La main étrangère
le péril extérieur… ne sont finalement pas une trouvaille de nos différents ministres de l’Intérieur. Elles ne sont pas estampillées made in DZ. Nous qui, dans notre crasse ignorance, tirions sur nos pauvres représentants du gouvernement qui se défaussaient,eux, sur cette invisible main étrangère qu’on nous servait à toutes les sauces. Tantôt, elle était verte, parfois gantée, souvent portant les traces de lèvres sur le dessus, mais toujours hostile, elle était là pour expliquer une pénurie de pain, un soulèvement tribal, une revendication ethnique, un projet mal finalisé ou des accusations de corruption portées contre les «mauvaises» personnes. Nous, on n’a fait que copier-coller ce qui existait bien avant le 1er Novembre. On n’a fait que reproduire des schémas bien rodés importés de l’extérieur. La main étrangère est un concept américain de chez américain magnifié et sublimé par les différentes administrations qui se sont succédé à la Maison Blanche. Mise en scène par les scénaristes d’Hollywood, la main étrangère a connu ses moments de gloire depuis la Deuxième Guerre mondiale changeant de doigt à chaque défaite de l’adversaire. La main rouge coupée après la chute du bloc de l’Est, les Américains se devaient de chercher un bouc émissaire pour exporter leurs problèmes économiques en dehors des priorités nationales. Ils avaient le choix entre les Chinois trop nombreux, les Coréens trop imprévisibles, les Arabes trop lâches et les Musulmans trop seuls. Hollywood, fabriqué par les usuriers juifs, a donc choisi les Musulmans pour en faire un parfait ennemi extérieur à abattre. D’une pierre deux coups. Relancer les films d’action avec en guest star un Arabe importé dans le rôle du méchant intégriste violeur de la démocratie occidentale et de l’héroïne, blonde au passage, et monter l’opinion publique contre le péril Vert qui menace le mode de vie américain et cherche l’anéantissement de la première démocratie dans le monde arabe, Israël. Cette main a eu pour thème tour à tour les Anglais, les Indiens, les Allemands, les Japonais, les Bolcheviques pour finir par se focaliser sous les traits burinés d’un Arabo-musulman kamikaze, coupable de tous les maux de l’Amérique. Le pays de l’Oncle Sam recourt à cette main à chaque nouveau mandat, à chaque crise économique pour transférer le mal en dehors de ces frontières. Faire la guerre aux Arabo-musulmans est devenu en lui-même une thérapie de choc pour unifier les rangs des Américains gavés de mal-bouffe et de violence ethnique. Alors rendons à César ce qui appartient aux States, cette main étrangère qu’on s’est appropriée pour en faire un épouvantail et fuir nos propres responsabilités dans la faillite d’un pays laissé à la dérive. Coupons une bonne fois cette main éternelle et faisons face à nos démons pour les extérioriser en les solutionnant une bonne fois pour toutes. Pourtant, cette lecture n’est qu’un scénario de science-fiction comme en raffolent les petits Américains et notre réalité a tout d’un film d’horreur.
La main étrangère n’est pas une production locale par Moncef Wafi
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2 septembre 2013
Moncef Wafi