On n’arrête pas de se demander pourquoi toutes ces peaux de banane jonchent les couloirs des hautes sphères. Qui de nous ne s’est pas demandé pourquoi des amis de longue date peuvent s’entretuer pour une promotion, une place au soleil? Dans un même parti, des types qui défendent les mêmes idées magouillent et chacun veut être au sommet. Si ce n’est pas la députation, c’est le Sénat. Si ce n’est pas la mairie, c’est l’Assemblée de wilaya. El guirra est partout. Qui sera le président de tel syndicat? Qui sera nommé à la tête de telle entreprise? C’est en lisant cette fable adaptée de sieur de La Fontaine que j’ai un peu compris. On l’appellera le «Corbeau et la gnina».
Le corbeau sur un arbre était perché à ne rien faire toute la journée. Un lapin, ou une gnina, voyant ainsi le ghrab, l’interpelle et lui dit aussitôt: «Moi aussi comme toi, puis-je m’asseoir et ne rien faire du matin jusqu’au soir?». Le corbeau lui répond de sa branche:
«Bien sûr, amie à la queue blanche, je ne vois pas qui pourrait empêcher le repos de la sorte recherché».
Blanche gnina s’assoit alors par terre et, sous l’arbre, reste à ne rien faire; tant et si bien qu’un renard affamé, voyant ainsi le lapin somnoler, s’approcha du rongeur en silence et, d’une bouchée, en fit sa pitance. Moralité: pour rester ainsi à ne rien faire, il vaut mieux être haut placé.
Il y va ainsi de nous autres. «Moi, je trime toute la journée pour que les autres la mangent bel messak, alors, je ne vois pas pourquoi je m’épuise à l’œuvre». C’est valable dans tous les domaines.
Ainsi, on s’est tous retrouvés assis sous la lumière des torchères, à somnoler et à nous raconter des histoires, jusqu’au jour où, épuisés par la famine, on se réveillera rampants.
22 août 2013
El-Guellil