Dans les pays arabes, ils seraient quelques milliers et en Afrique quelques centaines. Beaucoup d’entre eux «ont bien réussi, à l’image de nos ressortissants en France». Aux État-Unis, près de 4 000 Algériens travaillent dans le secteur de la santé ! Et c’est une émigration récente.
La liste est loin d’être exhaustive. Ces originaires d’Algérie «n’ont de cesse d’affirmer leur appartenance au pays de leurs racines». «Ils ont l’amour du pays chevillé au cœur et reviennent toujours» (Ismail Guellil, Le Quotidien d’Oran, jeudi 27 juin). Encore que «l’abandon du mythe du retour s’impose, sauf pour un nombre très restreint».
Alors, se demande-t-on, pourquoi ne parviennent-ils pas à se constituer en diaspora, organisée ou non, influente, dans leur pays d’accueil et même d’interlocuteur de poids dans celui de leur pays d’origine ? Une question récurrente posée tant par les journalistes que par les citoyens Algériens en Algérie. Personne, parmi les analystes et les observateurs, sauf, peut-être, les «politiques» (et les animateurs d’associations qui leur sont proches) dont on connaît l’art d’esquiver les questions gênantes, n’a encore trouvé de réponse.
L’individualisme (ou l’égoïsme) croissant de nos concitoyens, d’ici ou d’ailleurs ? Le rejet de tout moule organisationnel jugé castrateur ? La méfiance à l’endroit des initiateurs d’organisations (politiques, syndicales ou culturelles)? Le souci de rester «libre» de ses idées, de ses biens et de ses mouvements, ou de bien profiter de sa liberté, enfin retrouvée, après des décennies d’«organisations nationales» imposées par le haut ? L’habitude, là aussi, de ne compter que sur le «soutien» de l’Etat ?
Une chose est certaine : cette question s’est transformée, peu à peu, au sommet (si tant est qu’il y a un sommet précis, spécialisé dans le domaine et, surtout, stable), en un véritable «casse-tête». Tous les «décideurs» chargés, un temps ou longtemps (pas très longtemps, en général), de la communauté algérienne à l’étranger s’y sont «cassés» les dents et, malgré les échecs répétés, on continue à lui (la diaspora !) demander, sinon une participation active, engagée, directe ou indirecte, aux affaires du pays, du moins son «soutien»… comme organisation(s), ou comme lobby (ies), ou comme groupe (s) de pression, ou comme formateur, ou comme investisseur… ou… ou… On a eu déjà droit à plusieurs conférences «internationales» (à Alger) sur le sujet et un gros lot de recommandations et de propositions, toutes ayant échouées. Car, malgré les discours, on n’arrive jamais à se dépêtrer des schémas du passé. «Amicale des Algériens en Europe», quand tu nous tiens !
Donc, pour l’instant, alors qu’elle croît, au fil des ans, de façon vertigineuse, malgré les blocages clairs ou insidieux des pays hôtes ou «ciblés», mis à part les rares «élus» à l’Apn (dont la nécessité, le poids et l’influence, même lors d’élections, sont à interroger ), l’échec est quasi-patent .
On se retrouve dans une situation quasi-ubuesque : un Etat quémandant sans cesse la participation de citoyens algéro-étrangers à la vie du pays et des «étrangement algériens» qui demandent à être «accueillis» sinon en «sauveurs» du moins en «enfants prodig(u)es». Un Etat qui, grâce au retour massif tout à fait traditionnel des «émigrés», durant les congés et les vacances, ne trouve son compte que dans le «gonflement» les statistiques touristiques du pays, évitant de se pencher sur les dépenses réelles sur le terrain et sur les entrées ou tranferts de devises fortes et déclarées.
La situation est même, à certain moment, dramatique : Beaucoup d’escrocs (les plus grands noms sont connus de tous les citoyens et, étant donné les lenteurs judiciaires nationales et internationales (sic !), ils sont devenus, pour bien des jeunes, des cas à «imiter» ou cités en exemples de réussite (re-sic !). Ils n’ont pu échapper (ou faire traîner en longueur les choses) à la Justice, après avoir «dépouillé» le pays de son argent, que grâce à la couverture d’une autre «nationalité» (parfois gardée dans la clandestinité le temps de «préparer le terrain», de s’en «mettre plein les poches» ou de se «refaire») ô combien protectrice de ses nouveaux citoyens qui lui ont apporté «beaucoup d’argent». La plupart sont devenus «gros propriétaires» et notables «respectés».
La France n’est plus destination favorite, sauf pour certains nostalgiques qui y trouvent des facilités en raison de liens particuliers entretenus soit depuis 62 ou même avant, soit lors de l’exercice de responsabilités, soit par le biais «d’affaires». Le spectre s’est élargi à l’Australie, au Canada, à la Russie, à l’Ukraine, à l’Afrique du Sud, au Luxembourg, à la Grande Bretagne… et même à l’Islande quand ce n’est pas à la Mongolie extérieure ou le Groenland. Plus rien n’étonne. Les raisons des départs sont tout aussi nombreuses que variées. La recherche d’un (bon) emploi certes, mais, aussi, la recherche d’une autre qualité de vie. Moins de contraintes sociales, plus de liberté de circuler, de penser et de dire, plus de loisirs, plus d’espoirs pour les enfants quand on en a. L’âge aussi a crû.
Ce ne sont plus seulement des jeunes de 20-25 ans qui partent, mais aussi des seniors qui, la retraite venue, «liquident» tout et s’en vont rejoindre qui des amis, qui les enfants, qui un ancien employeur. Et, cela ne concerne pas seulement les hommes mais aussi beaucoup de femmes. Et, cela ne concerne pas que les «occidentalistes»,… mais aussi les arabistes et les islamistes, les nationalistes et les conservateurs…
Bien sûr, il ne s’agit nullement d’abandonner à leur sort les enfants du pays installés à l’étranger. Il s’agit seulement de les laisser assumer pleinement et en toute liberté leur sort, s’organiser en associations ou en lobbies, ou en forces de propositions là-bas et ici, sans attendre ni quémander l’aide ou le soutien du pays d’origine, car la plupart, sinon la totalité (mis à part les travailleurs des années 40-50 et 60 et les réfugiés politiques des années 60-70 et les intellectuels et journalistes ayant fui le terrorisme des années 90), tout particulièrement les cadres et les élites, ont choisi (ou ont été «obligés» de choisir) leurs nouvelles patries en connaissance de cause.
Il sagit, aussi, surtout pour les plus introduits d’entre-eux, (sont-ce,effectivement, les plus méritants, pour paraphraser un de nos brillants analystes ?), de ne pas tenter, par des discours économiques ressemblant plus à des prêches qu’à des théories adaptées aux réalités de «notre» pays, à se faire valoir auprès des masses et à «forcer la main» aux décideurs en se présentant comme «des compétences calibrées au standard mondial» pour emprunter une belle formule de El Kadi Ihsane . La preuve : on voit (désormais) des experts (des chercheurs, au demeurant respectables et respectés), s’activer partout, mais on ne sait plus qui croire tant leurs thèses (sur le sujet devenu «bateau», au fil du temps et des débats, de la «bonne gouvernance») s’opposent et, par presse interposée, souvent, se «rentrent dedans». Il y en a même un autre, après son échec lors de son passage (????) dans un ministère algérien (Trésor, pardi !), de nationalité suisse depuis 2000, vivant à Genève depuis 27 ans, sétant présenté, là-bas, trois fois (trois échecs) à des élections, qui a le culot (décidemment, on aura tout vu, tout subi) de vouloir se présenter à la présidentielle algérienne 2014.
D’autres illustres inconnus l’ont imité… Ils ont des sous. Beaucoup de sous. Ils en veulent encore plus. Décidemment, le ridicule, en politique algérienne, ne tue plus. Il peut, tout au plus, immobiliser.
30 août 2013
Belkacem AHCENE DJABALLAH