Comme dans une pièce de théâtre, les actes sont déjà hiérarchisés, codifiés et bien comptés, les rôles depuis longtemps distribués, et les personnages-clefs suffisamment connus, eux aussi.
Il restera donc à choisir juste le moment propice pour annoncer à la foule le véritable héros de la pièce à jouer.
Entre le mois de décembre 2012 et celui d’aout 2013, huit longs mois se donc écoulés sans que l’on puisse pourvoir au poste de secrétaire général du parti du front de libération national (FLN), suite à ce vote qui avait manifestement retiré la confiance à Abdellaziz Belkhadem.
Faut-il pour autant, au besoin, rappeler que la seule fois où le parti du FLN a eu recours au verdict des urnes, ce fut juste afin de déchoir et virer -son secrétaire général en poste, non pour l’élire !
Mieux encore, de 1962 à ce jour, tous les premiers responsables du parti unique à travers la longue histoire de l’Algérie l’ont été suite à une »désignation dite de consensus ». Jamais à travers la sanction des urnes.
Et ce n’est pas aujourd’hui que la procédure va changer. Surtout que le parti en question a toujours été considéré comme le véritable levier ou vivier politique du pays. Autrefois, on l’associait à la préparation de cette recette-miracle à prodiguer à un peuple de misère. Désormais, il n’ouvre plus droit qu’à l’exécution en règle du scénario qui lui est pour l’occasion proposé par ces officines du pouvoir de l’ombre.
Seulement, au regard des nouveaux développements apparus tout récemment sur la scène politique régionale et internationale, ces procédés d’usage, autrefois assez probants, sont désormais rendus tous caduques ou inopérants, stériles ou peu féconds.
La pièce de théâtre, autrefois toute nécessaire pour les besoins de la mise en scène des élections présidentielles concoctées sur mesure au profit du candidat du pouvoir, ne semble pas cette fois-ci, être toute nécessaire. Sinon vraiment indispensable.
Tant les données géopolitiques ont totalement ou même fondamentalement bien changé, vu que cette médiocrité politique, autrefois érigée en règle de conduite générale, n’a plus aucun effet ni même la moindre emprise sur un peuple désemparé de son sort, encore moins de crédibilité à l’extérieur des murs algériens.
Durant tous ces huit longs et très pénibles mois qui se sont écoulés, tous les scénarii possibles et imaginables de nature à palier à la reconduction du locataire du temple d’El Mouradia, pour cause d’empêchement physique, auront tous été essayé -individuellement et à la foulée- mais sans grands succès, vu qu’il manquait à la donne au moins un élément-clef du puzzle.
Ces huit longs mois de réflexion se sont donc avérés être finalement juste huit pénibles mois de cassement de tête chinois ou de casse-pipe politique. Le laboratoire d’analyse et de prospective s’est vu contraint de bloquer son élan, par manque de visibilité dans son action.
La pièce de théâtre politique habituellement confectionnée à la mesure des ambitions des gouvernants du pays n’est donc plus de mise devant tous changements politiques que connait la région, eu égard notamment à ces chutes en série de ces tyrans arabes tous déchus de leur pouvoir absolu et remis aux poubelles de cette histoire désormais révolue de la contrée.
Se maintenir à jamais au pouvoir dans ce climat géopolitique de la région qui aura réussi à extirper de ses longues racines ces républiques bananières les plus puissantes du continent est donc devenu par la force de la nature et du changement social un risque majeur pour ces anciens-nouveaux gouverneurs du pays qui veulent tous défier l’histoire et son implacable raisonnement.
Les agitations multiples opérées à la tête de ce parti-appareil de l’état algérien montrent à l’évidence le peu de solutions qui se présentaient aux tenants du pouvoir à l’effet de faire administrer au peuple cette autre pilule de la même qualité et dimension que celles déjà connues par tout le monde, en raison de leur caractère trompeur et souvent très répétitif.
Les atermoiements et autres attitudes dilettantes dont aura fait preuve la direction provisoire du plus vieux parti politique de l’Algérie, à la recherche de cette voie du salut plus que nécessaire qui le ferait sortir de son impasse des plus naturelles, dénote ce manque de visibilité fragrant de cet appareil politique de l’état, resté tout le temps accroché aux basques d’un pouvoir, depuis longtemps déjà chancelant.
Tout ce beau monde-là, suspendu à cette longue et terrible maladie d’un président en fin de mandat, attendait son retour aux fins d’en connaitre davantage sur le contenu de cette boite de pandore, afin de mieux concevoir plus tard la stratégie d’attaque politique appropriée à engager sur le terrain des opérations.
L’attente fut tout de même longue ! Très longue ! Il eut fallut que ces évènements politiques nouveaux, intervenus entre-temps en Egypte, soient tous favorables à une telle option, peu probable il y a juste quelques semaines, pour que l’on faille, à l’ombre de tout cela, du côté du plus vieux parti politique de la nation accélérer davantage la cadence et fixer la tenue de son comité central à une date considérée comme très rapprochée dans le calendrier du temps imparti à son organisation.
En haut lieu comme au plus bas étage du parti-nation, tout le monde semble avoir trouvé la bonne solution. Depuis lors, il faut aller vite en besogne. Tant que climat politique régional demeure (apparemment) bien favorable.
Ainsi, le puzzle relatif à la tenue des présidentielles aura été de fond en comble totalement recomposé, épousant la tendance politique du moment.
La vielle garde se tient désormais sur ses gardes. Très vigilante, elle tient bonne gade. Elle a vraiment peur de perdre à jamais ses appuis, le pouvoir, ses nombreux avoirs, la bonne clef de la cité, le contrôle des urnes, la face et ses interfaces, la bonne grâce et le grand faste de la gouvernance du pays
Raison pour laquelle, elle compte mettre désormais à contribution cette sémantique de l’arnaque acquise à coup de ruse et de patraques, afin de dérouter avec toutes les stratégies de l’opposition tendant à la déchoir de son huppé perchoir.
L’histoire de son roman de flatterie à haut vol est maintenant bel et bien prête, ficelée et finalisée ; il ne restera plus qu’à la porter immédiatement et sans délais à l’écran, afin de duper avec ce peuplement de nombreux ou scabreux attentistes, de misérables »je m’en foutistes » et enfin de véritables opportunistes.
A défaut d’un possible quatrième mandat au locataire actuel du palais d’El Mouradia, on se préparera activement à faire sérieusement dans la quadrature du cercle politique, cherchant toujours après ce plat réchauffé pour berner avec ceux qui croient encore au changement à la vue d’un nouvel emballage du produit proposé ou du maquillage que porte l’heureux élu, candidat de son état aux commandes du pays.
Après qu’il soit à présent très difficile de refaire ou de reproduire ces scénarii à l’ancienne qui propulsaient vers les cimes de la responsabilité de l’état algérien ces autres ou possibles candidats du consensus, considérés comme les moins mauvais, sinon ceux de cette transition sans vouloir verser dans la trahison de l’histoire du pays, il ne leur restera plus qu’à innover dans le slogan à proposer afin de juste s’éloigner de »L’homme qu’il faut à la place qu’il faut » ou de »Pour une vie meilleure », jugés tous les deux comme dépassés par le temps et les évènements.
En haut lieu, le règlement de cette crise qui dure et perdure du parti du FLN règlera à coup sûr au profit du pouvoir en place les prochaines élections présidentielles. Il ne restera plus qu’à administrer la même dose ou le même remède à l’autre frère-ennemi afin de s’appuyer dessus telles de véritables béquilles pour forcer le destin à l’histoire et imposer à terme leur logique ou point de vue.
Le reste, tout le reste n’est que discours de circonstance qu’il faudra plus tard bien préparer dans la perspective de dédouaner le parti de toutes les accusations qui lui seront portées par l’opposition.
La présidentielle de 2014 s’annonce plutôt indécise, compte tenu des nouveaux paramètres de son déroulement et de l’essoufflement des gouvernants algériens à imposer au peuple les mêmes arguments qui les maintiendraient encore en poste ainsi que le même rythme qu’autrefois.
Le temps aura déjà dicté sa loi. Sa propre loi. On ne peut pas demeurer indéfiniment ce maitre des céans absolu de tous les temps. Surtout qu’alentour, tout a été changé pour l’occasion. Il y va de la force de l’âge.
Et il n’y a qu’à porter un regard furtif sur tous ces dinosaures d’autrefois et de toujours de ce parti-état dans tous ses états, dont les lettres de noblesse auront été ternies avec le temps pour s’apercevoir de ce »sur-place » qui y est administré comme mode durable de fonctionnement.
Jouer encore à ce théâtre à la place de la véritable politique d’avenir ne mènera sûrement nulle part. Sauf à ce scénario-catastrophe que tout un chacun craint de le voir s’installer dans la durée.
Entre cette pièce de théâtre à laquelle l’on convie tout un public de différentes tendances et différents horizons et celle qui nous est à présent proposée, en guise de préambule aux présidentielles de 2014, il existe cependant cette nuance à faire entre le jeu dans l’art qui instruit et divertit et celui destiné à tromper tout son monde.
30 août 2013
Slemnia Bendaoud