En effet, le citoyen des nouvelles républiques n’a plus le statut d’être humain du moment que les conditions de vie n’ont pas changé. Il demeure vrai que les colons étaient partis, mais les nouveaux élus étaient ébahis devant le luxe et la magie du trône. Il parait aussi que les nouveaux maitres des lieux avaient tous oublié le serment fait aux martyrs et de ce fait la malédiction était une fin probable pour ceux qui n’avaient pas su faire le partage des richesses et des postes de responsabilité. Les échos récoltés dans ces républiques parlent des nouveaux occupants des palais du pouvoir en oubliant la misère, la pauvreté et l’injustice pour lesquelles ils avaient pris les armes. On cite aussi l’arnaque faite à la mémoire des anciens, en fabriquant des histoires qui n’avaient rien avoir avec l’Histoire. Il parait que ces responsables avaient inventé des mythes et des légendes pour bien berner les foules avec des discours volés de chez les charlatans et les acolytes de Satan.
On raconte aussi que ces nouveaux maitres savaient parfaitement comment gagner la confiance et le silence des peuples meurtris par tant d’années de guerre et qui ne voulaient que vivre. Des peuples à qui on avait ôté toute espérance de jouissance en leur imposant une longue liste d’interdits. C’était aussi l’époque des barbouzes qui contrôlaient mêmes les pensées. Le citoyen n’avait pas le droit de réclamer ses droit du moment qu’il n’avait rien que des devoirs et toutes infraction à l’ordre établi conduisait son auteur à la prison. Il ne fallait pas sortir du plat ordinaire.
Les consignes étaient pour la momification des citoyens. Tous les présumés chefs étaient d’accord pour la fabrication d’un sérum qui pourrait faire hiberner les âmes indisciplinées. La misère bâtait le comble tandis que les nouveaux maitres construisaient encore plus de villas et achetaient des châteaux à l’étranger. Après des années de vampirisme et de despotisme, voilà le vent des libertés qui vint frôler les frontières des ghettos. C’était le vent des changements. Un vent chaud et troublant que les hommes au pouvoir voulaient le détourner comme ils avaient su détourner des milliards de dollars dans les banques des pays amis. Des voix étaient soulevées contre les régimes en place, mais rien n’a été fait du moment que les mêmes hommes étaient au commande. Quelques changements étaient opérés avec l’apparition d’une démocratie de carton. La même catégorie d’hommes est aux palais et les écrits et les cris ne gravitent même pas les marches du premier étage d’un ministère. Les nouveaux politiciens avaient appris le langage du cafouillage des mages. Ils avaient appris comment faire vivre les peuples dans l’attente, le suspense, le besoin, la peur et la souffrance. Les nouveaux responsables n’avaient pas l’intention de servir l’intérêt de leur peuple, mais à produire des êtres conditionnés sans identités, sans ambitions et sans rêves. Les gouverneurs avaient acquit une certaine maturité politique qui pouvait leur permettre de dominer le reste avec juste des regards. Un petit salut de leur part et le farouche opposant cède du terrain et redevient un intime confident. Les responsables dans les pays du tiers monde sont les causes de tous les maux. En effet, ce qui se passe chez nous est une copie conforme de ce qui se passe dans presque tous les pays pauvres ou émergents.
Les marchés ne dépeuplent jamais de mendiants et les couffins sont mal remplis. Les rues sont mal éclairées et les esprits sont mal aérés. Les terres ne produisent plus assez de blé et les plages sont polluées. Les salaires ne suffisent plus aux dépenses et les citoyens sont devenus tous des âmes sans forces. L’insécurité est devenue une coutume et le juge ne peut trancher entre l’agresseur et la victime. Le compteur de gaz et de l’électricité fait la course avec celui de l’eau pour juste faire noyer le locataire dans une retenue d’eau. Le travail ne s’arrête jamais et quand le vendredi arrive c’est le vendeur ambulant de l’eau de javel qui gâche la grâce matinée avec ses cris et hurlements. Les gazons autours des ronds points sont devenus un lieu de repos et les petits bassins des jets d’eau sont transformés en piscines par les enfants démunis. Les poubelles sont toutes pleines et les détritus jonchent les rues et vont bientôt envahir les maisons. Les fastfood ont remplacé les librairies et les repris de justice sont au commande des mairies. Les fous, les chiens errants et les mendiants se partagent les marchés et les boutiques et le gardiennage des voitures est devenu une nouvelle pratique. Les repas n’ont plus de saveur et les mamans et les épouses reçoivent des roses en plastique et sans bonne odeur. Les printemps ont été envahis par les automnes et les lions ne courtisent plus les lionnes. Les chercheurs et les penseurs ont quitté la cité et la médiocrité est maintenant la seule invitée. Les intellectuels préfèrent la passivité que de s’exposer dans un climat houleux par tant de violence et d’agressivité. Le temps à changé en faveur de l’escroc et du voleur et l’homme honnête patauge dans des malheurs. Tout est désordre et subtilité et les âmes sensibles n’apprécient guère ces changements des mœurs et des mentalités. L’argent a bafoué les règles et les rapports entre les hommes ne sont rien que de vulgaires tentations teintées de mensonges. L’amitié n’est plus une qualité et les discussions sont presque autour de sujet futile qui rabaisse la vérité. La franchise est proche de la bêtise et on apprécie bien l’homme qui divise. Les mosquées sont devenues des lieux d’affaires et de repos et non pas un endroit de prière et de méditation. Les chaines de télévisions vendent plus de mensonges en faisant de la publicité aux riches firmes et à ceux qui sont au pouvoir. La démocratie n’est qu’un slogan vide et perfide dans des pays qui vivent toujours avec l’argent des richesses éphémères. Il nous semble que tous ces pays avaient fait un saut en arrière avec le retour à l’idéologie de la démagogie. Même la fausse opposition est au service de ceux qui lui donnent des miettes. Notre vœu était de voir surgir les vérités cachées et qu’une plume courageuse les mentionnera dans le livre d’Histoire qui retiendra les noms de tous les voleurs qui s’étaient enrichis sur le dos du peuple. Notre désir était de voir une lutte franche pour l’obtention du pouvoir et non pas une démocratie boiteuse. Notre vœu était de voir la vraie démocratie qui fait parler les urnes et n’ont pas celui des fusils et des bombes. Nous avons souhaité voir la venue d’hommes nobles qui feront régner l’ordre, l’amour et la paix. Nous avons aimé voir des partis politiques assez puissants qui peuvent offrir des candidats valables et non pas des figurants qu’on paye après la fin du tournage. Notre souhait était de voir un champ politique réservé à des hommes capables de remplir des stades et non pas à des amateurs sans faconde qui peinent à rassembler une cinquantaine de militants. Notre espoir était de voir la condamnation de Moubarak et Ben Ali. Notre souhait était de voir le sourire sur tous les visages de ces frères inconnus qui sont si loin de nous, mais qui demeurent nos frères et nos amis. Notre vœu était juste un nouveau essor avec le départ de tous les anciens visages qui sont restés longtemps au pouvoir et qui ont fait tant de mal que du bien.
C’est de voir l’investissement en l’homme qui va sauver les pays du tiers monde des affres de la famine quand la pluie n’arrosera plus les champs. C’est insister sur le transfert des technologies qui peut apporter un plus aux économies des pays qui vivent des rentes du pétrole. Notre vœu est de focaliser sur la formation professionnelle et l’agriculture qui devraient prendre le relai pour que les enfants apprennent des métiers pour vivre et non pas attendre les aides de l’Etat pour réaliser des projets bidons. Pour finir, nous dirons que les pays pauvres et émergents ont toujours la chance d’accéder à des situations meilleures si les peuples savent déjouer les plans de ceux qui prétendent avoir du sang plus noble. Alors, sachez mes amis que nous sommes obligés à apprendre à vivre en paix, sinon nous serons condamnés à mourir tous ensemble comme des bêtes.
30 août 2013
Boutaraa Farid