Samedi 17 Aout 2013
«Extradition imminente de Chakib Khelil: juste après celle de Moumen Khelifa!» Kurzas
Il n’y a rien de plus désagréable qu’une mise au point. Je sais bien que tous les gens qui s’expriment peuvent se tromper un jour ou l’autre: que leur langue fourche ou que leur plume dérape et c’est une avalanche de reproches amicaux ou hostiles qui tombe. La plupart du temps, il s’agit d’une négligence de l’auteur qui, pris dans la tourmente des mots, se trompe du terme précis qui aurait exprimé sa pensée avec une plus grande clarté. Ainsi, celui qui écrit dans un quotidien doit peser plusieurs fois ses mots avant de les balancer: une personne accusée, mise en examen ou inculpée, a un statut différent d’une personne condamnée par le glaive impitoyable de la Justice. Et une rumeur n’est jamais qu’une rumeur, même si elle est fondée sur une réalité criante. Mais on vit dans une ambiance si pleine de suspicions, qu’il suffit de l’omission d’un conditionnel pour que l’on prenne les vessies pour des lanternes. Donc, l’auteur doit s’avancer avec précaution sur un terrain miné. Il arrive aussi qu’il oublie inconsciemment un détail important et qu’il invente à son corps défendant une fiction qui ne colle pas tout à fait avec la réalité. Ainsi, ce matin, en attendant l’arrivée de notre sympathique livreur de figues fraîches, un homme fort aimable et plein de civilité qui chaque année, à la même saison, se plaît à nous rappeler à la tradition en nous offrant, pour une somme modique, un panier de ces délicieux fruits qui adoucissent la réputation de la Kabylie, mon voisin et ami Rabah, n’est pas allé par quatre chemins pour me reprocher vertement une petite erreur qui s’est glissée dans mon dernier récit. Il m’apostropha d’une manière abrupte: «Je ne sais pas pourquoi tu es monté contre les chauffeurs de taxi, mais je dois te dire que tu as commis un grave impair en affirmant que le compteur a disparu de ces véhicules qui rendent un inestimable service aux gens qui en ont besoin. Je pense qu’il y a longtemps que tu n’as pris un taxi ou alors, tu as complètement perdu la mémoire. Donc, pour ta gouverne, sache que cet accessoire équipe toujours les taxis et que les chauffeurs honnêtes l’utilisent constamment. Maintenant, pour ce qui est de la fâcheuse habitude qu’ont prise certains délinquants qui proposent des tarifs prohibitifs en lançant un vilain néologisme qui fait aussi mal aux oreilles qu’au porte-monnaie: «Coursa!». Un mot que les bâathistes, dans leur noble et impossible entreprise d’arabiser un environnement miné par la mondialisation et l’analphabétisme, n’ont point songé à bannir du langage quotidien en le remplaçant par un vocable plus doux, aux sonorités qui rappellent les splendeurs andalouses. «Coursa!» On dirait une insulte ou une invective menace lancée à un animal dangereux. Ce n’est pas la faute aux chauffeurs de taxis si des individus sans formation aucune et dont l’unique qualité est de posséder un véhicule. Tu ne peux pas te rendre compte du nombre de démarches et des nombreux documents que doit fournir tout citoyen pour pouvoir accéder au statut enviable de chauffeur de taxi! Je pense sincèrement que toutes ces démarches n’ont été créées que pour décourager les plus téméraires: alors, comment expliquer l’impunité dont jouissent les contrevenants. Car en plus du permis de place et de l’agrément, il faut trouver où louer une licence. Ce qui explique l’insuffisance des chauffeurs de taxi sur le marché. En outre, mets-toi dans la tête qu’entretenir un véhicule soumis au régime des embouteillages incessants et permanents, grève le budget d’un père de famille d’une manière conséquente: un véhicule est un gouffre sans fonds d’investissements.»
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21 août 2013
Selim M'SILI