Avant-hier, l’Algérie a commémoré les émeutes du 20 Août 1955 qui ont duré des semaines, dans le nord constantinois, réprimées dans le sang des milliers d’Algériens qui ont témoigné leur solidarité à nos frères marocains révoltés contre l’exil, du défunt Roi, Mohamed V , à Madagascar.
A cette époque, les peuples maghrébins commençaient, à peine, à s’éveiller de leur léthargie et donc décidés de faire tomber les barrières de la désunion sans pour autant, hélas, qu’ils puissent se débarrasser de leurs désaccords qui les ont fait reculer, durant siècles, aux fatalismes et fanatismes.
A ce propos, pendant l’exil du roi, des centaines de milliers de familles marocaines ont affirmé qu’elles ont bel et bien vu, la nuit de l’été 1954, sur la lune, leur monarque sourire et les saluer. A l’évidence, les anciens réflexes ont la peau dure. En principe, après plus d’un demi-siècle, il est temps pour les gouvernants maghrébins d’instaurer de nouvelles méthodes de gouverner et des climats de confiance et de pertinence.
L’année 1956 était celle de la plate forme de la Soummam instituée par le Congrès du FLN-ALN organisé dans la 3éme Wilaya historique dite de la Grande Kabylie. Cette année aux multiples périls internes, dont l’oiseau bleu précurseur de la fameuse bleuité créant un climat de suspicions voire de schizophrénie au sein de l’ALN et du FLN, d’où la naissance du pouvoir politique dissocié, voire instable, entre méfiance dictatoriale et logique autoritaire.
C’est aussi le début des dénonciations coïncidant avec les opérations de ratissage faisant des ravages notamment au sein des populations rurales paupérisées. Paradoxalement, c’est à partir de l’été 1956 que la mobilisation, des jeunes gens citadins et ruraux, s’est considérablement accrut.
A partir de ce moment charnière et décisif, pour la suite des événements, le noyautage, des jeunes militants et maquisards lycéens et universitaires, s’est davantage intensifié, dans les grandes villes, parfois sans qu’ils le sachent à temps. Ce qui a provoque une délétère ambiance, de suspicions et d’antagonismes, entre ruraux et citadins, monolingues et bilingues, FLN contre MNA , efficacement entretenue par les redoutables services spéciaux de l’administration coloniale.
C’était, en effet, le temps de la contre-révolution et anti guérilla qui vont s’accentuer durant les années suivantes. En d’autres termes, la Révolution commençait déjà à manger les têtes de ses meilleurs enfants. A ce sujet, on dit aussi : qu’elle est planifiée par les penseurs, mise en application par les braves fonceurs, et ce sont des lâches et les dénonciateurs qui profiteront de ses acquis d’avant et après la libération des peuples.
Les principaux concepteurs, de la plate forme de la Soummam, ont été étranglés par leurs compagnons d’armes : les défunts Abane Ramdane ( trompé en Egypte et étranglé au Maroc ) , Krim Belkacem ( étranglé en Allemagne) , ou dénoncés et tués par les forces militaires coloniales : les défunts Ben Mhidi étranglé, Ben Boulaid éliminé par un transistor à la dynamite, Didouche Mourad criblé de balles peu de temps après le 1er Novembre 1954, Zighout Youssef tué après le congrès de la Soummam ; sinon trahis et emprisonnés : les défunts Ben Bella, Boudiaf, Ait Ahmed encore vivant, Bitat, Khider . La révolution est ainsi faite. Pareille à une chatte qui mange ses chatons !
En revanche seul le peuple Algérien était invulnérable et se sentit capable d’affronter, tel un lion faisant la Loi dans la brousse, tous les dangers et les manipulations. Il était fidèlement respectueux du serment qui lui a été donné, dans le feu du combat libérateur, par les martyrs qui ont juré de vaincre l’oppression coloniale. Kassamane, chantaient-ils, avant de mourir. En effet, ils ont préféré le sacrifice suprême au lieu de vivre et voir une l’intolérable. Ils étaient visionnaires !
Après tout ce temps passé, il existe des couches sociales, de certains pays Maghrébins, qui ont peu profité des fruits de la victoire. En plus, elles croient encore aux histoires extravagantes du genre qu’il existe des êtres surnaturels, infaillibles, voire immortels. A l’exemple de ce qui a été décrit en introduction de l’article En effet, ils promettent monts et merveilles et des miracles et qui, en fin de compte, n’offrent que des illusions aux pauvres gens mais, qu’en revanche, laissent les caisses, du trésor public, grandes ouvertes, aux plus riches voleurs
Alors ces groupes, pullulant dans le monde arabe, qui se sont «enrichis» rapidement, ont d’énormes intérêts politico financiers, à sauvegarder et surveiller, tels des animaux de proie à l’affût, n’hésiteront jamais d’utiliser tous les moyens afin de mystifier davantage les couches sociales égarées et incapables d’affronter les difficultés et de maîtriser les enjeux et défis actuels.
Il serait utile d’ajouter que les révolutions ont des attitudes caressantes et envoûtent, telles des chattes, ceux qui se prétendent neutres et ne prennent pas position et se proclament défenseurs uniquement des intérêts suprêmes des peuples.
A la fin, sans qu’ils s’en rendent compte, ils sont complètement pris dans ses griffes. Et si les chattes ont de la rage, alors ceux qui les approchent seraient à leur tour des enragés. Comme elles !
22 août 2013
Ali Brahimi