Suspicion
Mehdi soupçonne, depuis quelque temps, son ami Kadour d’être l’amant de sa jeune femme Karima.
Pour en avoir le coeur net, il l’épie. Une nuit, vers 3 heures, il fait semblant de dormir à poings fermés, ronflant comme une locomotive, il surveille Kadour du coin de l’oeil.
Après un quart d’heure d’attente, Kadour quitte sa couche et sort subrepticement de la cave, servant d’entrepôt de farine et s’en va rejoindre Karima. Mehdi se lève à son tour et le suit.
Kadour monte, quatre à quatre, les escaliers, du petit immeuble. Arrivé au troisième étage, résidence de Mehdi, il tape trois coups à la porte qui s’ouvre.
Mehdi entend des chuchotements puis plus rien. Il attend quelques minutes qui lui paraissent des années, puis monte à son tour. Rendu fou, il n’arrive pas à introduire correctement la clef dans la serrure.
Tremblant de rage, fébrile, il n’y arrive qu’à la troisième tentative. Ce laps de temps permet à Karima de s’habiller et de cacher Kadour dans un placard.
Quand Mehdi fait irruption dans sa chambre, il rencontre le regard apeuré de sa femme, tremblant de tous ses membres et ne pouvant articuler aucun mot. Mehdi la gifle et lance : «Où est-il, ce maudit Kadour ?».
Il regarde sous le lit et n’y trouve rien, mais quand il ouvre le placard, il se retrouve nez à nez avec Kadour.
Avant qu’il ne fasse un geste, Kadour le bouscule et se dirige précipitamment vers la porte.
Cette dernière n’étant pas fermée à clé, il l’ouvre et dévale les escaliers comme un bolide.
Le vacarme qui s’ensuit réveille les voisins. En quelques minutes, l’appartement grouille de monde. Mehdi cherche une hache, mais , entre-temps, les voisins font sortir Karima et la cachent chez eux.
Mehdi est furieux, mais le drame est évité. Le lendemain matin, il porte plainte contre Karima et Kadour pour adultère.
Arrêtés les deux amants passent à table et reconnaissent les faits qui leur sont reprochés. Dans sa déclaration, Mehdi dit en substance : «Kadour est un ami à moi, voyant qu’il est âgé de 20 ans et sans travail, j’ai intercédé en sa faveur pour que mon patron, boulanger de son état, l’embauche.
J’étais chargé de l’initier au travail, nous commencions vers 2 heures pour finir à 6 heures. L’ayant pris en sympathie, je l?ai invité à plusieurs reprises à dîner chez moi.
Ne connaissant rien aux règles de l’hospitalité, il a courtisé ma femme et est devenu son amant». Interrogée Karima déclare :
«J’ai toujours voulu me marier avec un bel homme de grande taille, beau et ressemblant à un Européen, mais mes parents m’ont donnée à Mehdi, qui est laid, noiraud et de très petite taille .
Quand il l’a ramené à la maison, j’ai tout de suite flashé pour lui et j’ai voulu qu’il me fasse des enfants».
7 septembre 2013
Lounès Benredjal