Il arrive, lui, après avoir fait un brin de causette avec les collègues. Il sonne à la porte et s’impatiente qu’on lui ouvre, alors qu’il a son trousseau de clés. Les deux bossent, mais lui, c’est le «beausse». Il s’affale sur le premier siège. Et commence la partition. «Rani, fa-ti-gui ! jibili mes mules. Jibili kess ma. Jibili mel frigo.» Il rejoint sa chambre «jibili el pyjama.». Il s’installe face au téléviseur. Jibili le Quotidien’ pour voir le programme. Jibili mes lunettes. Jibili la télécommande. Jibili un coussin, j’ai mal au dos. Jibili mes médicaments. Il se fait tard, jibili la bouffe. Mais avant jibili mon tapis de prière. Avec la jibilité, elle s’exécute sans maudire. Mais trop c’est trop. Les gosses ont grandi et c’est le garçon, atteint de jibilité paternelle qui s’y met avec sa sœur et le jibilisme devient pluriel. Sauf que la fille aînée décide autrement. Organisé le jubilé du jibili’
Dès qu’il sonne, le lendemain, elle ne lui ouvre pas la porte et l’oblige à utiliser ses clés. «maman est malade. Une grippe carabinée. Tiens descend les poubelles. Voilà une liste, jib ces médicaments, j’espère que tu as du fric fel jib. Au fait jib aussi une tisane. Jib un poulet rôti et jib un jus d’orange. Il s’exécute. Revient. Elle l’accueille avec tous les jibli possible jusqu’à ce qu’il éclate «Non mais attend ce n’est qu’une grippe, elle n’est pas handicapée C’est pas méchant.»
«Bouya, tu vois qu’une petite grippe te fait dire que maman n’est pas handicapée et qu’elle peut que devrait-elle dire, elle, qui a supporté tes articulations grippées, pendant des ans amala à partir d’aujourd’hui soit la jibilité est collective, soit chacun pour soit Au fait n’oublie pas, demain jibli une de tes fiches de paie, c’est pour mon dossier de bourse».
8 septembre 2013
El-Guellil