Trahison
Sa tante n’a vu aucun mal à lui confier sa petite fille pour les vacances. Elle ignorait ce qui allait se passer.Il est 21 heures, il fait nuit. Tahar, âgé de quarante-cinq ans, voit une orangeraie. Il met son clignotant à droite, prend une piste caillouteuse et s’arrête brusquement, invitant Zoulikha, sa passagère âgée de dix-huit ans, à se déshabiller. Elle refuse. Il se met en colère, lui déchire son chemisier et sous la menace d’un couteau à cran d’arrêt, il lui demande, les yeux injectés de sang, de le laisser faire. Zoulikha panique, elle se débat comme une diablesse et réussit à ouvrir la portière du semi-remorque que Tahar a oublié de verrouiller.
Une fois à terre, elle tente d’échapper au satyre, qui lui court derrière. Affolée, elle se met à crier au secours à pleins poumons. Aussitôt les gardiens de l’orangeraie accourent et arrivent juste au moment où Tahar rattrape Zoulikha et commence à lui faire subir le dernier outrage. Il reçoit une volée de gourdins. Maîtrisé et ligoté, les gardiens dépêchent un des leurs pour aviser la gendarmerie.
De l’enquête effectuée, il ressort que Tahar est père de dix enfants. Il est chauffeur de camion depuis plusieurs années et habite à l’Ouest du pays. Il vient deux fois par mois à Alger pour prendre de la marchandise.
Comme parfois il est obligé de passer la nuit dans la capitale, il se rend à La Casbah chez sa tante maternelle.
Il fait ainsi d’une pierre deux coups : il passe la nuit dans un bon lit et non pas dans sa cabine et dîne aux frais de la princesse.
Sa tante possède une fille prénommée Zoulikha, elle a, à peine dix-huit ans, mais promet d’être une femme aux charmes ravageurs. Pour remercier ses hôtes, Tahar demande à sa tante de le laisser prendre Zoulikha chez lui, pour les vacances scolaires. Elle n’y voit aucun inconvénient et c’est ainsi que Tahar l’emmène une première fois.
Le trajet se déroule sans incident. Il récidive à chaque vacance. Il se familiarise avec la petite fille et petit à petit, il l’initie à des jeux qui ne sont pas de son âge. Innocemment, Zoulikha le laisse faire, et peu à peu, il l’embrasse et lui fait de légers attouchements. Pour qu’elle se montre plus docile, il lui donne de l’argent et augmente la mise à chaque fois qu’elle fait un progrès. Depuis l’âge de dix ans jusqu’à dix-huit ans, Tahar la prépare au grand plongeon. Ce n’est qu’à l’âge de 18 ans qu’il décide de franchir le Rubicon, manque de pot, la mère de Zoulikha, qui ignorait tout des agissements de Tahar, lui avait enseigné, cependant, une chose : «Ma fille, lui a-t-elle dit, ta virginité appartient à ton mari, à lui seul et à personne d’autre !» C’est ce conseil judicieux imprimé dans son cerveau qui a fait échouer le projet de Tahar.
6 septembre 2013
Lounès Benredjal