Ce qui s’est passé ce jeudi avec le passage en force du candidat de l’Administration en place à la tête du FLN, aussi illustratif de la déliquescence politique du pays, n’intéresse pas grand monde à vrai dire. Hormis le cercle restreint de ceux qui
vivent à la périphérie des appareils de l’Etat, de ceux qui ne doivent leur existence qu’à des tours de passe-passe et à une indéfectible loyauté envers leurs maîtres, les querelles intestines au sein du vieux parti ne sont en fait qu’un éternel recommencement d’un scénario qui se joue depuis que l’indépendance de l’Algérie a commencé à se faire sentir du côté des frontières. La lutte pour le pouvoir a de tout temps consacré les fondements mêmes de l’Etat algérien où l’assassinat politique était une arme autant que la terreur généralisée et les élections à la chandelle. Que ce soit au FLN, au RND, dans les partis dits islamistes et même au sein des sigles insignifiants qui n’ont de militants que leurs présidents et un numéro de fax, les règlements de compte, les purges et les renversements rythment la vie de ces formations politiques à l’approche de chaque échéance électorale. Saïdani, Si Affif, Bensalah, Belkhadem ou Ouyahia, il n’y a que les têtes qui changent dans ce pays et les méthodes restent avec la bénédiction d’un système prêt à tout pour durer. Les analystes décortiquent les événements du FLN comme une volonté d’une partie du pouvoir, qui miserait sur Sellal, de barrer la route à l’autre partie qui elle voit en Benflis le futur président de la République. Une lecture qui vaut une autre tant que les contours de l’affaire ne sont pas suffisamment connues ou du moins pour les non-initiés, c’est-à-dire le peuple. Car comme dirait Fox Mulder, de X-Files, la vérité est ailleurs ! Où ? Sûrement pas dans les cafés ni au journal télévisé, version multiple. Peut-être chez les barons de ce pays mais certainement pas à la Une des journaux ni dans les institutions officielles. Alors où est la vérité dans ce pays ? Certains disent qu’elle a été assassinée, deux heures après avoir tiré la dernière balle de la Révolution. D’autres affirment l’avoir aperçue prendre le vol Alger-Ailleurs entre deux grèves d’Air Algérie. Des sources bien informées jurent sur la tête de tous les saints d’Algérie et d’ailleurs que la vérité a été emportée avec Boudiaf et qu’elle n’est pas près de revenir.
Les adeptes du complot assurent qu’elle est séquestrée avec les restes de Amirouche et d’autres voix appellent à sa libération pour que justice soit. La vérité est devenue en ces temps difficile une denrée aussi rare que des gestionnaires compétents et honnêtes et s’interroger sur son sort revient à demander après les disparus qui ont disparu de l’Algérie.
Pourtant la vérité est toute proche, juste-là, derrière les façades bétonnées de la République, à portée de main tout comme Chakib Khelil mais que vous n’atteindrez jamais tout comme Chakib Khelil du reste. Elle est entre les mains de ceux qui décident de l’identité du Secrétaire général du FLN, du RND et de toutes les lettres de l’alphabet. Elle est la propriété de ceux qui disent qui va en prison et qui s’enrichit sur votre dos voûté. Qui sera président et qui remplacera Chakib Khelil. La vérité est ailleurs, travestie, déformée, exagérée et surtout tue.
31 août 2013
Moncef Wafi