L’Algérie tenait enfin les responsables de sa déchéance. Le pays identifiait finalement ces hommes d’un autre âge, sans scrupules, qui ont pillé ses richesses. Les Algériens pouvaient prendre un grand bol d’air frais et remercier le travail de sape et l’abnégation des différents services de sécurité qui ont mis fin à une véritable mafia qui a saigné pendant des décennies les ressources naturelles du pays. Et dire qu’on a accusé Chakib Khelil d’avoir tapé dans la caisse et suspecté d’honnêtes industriels et gestionnaires d’avoir détourné des milliards, que dis-je, des mille milliards de dinars et d’avoir bâti des fortunes ailleurs, loin d’une justice au bras tout juste un peu court. Combien de fois n’a-t-on pas soupçonné à tort des relais, eux par contre au bras long, d’avoir trempé le doigt, les deux, la main puis tout le corps dans le pot de miel, alors que le mal était là, juste sous nos yeux. Il ne fallait pas chercher aussi haut dans les sphères du pouvoir pour trouver les coupables. Et c’est sur la terre bien nommée de Aïn Témouchent que ces monstres ont été dénoncés, confondus et arrêtés.
Les gens vont penser qu’on parle du scandale des thoniers, dossier touché et coulé pour absence de coupables prolétaires, mais non. Des hommes qui se disent marins et qui pêchent, asseyez-vous si vous êtes debout, tenez-vous bien si vous êtes assis, pendant la période de repos biologique de la poiscaille. Les assassins, les mécréants, responsables de ce qu’est advenu aujourd’hui de l’Algérie. Ils n’ont pas hésité un instant à sortir leur embarcation pour aller déranger les sardines alors qu’elles sont en congé, en pleine période de reproduction. Un véritable génocide commis, un gazage en règle, une épuration ethnique pure et simple. Les mots sont incapables de reproduire l’horreur du carnage, le verbe impuissant à retranscrire l’étendue dramatique du moment mais l’essentiel est que ces hommes soient définitivement mis hors du circuit. Que nos poissons soient rassurés, tout danger est écarté puisque les coupables seront traduits devant le Tribunal pénal international où ils devront expier leurs fautes, assis côte à côte avec Blair, Bush, Sarkozy, Sharon et beaucoup de dirigeants arabes, coupables eux d’un crime tout autre.
Depuis cette affaire, le pays respire mieux, les dirigeants sont confiants pour 2014, la corruption a été noyée avec les sardines pêchées à la dynamite et tous les ripoux exportés en Espagne avec les cargaisons de crevettes revendues dans les eaux internationales. « Haro sur le baudet ( ) Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal. », dit Jean de La Fontaine dans « Les animaux malades de la peste », pour résumer cette histoire qui a défrayé la chronique nationale et internationale.
9 septembre 2013
Moncef Wafi