Recommencement
Après une longue vie commune, Hamoud est affligé par la perte de sa femme. Il décide de se remarier.
Agée de 55 ans, Fatma est pareille à une fourmi, malgré ses multiples grossesses, dix au total, elle est encore belle et pleine de vie. Hamoud son mari, âgé de 62 ans, est fier d’elle.
Il est comblé sur tous les plans. L’infatigable Fatma veille sur sa maison, ses enfants et sur ses champs. Mais un matin, c’est le drame.
Voulant cueillir de belles pommes pour Hamoud, la branche se casse et la pauvre Fatma tombe et se rompt les cervicales.
Hamoud pleure comme un enfant la perte de sa douce moitié. Il est inconsolable. Prostré, l’oeil hagard, il mange peu et ne dort presque jamais. Il se sent désormais orphelin.
Le pire c’est que Fatma lui a laissé cinq enfants en bas âge, et ce n’est pas une sinécure pour lui de les élever. Les plus grands garçons et filles le quittent un à un au fil des semaines pour rejoindre leurs foyers respectifs.
Six mois plus tard, on lui suggère de prendre une seconde épouse pour s(occuper des orphelins. Hamoud refuse mais peu à peu, il finit par accepter. Et c’est ainsi qu’il épouse Hayet, une jeune divorcée de 32 ans, mère de deux fillettes.
Auprès de Hayat, Hamoud retrouve une seconde jeunesse. Elle n’a pas les qualités de Fatma, elle n’est pas aux petits soins avec lui, mais qu’importe, l’essentiel c’est qu’elle s’occupe de ses jeunes enfants.
Hamoud est heureux, mais pas pour longtemps. Après deux ans de mariage, Djilali, le fils de son voisin, est de retour, et fête «sa quille», Hayet est présente. Djilali qui ne l’avait jamais vue auparavant est vite subjuguée et séduit par elle.
En deux temps, trois mouvements, les passions se déchaînent et Djilali, comme il fallait s’y attendre, supplante le vieux Hamoud auprès de Hayet.
Leurs rencontres sont furtives, mais l’arrivée de l’été allait leur donner toute latitude pour passer des nuits torrides.
Hamoud a planté un champ de pastèques et comme les fruits commencent à grossir, les sangliers les saccagent. Pour remédier à cela, Hamoud est obligé de passer toutes les nuits dehors. Quelle aubaine pour le couple.
Mais comme le dit le proverbe : «Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse.»
Hamoud n’a pas de fusil de chasse, mais possède une énorme hache dont il ne se sépare jamais.
Une fois vers minuit, il s’aperçoit, après avoir jeté sa dernière boulette de tabac à chiquer, qu’il ne pouvait tenir jusqu’à l’aube sans son «carburant».
Il retourne chez lui et au lieu de rentrer par la porte principale, pour ne réveiller personne, il escalade le mur d’enceinte et rentre par la porte donnant sur le patio.
A pas feutrés, il se dirige vers sa chambre pour prendre sa «chemma» et quelle ne fut sa surprise lorsqu’il trouva les deux amants nus comme des vers.
Sans trop réfléchir, Hamoud abat à plusieurs reprises sa hache sur les deux coupables, il se constitue ensuite prisonnier.
7 septembre 2013
Lounès Benredjal