Lundi 24 Mars 2008
Nous sommes entrés dans l´ère du «village planétaire», nous dit-on. Le développement des nouvelles technologies de communication et d´information a rendu le monde proche, intime, nu. Aujourd´hui, l’information et la communication sont des armes redoutables et stratégiques pour toute organisation, institution, nation ou groupe d´intérêt qui ne souhaite pas être laissé en marge du monde qui avance sous les coups de boutoir de la mondialisation. Lorsque l´on apprend la part financière dans les budgets des entreprises et institutions publiques et privées réservée à la communication et l´information, on saisit mieux pourquoi les uns gagnent et les autres perdent. Cette «guerre» médiatique tous azimuts est si évidente pour ceux qui ont conscience que nous avons changé de millénaire, qu´elle est menée à la lumière du jour, sans complexe et sans état d´âme sur tous les terrains, notamment sur les places internationales fortes, où les décisions qui ont une portée vitale pour les peuples sont prises. Parmi celles-là, Bruxelles, capitale de l´Union européenne, siège de l´Otan et bien d´autres organisations, est l´exemple type de ces lieux de confrontations où se jouent et s´élaborent des politiques pour l´avenir, non seulement des peuples européens, mais aussi vis-à-vis de ceux de leurs partenaires. Et nous en faisons partie. L´UE ne cesse, en particulier depuis 1995 et le lancement du processus de Barcelone, de frapper à nos portes à coups de projets, dont le dernier-né, celui dit de «l´Union pour la Méditerranée» devrait, au lieu d´être dénoncé par le langage du syndrome «néocolonial», nous interpeller sur les raisons de notre inertie et notre incapacité à offrir une quelconque politique de partage sérieuse à l´Europe. Nous critiquons et dénonçons les offres européennes. Nous ne sommes ni actifs, ni offensifs. Nous subissons. Et le domaine de l´information et de la communication, pour ce qui nous concerne dans cette chronique, n´échappe pas à cette règle de prise d´initiative sur l´autre. Les journalistes algériens représentants de la presse nationale à Bruxelles rencontrent quotidiennement dans les coulisses des institutions européennes et l´Otan, diplomates, militaires, lobbyistes, responsables politiques, élus…de bien de pays européens et non européens. Nous recevons des invitations pour des anniversaires nationaux, pour des points de presse et parfois pour un simple verre de l´amitié d´ambassades et organisations internationales de tous genres. Ils font de la communication et de l´information pour l´image de leurs pays ou groupes d´intérêts. Ils ne sous-estiment aucun média d´un quelconque pays, aussi loin géographiquement soit-il, du continent européen. Ils font de la diplomatie proactive. François Moinet, journaliste français, spécialiste de la communication écrit: «L´intelligence est le croisement de l´information et de la stratégie.» Cinq siècles avant J.-C., Hérodote affirmait que «le pouvoir n´est rien, seul compte l´influence». En 2007, les éditions «la Découverte» publiaient un essai des auteurs américains, John Mearsheimer et Stéphen Walt, intitulé «Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine». Ce que tout le monde savait, eux, l´ont décortiqué en mettant à jour la prise en charge, notamment, des circuits de l´information par les lobbys américains pro-israéliens. A Bruxelles, au 39, avenue des Arts, se trouve l´Institut européen des affaires publiques et du lobbying (Eipal). D´éminents hauts responsables politiques y enseignent. L´ancien président français, Valéry Giscard d´Estaing, comme l´ancien Premier ministre belge, Jean Luc Dehanne et bien d´autres, donnent des cours à des managers, diplomates et…journalistes intéressés. C´est pour dire combien l´information et la communication sont, à leur corps défendant, identifiées par certaines sphères de décision à du travail de lobbying. Du 14 au 17 avril prochain, plus de 10 journalistes algériens du service public et privé seront, sur invitation de l´UE et dans le cadre du programme Meda, à Bruxelles pour un séjour d´information, d´échange et de contact. Que font les «stratèges» de l´information et de la communication chez nous et ailleurs, dans le monde pour l´image et les intérêts du pays? Peut-être attendent-ils qu´«Euronews» lance officiellement sa chaîne d´infos en continu le 12 juillet prochain à partir de l´Institut du monde arabe, pour s´enorgueillir et se féliciter d´une victoire du monde arabe. Sans avoir livré bataille, bien sûr.
bouzinamed@yahoo.fr
21 août 2013
M’hammedi Bouzina Med