L’idée centrale est que le désir de donner est aussi important pour comprendre l’espèce humaine que celui de recevoir. Que donner, transmettre, rendre, que la compassion et la générosité sont aussi essentielles que prendre, s’approprier ou conserver, que l’envie ou l’égoïsme. Ou encore que «l’appât du don» est aussi puissant ou plus que l’appât du gain, et qu’il est donc tout aussi essentiel d’en élucider ses règles que de connaître les lois du marché ou de la bureaucratie pour comprendre la société moderne.
On envisagera ici la société comme composée d’ensembles d’individus qui tentent perpétuellement de se séduire et de s’apprivoiser les uns les autres en rompant et en renouant des liens. S’apprivoiser, «c’est créer des liens». C’est rendre quelqu’un unique. Rien n’est plus banal assurément. Mais en passe de raréfaction. Car le temps manque, et apprivoiser prend du temps. C’est pourquoi les hommes achètent des choses toutes faites chez le marchand, des signes d’apprivoisement qui sont eux-mêmes apprivoisés, et confient leur quête d’une «solution unique» à la solidarité du grand nombre, à l’Etat-providence… aux psychanalystes.
8 septembre 2013
El-Guellil