Par Ahmed BEN ALAM
Qui faut-il croire, Zarkaoui 1 ou Zarkaoui 2? Celui qui annonce avoir enlevé Belkadi et Belaroussi puis les avoir exécutés, ou celui qui affirme qu´il n´en est pas l´auteur? L´argument le plus fort avancé par Zarkaoui sur son site a trait à la rencontre qu´il aurait eue avec des agents algériens – rencontre filmée dont il aurait la copie – auxquels il aurait affirmé ne pas être l´auteur du rapt, tout en proposant son aide pour la libération des diplomates algériens?
Dans cette dramatique affaire, qui a mis toute l´Algérie en émoi, on peut donc supposer aujourd´hui qu´il y a un troisième larron. Qui est-il? Par qui est-il manipulé? Quels sont ses objectifs? Et pourquoi a-t-il visé spécialement l´Algérie?
Relevons au passage l´empressement du Gspc, d´Ali Benhadj et de Abassi Madani, qui ont tenu à féliciter ceux qu´ils appellent les «Moudjahidine», encourageant l´assassinat de nos deux ressortissants. Toute l´Algérie se souviendra de ce comportement indigne à un moment très délicat pour tous les enfants de ce pays, pour nous demander quelles sont les parties qui auraient intérêt à porter atteinte à la voix de l´Algérie à l´étranger. Si on reliait entre eux les trois partis pris (GSPC et ex-responsables du FIS) on pourrait imaginer qu´un groupuscule algérien, agissant en Irak, a pu imaginer et mettre en scène le rapt des deux diplomates, à l´effet sans doute d´obtenir la libération de Abderezzak El Para, ou de quelqu´un d´autre. Le fait est que le manque de communication du gouvernement algérien, et singulièrement du ministère des Affaires étrangères, n´a pas aidé à comprendre tous les dessous de cette affaire. En tout état de cause, le communiqué de Zarkaoui, qui porte son démenti dans cette affaire, confirme bien ce qu´ avait affirmé Mohamed Bedjaoui, le chef de la diplomatie algérienne, à savoir qu´il y avait eu un contact avec les ravisseurs. Il apparaît que ces derniers ont trompé tout le monde, aussi bien les autorités algériennes que Zarkaoui lui-même, auquel le rapt puis l´assassinat des otages algériens a été imputé. Il faut maintenant faire toute la vérité sur cette affaire douloureuse, aussi bien pour les familles des victimes que pour tous les Algériens, qui ont été très touchés par l´assassinat de ces deux ressortissants. Si Zarkaoui, comme il l´affirme sur son site, est innocent de cet acte odieux, cela nous amène-t-il à penser qu´un autre groupe, toujours lié à El Qaîda, mais concurrent de Zarkaoui, ait agi de son propre chef? Ainsi, il ne suffit pas que l´Algérie ait été offensée, mais il faut en plus qu´il y ait double ou triple traîtrise : traîtrise quant à l´identité réelle des auteurs du crime, elle-même s´ajoutant à celle du GSPC et d´Ali Benhadj. On pourrait aussi imaginer que le but recherché par ces derniers concerne le torpillage de la réconciliation nationale et l´arrêt de la violence en Algérie, un scénario qui, apparemment, dérange leurs plans. Cela dit, quelle que soit la partie qui a organisé cet acte ignoble, le fait de se cacher derrière Zarkaoui doit amener ce dernier à chercher lui-même qui a voulu l´incriminer malgré lui, pour l´entraîner dans la guerre avec l´Algérie. Il y a eu donc un double crime. Primo l´enlèvement et l´assassinat. Deusio: le flou et le mensonge entretenus quant à l´identité réelle du groupe qui a commis le rapt. La question qui revient en pareille circonstance est: à qui profite le crime?
Quand on aura répondu à cette question, on aura le nom des criminels. Pour cela, il faudrait d´abord avoir toutes les informations en main, et le moins qu´on puisse dire est que le ministère des Affaires étrangères n´a pas fourni suffisamment d´informations sur le sujet, péchant comme d´habitude par un déficit en communication.
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20 août 2013
Ahmed Ben Alam