Occupe-toi de prendre un stylo, je te dirai ce que tu écriras
Je te parlerai en kabyle et selon ton gré tu transcriras,
A qui ne comprend pas, toi qui sais expliqueras.
Met cela sous forme de lettres, c’est toi qui les porteras.
Alors que je serai parti, tu leur expliquera. Tu diras :
A Ma mère que j’aime,
Je serai déjà parti quand t’arrivera cet écrit, pardonne-moi.
Je n’arrive pas à me faire à cette vie qui se joue de moi comme d’un osselet..
Elle m’affole.
Si je pouvais lui faire faux bond, j’aurai à cœur de mourir pour qu’enfin je m’évade..
J’en ai assez !
Mon courage est épuisé et je craint la mort comme je craint la vie…
Je m’enfuis.
Je marcherai jusqu’à parvenir je ne sais où.
Depuis que tu m’as enfanté que misère !
Je suis né sous un astre froid et j’ai grandit dans le mépris.
Ma fortune est bien connue : vais-je à la mer qu’elle s’assèche.
Je pensais que la vie allait changer, mais, mère, c’est alors qu’elle empira !
L’espoir même est devenu vain.
Si je te disais reste en paix, je sais que tu ne t’en étonnera pas.
Ma lettre achevée déchire-la et oublie-moi.
A présent écrit à ma fiancée qu’elle retire ma bague de son doigt.
Transmet lui mes paroles, réjouis-la.
Cette lettre quand tu la liras, je devine qu’elle libérera grande ta joie.
Je te laisse libre de choisir qui tu voudras.
Lorsque ton père te cédas, j’ai lu du dépit sur ton front
Ton cœur venait de perdre ce dont il rêvait.
Aujourd’hui, je te libère de tes entraves. Et je te rend ton cœur neuf.
Je souhaite que ton avenir ne t’apporte que bonheur, je ne suis pas celui qui te convient
Ma place est parmi les fous et tu mérites bien mieux que moi.
Epouse quelqu’un qui, semblable à toi, flamboie tel un phare.
Cette lettre lue de tes yeux, essuies-en tes larmes de joie et écrase-la sous tes pieds.
Enfin je t’adresse à mes amis. Ecris leur tous.
Mes amis que j’abandonne.
Ces serments qui m’avaient associé à vous, je craint de ne pouvoir les honorer.
Vous vouliez qu’émergent les Hommes, et vous aviez entrepris vos projets.
Je souhaite que vous réussissiez. J’ai, moi , laissé expirer mon engagement, je l’ai oublié.
Je l’ai tué, je crains que vous n’en fassiez autant
Vous avez juré de rester fidèles jusqu’à la mort
Mais je crains que vous ne changiez
En vous rappelant le passé
Vous direz : Comme nous étions jeunes
Maintenant nous sommes réveillés nous aussi
Nous évitons les problèmes
Je crains que vous n’oubliiez
Le jour où vous serez occupés à gagner votre pain
Vous ne penserez qu’à cela
Vous délaisserez tout le reste
Quand ce jour-là vous serez rassasiés
Vous croirez vitre vie assurée
Maudit sera quiconque vous parlera d’autre chose
Peut-être même le tuerez-vous
Et si mes dires vous peinent
De grâce pardonnez moi
Tout ce que je dis aujourd’hui
S’est passé hier, vous le savez
Chacun alors sera avec ses enfants
Il craindra pour sa place
Il ne songera qu’à son métier
Il trouvera que tout est bien
Dans les paraboles que je vous proposerai
Si vous voyez que je fais erreur de grâce
Ramenez moi à la vérité
Nous nous jalousons l’un l’autre
Si l’un de nous perce
S’il est pur nous le salissons
Dés qu’un de nous se distingue
C’est comme s’il était étranger
C’est nous qui les premiers l’attaquons
Nous l’exilons ou le tuons
Dés que nous l’avons supprimé d’entre nous
Nous oublions les chaînes qu’il a brisées
Nous accueillons l’étranger
Quel qu’il soit
Nous le parons de prestige
Nous lui accordons protection
Lui ouvrons nos cœurs
Le laissons agir parmi nous à sa guise
Mais quand notre frère tombe
Point de pardon
Nous le foulons tant et plus
Quand la guerre éclate parmi nous
7 septembre 2013
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