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La folie du pouvoir et le pouvoir des fous par Slemnia Bendaoud

5 septembre 2013

Slemnia Bendaoud

Durant la deuxième moitié du dix-septième siècle (le 13 avril 1655 plus exactement), Louis XIV devait balancer cette phrase-symbole qui résumera, bien plus tard, tout son règne : «L’Etat, c’est moi !», disait-il, en fait. 

Des siècles encore, plus tard, ce sont donc des dictateurs arabes (en série et en folie) qui lui emboiteront le pas, en affirmant, sans ambages, eux aussi, et presque tous : »Moi ou le chaos ! »

Du pareil au même, diront les observateurs! Toutefois, le facteur temps donne plutôt ou surtout raison à Louis XIV, car il était, lui, dans son temps. Dans son véritable jardin aussi. Ce temps-là de ces dynasties qui se moquaient royalement de toutes les démocraties du monde.

Dans le premier cas, il est donc question de cette folie du pouvoir et des grandeurs. Par contre, dans le second, il s’agit plutôt de ces fous du pouvoir. Aussi fous ou si fous que tous les débiles mentaux de tous les temps !

La nuance est donc de taille, même si le sujet évoqué tourne toujours autour du pouvoir et de cette folie de s’en emparer, de s’en accaparer, de le détenir à jamais, de ne jamais le quitter ou de l’abandonner un jour, de force ou de gré, au point que cela devienne pour eux une véritable fascination ou une juste et seule raison d’être, afin de l’administrer ou l’exercer sans discontinuité et pour l’éternité.

J’allais dire que le tout jeune roi de Reims, Louis XIV, en l’occurrence, était, à l’époque, presque dans son droit le plus absolu de s’adresser de la sorte devant son parlement, étant, par ailleurs, bel et bien convaincu qu’il était ce tout dans le tout qui dominait tout son monde à l’horizon.

Mais qu’en est-il justement de ces autres rois arabes, tous sans la moindre couronne, et sans vergogne, présidents de force ou en force de leur état, devenus exceptionnellement plus royalistes que les rois eux-mêmes, dont les pouvoirs, des plus exorbitants et des plus excessifs, sont d’ailleurs les plus étendus dans le monde?

A vrai dire, eux, ne sont pas uniquement tous atteints par cette folie du pouvoir ou de gouverner leur peuple à leur propre manière ! Ils sont également, tous aussi, ces maitres bien fous, capables, sans le moindre remords, de tuer tous leurs opposants afin damer le pion au reste de leurs populations, laminer les élites et exterminer toutes les têtes dures afin que leur régime dure ou perdure !

En plus de cette folie du pouvoir, jugé souvent comme absolu, de ces rois d’autrefois, peu adroits dans leurs propos et à l’endroit de leur misérable peuple, ils sont également ces autres fous de gouvernants que rien ni même personne ne peut les en déchoir de leur perchoir, hormis ces grands et très spectaculaires soulèvements populaires, susceptibles de leur mener la vie dure et surtout une guère sans merci !

Prendre leur monde de haut est dans leur nature même, presque tous connus pour être juste des chefs immatures, des rois à l’étroit dans leur costume de désarroi, qui ont tous la frousse d’être découverts, sans détours, un beau jour, sous leur véritable nature, habillés de leur tenue de toujours, laquelle relève plutôt de cette toute vieille couture propre à l’ancienne tradition de leur haute cour.

Ils sont tous pareils, tous habités par ce sentiment osé et bien dosé, presque tous des névrosés aux joues tantôt gonflées, tantôt creusées, cette  »qualité » plutôt innée chez eux, dans leur propre clan familial et grande dynastie, de prendre à jamais leurs distances avec ce monde-là, en manque presque permanent de pitance, en l’absence de travail et actions concrètes, de nature à véritablement subvenir à leur nourriture et autres moyens de subsistance.

Tenter de les reconnaitre tous revient donc à parcourir tout le cheminement de cette longue histoire postcoloniale de tous les pays arabes, menée depuis longtemps d’ailleurs par ces coquins présidents, se considérant, par-dessus le marché, comme des légalistes et parfaits républicains, au moment même où ils jouissaient de ces extraordinaires privilèges dont rêveraient davantage de bien authentiques rois, relevant pourtant de ces très anciennes dynasties du monde entier.

L’histoire de ces rois sans couronnes et de ces dynasties en l’absence d’un quelconque royaume peut même laisser parfois très perplexes ces observateurs avertis, dans la mesure où, non contents de s’emparer du pouvoir par effraction et grâce la détonation des armes de l’institution dont ils relevaient, ils se préparaient tous à ressusciter ou à réinventer de manière express ces anciennes dynasties de royaumes d’antan et autres califats, aujourd’hui bel et bien ensevelis sous le poids imposant de l’histoire de toute la planète, afin de tout juste avec, perpétuer leur règne au travers d’une délégation de procuration de la gouvernance du pays, indûment attribuée souvent à l’un des leurs : le fils, le frère ou même parfois le gendre…

C’est dire que chez ces gens-là, le pouvoir est vraiment une question de famille. La plus restreinte et la plus suspecte. Beaucoup mieux qu’il ne l’est d’ailleurs au sein des meilleurs royaumes du monde.

Et, si au sein de ces toutes vieilles dynasties, on s’y prépare longtemps au travers des plus puissantes arcanes du royaume et ses nombreux protocoles, dans ces autres républiques de coquins et de copains, on le conquiert finalement juste par la force des armes pour longtemps le garder ensuite au prix de la simple ruse et grande farce, avec comme dénominateur commun ce mensonge qui relève des plus invraisemblables songes de l’humanité.

Ici, il est plutôt question de cette véritable escalade dans la satisfaction de l’égo. D’ailleurs, l’explication de l’historicité du phénomène, elle-même, admet dans sa conception et analyse ce passage assez singulier dans la réflexion, puis la mise en œuvre de ces étapes-clefs qui mènent vers ce même but, mais à différents paliers de sa très fournie hiérarchie.

Ainsi, même dans la chose la plus ridicule de la vie, il existe cependant cette hiérarchie nettement affranchie dans le concert de l’oligarchie, œuvre toute naturelle de la monarchie de l’anarchie ou de ces iniques reliques de vieilles et toutes foutues républiques !

Ce qui est donc de nature à faire passer la folie d’un cran : de celle de la position de s’emparer à vie du pouvoir à celle, bien évidemment, d’en faire ce qui plait et sied à ces fous de gouverneurs de ces fausses nouvelles républiques, nées de leurs anciennes reliques !

De Djamel Abdennacer à Bechar El Assad, en passant par Bourguiba, Boumediene, Seddam Hocine, Benali, El Kadhafi, Ali Abdellah Salah, Moubarak et compagnie, le monde arabe, dans sa globalité et toute spécifique particularité, a eu affaire à ses dictateurs, des plus considérés et invétérés à ceux plutôt très lucides et bien intrépides, en ce qui concerne l’avenir de leur nation et la caution à accorder à leur aura et personnalité.

On aura tous eu droit, à des périodes plus ou moins différentes de notre histoire, à ces rois autoproclamés chefs de ces républiques chimériques pour les gouverner à la manière de ces héros dignes de vrais Zorro, de retour enfin à la vie et au pays, après tant d’années passées aux oubliettes ou sous silence dans leurs tanières, à longtemps comploter contre les régimes en place afin de les en déchoir de leur perchoir et réel pouvoir.

Venus tous au pouvoir par la force des armes, ils les auront tous quitté grâce à la force de ces mêmes armes, ou à cause manifestement de ces grandes manifestations de la rue en perpétuelle folie, elle aussi.

Et même, au plus fort et terrible moment de leurs tourments, ils croyaient tous pouvoir à l’ultime instant de leur inévitable chute encore être bien capables de renverser la tendance à leur profit et avantage, cherchant toujours à défier l’implacable histoire et sa tangible trajectoire.

Dans leur écrasante majorité, peu sinon guère initiés à pareilles hautes fonctions au sein de l’appareil de l’état, ils manquent presque tous de formation et de techniques de communication, dont leur usage ou recours forcé est très fréquent dans leur quotidien.

Mieux encore, en dépit de cet handicap de grande taille qui met à nu leur manque flagrant de culture générale et de la perception très subtile des menus indices propres à leur environnement, ils s’évertuent à nous paraitre, presque tous, comme les maitres absolus du pouvoir et des sciences dans leurs complexités et diversités jusqu’à vouloir faire vraiment de l’ombre sur les détenteurs de majestueux brevets et autres prix de très grandes distinctions scientifiques et artistiques mondiales. Comme roi, Louis XIV avait tous les droits de se vanter d’incarner l’état, puisque descendant d’une lignée de dynastie qui aura marqué de son emprunte et hégémonie l’histoire de toute l’humanité.

Mais eux, que cherchaient-ils de plus que cela?! Même si dans leur écrasante majorité, ils n’ont vraiment rien à voir avec cette lignée de rois, élevés, eux, dans les somptueux palais et autres traditions royales du dur métier de la haute gouvernance !

La raison est donc très simple : se sachant tous des rois sans couronne ou ayant fait intrusion par effraction dans leur royaume de république, ils continuent tous à consolider cet appareil répressif dans la perspective de se protéger contre d’éventuels soulèvements populaires. Ils auront presque tous fait pire que n’auront vraiment fait les véritables mauvais rois au sein de leurs royaumes. Et si Louis XIV avait seulement voulu incarner l’état dans la philosophie de sa gouvernance, eux, sans être pour autant des monarques, se sont accaparés de très solides républiques à leurs seuls besoins personnels, traitant leur peuple de ratons, de sales êtres, de mineurs politiques, de gens pouilleux et haillonneux… Kadhafi est d’ailleurs allé très loin dans les qualificatifs attribués à son peuple, leur disant même un beau jour : »qui êtes-vous…?! » C’est dire que la condescendance chez ces tyrans de l’ancienne époque historique n’avait aucune limite, ni même aucune pudeur !

Néanmoins, Abdennacer et Boumediene sortent carrément du lot. On peut les traiter de tous les mots des dictateurs de l’ère ancienne et la toute nouvelle, sauf qu’ils soient de quelconques corrompus. Ils ne pouvaient l’être d’ailleurs, eux, qui luttaient plutôt pour le triomphe de leurs idées plutôt que le faste de leur bien-être comme le faisait si bien tout le reste des autres dictateurs !

Longtemps après leur mort, leurs œuvres grandioses parlent encore d’eux, au sein de ces pays arabes qui n’auront malheureusement su procréer leurs semblables !

Eux étaient peut-être ce mal plutôt nécessaire. Le reste, tout le reste, ce n’était que ce mal endémique, tragique et catastrophique…

Bien avant d’y accéder, ils avaient tous en tète cette folie d’y parvenir un jour! Et une fois qu’ils y sont confortablement installés, ils se comportent tous tels des fous du pouvoir.

Et même si l’on sait que le pouvoir rend parfois fou celui qui l’exerce sans jamais penser à avoir à le quitter de son propre gré, un beau jour, s’y retirer au moment où il le faut est cette autre sagesse qui reste encore pratiquement inconnue chez presque tous les dirigeants arabes. Bien malheureusement, ceux qui avaient autrefois la folie du pouvoir sont ces autres fous qui nous gouvernent à présent ! Encore et toujours !

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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