Par Ahmed BEN ALAM
Si le gouvernement prend l´initiative de légiférer sur la lutte contre la contrebande, en endossant un projet d´ordonnance, c´est que le phénomène ne cesse de prendre de l´ampleur. C´est devenu un véritable fléau, qui montre la fragilité de l´économie algérienne. Tout le budget du pays repose sur les recettes tirées de la seule exportation d´hydrocarbures, qui atteindra cette année quelque 40 milliards de dollars.
Mais déjà on dit que rien qu´au premier semestre 2005, l´Algérie aura importé pour près de 11 milliards de dollars, dont 3 milliards vont au secteur des services, plus de 525 millions de dollars au médicament et près d´un milliard aux véhicules.
Ces trois chapitres, ajoutés à celui de la facture alimentaire, représentent les faiblesses structurelles de l´économie algérienne. On voit que toute la réglementation algérienne est faite pour bloquer le développement du secteur des services (toutes branches confondues: tourisme, transport, finances et banques, communication et nouvelles techniques de l´information). Pour l´instant, seule la téléphonie mobile est sortie de la zone rouge, avec la vente de deux licences aux privés. Mais les autres branches piétinent ou sont carrément bloquée: aussi bien la réforme bancaire que l´ouverture de l´audiovisuel sont renvoyées aux calendes grecques et coupent l´herbe sous les pieds des investisseurs et grèvent la promotion de la petite et moyenne entreprise, qui représente dans tous les pays le facteur de la croissance et de la création d´emplois, tout en fournissant des créneaux où l´initiative et le savoir-faire sont porteurs de valeur ajoutée et constituent les rampes de lancement des produits exportables. C´est-à-dire que dans ce domaine comme dans d´autres, la seule politique de répression ne suffit pas, si elle n´est pas accompagnée de mesures incitatives, ou tout au moins de la levée des contraintes qui bloquent l´expression des énergies et du savoir-faire national. L´entrée en vigueur de l´accord d´association avec l´Union européenne mettra à nu justement ces faiblesses structurelles de l´économie algérienne, puisque les entreprises algériennes seront confrontées à leurs homologues européennes mieux outillées, et bénéficiant déjà des facilitations bancaires et réglementaires accordées dans leurs pays d´origine, notamment avec beaucoup moins de bureaucratie.
En classant la contrebande dans la catégorie du crime organisé, le gouvernement a fait un premier pas, mais il est resté dans l´analogique, alors que le monde entier est passé au numérique. Ce genre de retard fait que nous sommes toujours en retard par rapport aux autres pays, inventeurs et utilisateurs de la technologie. Par exemple, le e-commerce, qui partout est entré dans les moeurs, est quelque chose de tout à fait inconnu chez nous. Le tourisme génère des ressources en devises très importantes dans tout le pourtour méditerranéen, aussi bien du nord que du sud, alors que chez nous les touristes sont vus dans les rues de nos villes comme des zèbres ou des girafes, sinon comme des espèces en voie d´extinction. Alors peut-on parler de tendances? Malgré un marché de 200.000 véhicules par an, l´Algérie ne possède toujours pas des usines d´assemblage ou de montage, alors que notre industrie de sous-traitance (pièces détachées) est embryonnaire, avec une prédominance dans ce segment des produits taiwan et de la contrefaçon.
Si le passage au numérique se limite au secteur de la téléphonie, sans toucher les mentalités, il ne fait aucun doute que l´Algérie restera pour longtemps à la traîne, d´autant plus que la fluctuation des prix du baril nous amène à rester sceptiques.
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20 août 2013
Ahmed Ben Alam