Violence
Sans crier gare, Mourad tire de sa poche un couteau à cran d’arrêt et tranche d’un coup sec la carotide de Nordine, sous le regard incrédule de Sofiane.Sofiane prend peur et tente de fuir, mais il est vite rattrapé par Mourad, qui lui dit :
«Si tu ne veux pas subir le sort de Nordine, aide-moi à l’enterrer !» Sous le regard menaçant de Mourad, Sofiane creuse dans le sable une tombe de fortune. Après avoir nivelé le sable, les deux acolytes remontent dans la camionnette et continuent leur route. Dans moins d’une heure, il va faire jour et ils seront en route pour cette grande ville du Sud, plaque tournante du trabendo en tous genres, venant de Libye ou de Tunisie.
Mais pourquoi Mourad a-t-il tué de sang-froid Nordine ? Nordine n’est pas son ami mais un transporteur «clandestin» à ses heures.
Croyant être tombé sur un filon, Nordine, 23 ans, demande à son père la permission de prendre sa camionnette pour ramener de la marchandise d’une ville du Sud. Il lui dit qu’il sera payé grassement et, par la même occasion, lui demande de l’argent pour acheter lui aussi quelques bricoles qu’il revendra à Alger.
Son père n’y voit aucun inconvénient. Commerçant depuis des années, il est heureux que son fils s’intéresse soudainement au commerce, même illicite.
D’habitude, Nordine ne fait rien de ses journées et, quand il veut aider son père, ce n’est que dans le but de lui subtiliser de l’argent de la caisse. S’il lui arrive de faire des courses avec la camionnette, il utilise l’argent qu’il gagne à son profit.
C’est donc avec la bénédiction de son père que Nordine prend la route, accompagné de ses clients Mourad et Sofiane. Ils prennent le départ d’Alger vers 19 heures et font quelques escales pour se ravitailler en eau et en café.
Arrivés dans le désert, à un certain moment, Mourad, originaire de cette région, demande à Nordine de bifurquer à droite et de s’éloigner de la route nationale. Ils descendent tous du véhicule pour se dégourdir les jambes. C’est à ce moment que Mourad assassine Nordine. Après l’avoir enterré sommairement, ils reprennent leur route après l’avoir délesté de tout l’argent qu’il avait.
Arrivés en ville, Mourad contacte ses acolytes : des experts en vol de voitures. Ces derniers le guident vers un hangar, où ont été désossées et vendues en pièces détachées des dizaines de voitures. Ils sont passés maîtres en «désossement». En une journée ou une nuit, n’importe quel véhicule est démonté et ses pièces prêtes à alimenter mécaniciens et autres revendeurs. Pour éviter de mauvaises surprises, ils liment les numéros de châssis.
Mais ce trafic allait prendre fin grâce à une manoeuvre malencontreuse de Sofiane. Embarqué dans une galère par son ami, il avait pris peur et conduisait maladroitement. Il heurte un véhicule en stationnement, et l’arrivée impromptue des gendarmes.
En vérifiant les papiers, ils s’aperçoivent que le conducteur et son passager n’étaient pas les propriétaires de la camionnette alors qu’ils affirmaient l’être. La carte grise n’étant pas barrée, les gendarmes soupçonnent un mauvais coup.
L’enquête déclenchée dévoile tout. Mourad et Sofiane sont arrêtés et écroués pour meurtre et complicité.
6 septembre 2013
Lounès Benredjal