« Horreur »
Ce n’est que quelques jours plus tard que le voisin de Moussa, agressé par l’odeur provenant de chez lui, découvre le cadavre.
Beau et issu d’une famille considérée comme aisée, car possédant des lopins de terre et un troupeau de moutons, Moussa est, à 35 ans, un bon parti.
Même si lui ne veut pas entendre parler de mariage, voulant profiter encore de son célibat, son père ne tardera pas à commencer à le harceler.
Il faut dire que dans le village, personne n’est resté célibataire à un âge aussi avancé. C’est contraire aux coutumes et traditions.
Résistant tant qu’il peut, le jeune homme a fini par céder n’ayant pas d’autre choix.
C’est ainsi que ses parents demandent en mariage la main d’Achoura, une jeune fille issue d’une famille assez riche. Les noces sont célébrées avec faste, comparativement bien sûr, à ce qui se passe d’habitude dans le village.
La nourriture est abondante et c’est tout le village qui est invité à la partager. Le problème, et il n’est pas des moindre, c’est que la nuit de noces est un vrai fiasco.
Le lendemain, la jeune mariée est toujours vierge au grand dam de ses beaux-parents. Ceux-ci croient que leur fils est victime de sorcellerie et ont recours au taleb qui, malheureusement, n’y changera rien.
Les jours et les semaines se suivent, les tentatives de Moussa se répètent, mais Achoura est toujours vierge.
Trois mois plus tard, force est pour tout le monde de se rendre à la triste évidence : Moussa est impuissant. Achoura revient chez elle déçue et malheureuse laissant derrière elle un Moussa essayant de s’accepter tel qu’il est.
Pour ce faire, il se tue à la tâche. Le travail devient pour lui sa raison de vivre. En plus du troupeau qu’il finit par multiplier et des terres qu’il fructifie, il se met dans la vente du miel.
Les années passent, la fortune de Moussa s’accroît et il devient l’homme le plus riche du village.
Son père meurt et sa mère le suit quelque temps plus tard.
Désormais seul au monde, Moussa n’est heureux que les quelques moments le soir où il sort sa fortune de sa cachette et se met à la contempler.
Moussa ne fait, en effet, pas confiance aux banques et ne leur confie donc jamais, son argent. Ce dernier est à l’abri, pense-t-il, dans une grande caisse dans sa chambre.
Ce que Moussa ignore, c’est que Boudmagh et Bennour, deux récidivistes connus au village, le surveillent depuis assez longtemps pour s’assurer qu’il cache sa fortune chez lui. Ils projettent de l’en débarrasser attendant juste le moment propice.
Ce moment, ils le choisissent un soir où le mauvais temps oblige chacun à rester chez lui. Les deux malfaiteurs frappent chez Moussa qui, confiant, car les connaissant, les fait entrer.
Juste au moment où il se retourne, ils l’abattent en lui fracassant le crâne avec une barre de fer. Cherchant frénétiquement partout, ils tombent sur la fortune du pauvre Moussa, un véritable trésor qu’ils s’empressent d’emporter après avoir enfermé le corps.
Ce n’est que quelques jours plus tard que le voisin agressé par la puanteur, alerte les gendarmes qui forcent la porte et trouvent la dépouille.
Les deux assassins connus pour leur passé de récidivistes sont vite soupçonnés. Ils ne tardent pas à faire des aveux et à être inculpés de meurtre.
7 septembre 2013
Lounès Benredjal