
(Fayard –2006)
Le livre de Touraine est parfois confus, partial, mais il apporte à une réflexion sur les femmes du temps présent des éléments intéressants, à partir de ses confusions et contradictions.
Il commente les résultats de deux séries d’entretiens. La première série de soixante entretiens en trois groupes de réunions en trois séances de trois heures, a été réalisée en 2004. La seconde auprès de femmes musulmanes dont la moitié était voilée, en 2005.
L’auteur se déclare d’emblée surpris par ces paroles de femmes : elles ne correspondent pas à ce qui se dit et s’écrit sur les femmes, d’en haut. Les femmes interrogées ne se considèrent en effet pas comme victimes, ne croient pas à la nécessaire disparition de l’identité féminine et ont comme objectif principal la construction de soi. Elles se conçoivent comme sujets libres à travers la sexualité – terme dont la définition résiste et sur lequel nous reviendrons – et donnent la priorité au rapport à soi sur le rapport à l’autre.
Il y a un net rejet du féminisme chez elles, parce qu’il est assimilé au politique dévalorisé. Mais elles ne renient aucunement les conquêtes du féminisme.
De cette plongée, forcément limitée dans le monde des femmes, Touraine sort enthousiaste. Il y voit un laboratoire où se forge la recomposition de notre culture. Le privé est devenu l’espace privilégié de transformation. Qui a des répercussions obligées sur le public. La construction de soi à laquelle s’attachent ces femmes passe par le corps. Ou encore la sexualité. Touraine peine à cerner ce qu’il met sous ce terme, et s’égare dans la multiplicité des sens qu’on lui prête. On comprend que le sexe, longtemps objet d’enfermement pour les femmes est devenu instrument et langage de libération. Voilà qui nous ramène au coeur de nos revendications des années 70, axées autour de la libre disposition de nos corps, procréation et plaisir.
Mais selon Touraine, nous serions passées à une autre ère : le post—féminisme.
« Le post-féminisme n’est pas un mouvement social, mais un mouvement de reconstruction culturel par le dépassement des conflits et polarisation qui avait donné sa force principale au modèle européen de modernisation ».
Ce post-féminisme se situe dans l’air du temps qui n’est plus à l’affrontement social et à la conquête de lois, mais à un travail en profondeur des mentalités et comportements. Pour reprendre sa formule, on est passé de Marx à Freud, à une culture tournée vers l’intérieur, de la société et des individus. Dans ce passage, les femmes sont actrices principales. A travers leur cheminement propre, et compte tenu de leur place dans la famille, elles agissent à un niveau qui est celui de la diffusion.
Elles sont en train d’inventer des formes d’intervention inédites, où le refus de la politique traditionnelle ne signifie pas l’absence d’une démarche politique. Pour preuve, la volonté de dépasser des catégories qui régissent notre mode de pensée imprégnée par l’approche masculine : la bipolarité ou binarisme. Elles sont dans un état d’esprit qui réconcilie les contraires, corps/esprit, raison/affect. Elles relient, unissent, réparent les effets souvent désastreux de la séparation. Des sexes, des genres, des classes, des races…
L’analyse de Touraine est une bonne illustration de la fameuse formule. « La femme est l’avenir de l’homme. » Les enquêtes comme leur interprétation sont à prendre avec bémol. Mais Touraine est victime, à son insu, d’une contradiction. Elle s’incarne dans l’emploi du terme utilisé pour caractériser notre époque : post-féminisme. Touraine ne fait là que reprendre à son compte un vocable admis. Celui-ci suppose qu’on serait passé à autre chose, qu’il y aurait un dépassement du féminisme. D’aucuns parlent de mort ou d’enterrement. Il y aurait donc rupture entre le féminisme – lequel ? – et l’état d’esprit des femmes de ce début du XXIe siècle.
Est ce à dire que la domination et ses effets – cible première du féminisme – sont révolus ? La réalité des discriminations subies par les femmes nous enseigne évidemment le contraire. Mais, on peut admettre que les formes prises par le féminisme des années 70 sont dépassées, dans la mesure où elles ne sont plus adaptées à la réalité de notre temps, qu’elles ont contribué notoirement à faire évoluer. Là on rejoint Touraine dans son analyse des nouvelles formes que prend aujourd’hui la contestation.
Par contre le féminisme, comme pensée et projet de société, n’est pas dépassé. L’enquête de Touraine nous en fournit des preuves. Là où il perçoit un renversement de tendance, on peut voir au contraire, continuité et filiation. Le travail de construction de soi des femmes, qu’il présente comme un axe essentiel de leur démarche, prend comme cadre le privé. Ne proclamions-nous pas en 70 « Le privé est politique » ? L’essentiel de notre action a alors consisté à donner des lettres de noblesse politique au privé. Pour donner au politique un contenu plus adapté à la réalité, non pour en nier la pertinence. Les combats féministes d’alors ont contribué à élargir le champ du politique, restreint à une vision étroite.
Les femmes continuent sur cette lancée à leur manière. La priorité donnée au privé, comme lieu d’élaboration d’un sujet femme, est à la fois survivance du passé de dominée – cantonnée à cette sphère – et une mise à profit de cet espace familier pour y travailler à une libération de ce statut de dominée. Ambivalence propre aux femmes interrogées, que souligne Touraine et qui est particulièrement à l’oeuvre ici. Cette ambivalence s’exprime par le cumul des tâches, et chez les musulmanes, par le souci de ne pas choisir entre leurs deux cultures.
Le terme approprié pour nommer ce qui se passe serait de l’ordre du retournement, plutôt que du renversement. Le compromis, qui est le recours privilégie du dominé tenu de négocier, devient ici, une tactique pour faire, à partir de l’ancien, du nouveau. Dans les années 70, nous prétendions bien orgueilleusement, repartir à zéro. Nous étions portées par une époque de prospérité, où l’utopie avait ses chances. Obligées au pragmatisme par nécessité, les femmes d’aujourd’hui partent de là où elles sont. Le féminisme est passé par là. Mais elles mettent aussi à profit les éléments positifs de leur exclusion, qu’elles tentent de retourner à leur avantage. Tenir les deux bouts, tel semble être leur propos.
Oui, on ne part jamais de rien, même si on ignore d’où on vient. C’est parce que le féminisme, combat vieux de deux cents ans déjà, a changé les lois, les données de la politique et les comportements, qu’aujourd’hui les femmes sont en situation de pouvoir transformer et reconstruire leur rapport à elles et aux autres. Elles poursuivent, à leur manière, une démarche qui déconstruit le rapport de domination et cherche d’autres formes de coexistence entre sexes. Elles mettent en pratique les idées féministes, à leur aune.
Il n’y a donc pas rupture, sinon apparente, mais continuité. Avatar de la pensée binaire que cette tendance à chercher dans une réalité le biais qui sépare et différencie plutôt que celui qui réunit. L’histoire nous enseigne cependant qu’au delà des retours en arrière, un processus une fois enclenché va dans le sens de son mouvement initial. Depuis deux siècles on observe une tendance qui va dans le sens d’une libération des femmes. Tant que l’objet de ce mouvement reste valide, il n’y pas de raison pour qu’il s’arrête.
Justine
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13 septembre 2013 à 13 01 36 09369
http://www.griffes-de-lionnes.fr/Le-monde-des-femmes
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