Tu poses ton fessier et tu prends le temps de suivre le manège. Cilima en live. Quatre agents sont derrière les guichets. Occupés. Affairés.
L’un soigne son otite avec son téléphone mobile, c’est que sa puce ne veut pas lui répondre. Il est hors champ. Complètement perturbé. Il doit y avoir de la friture dans l’air. Tout ce qui lui importe, c’est d’insister jusqu’à l’usure de la batterie. Toi tu es bien installé. Sur ton siège. Ne te plains surtout pas si tu as mal aux mraoud.
L’autre, lui, il travaille d’arrache-pied. Il a une pile de chèques à passer. Il ne relève pas la tête. D’où les a-t-il ramenés ? Dieu seul le sait. Avant toi, pourtant, il n’y avait que deux personnes. Qui, elles aussi, attendent. Une mauvaise langue chuchote à l’oreille de son voisin, que ce sont les chèques qui proviennent du guichet de son domicile, qui n’ouvre que le soir. Des petits services, hors service quoi. Mais ça reste une mauvaise langue. C’est du dénigrement chuchoté. Toi tu es bien installé. Sur ton siège. Ne te plains surtout pas si tu as mal aux mraoud.
La troisième, elle, est complètement perturbée. Elle n’arrête pas de gesticuler. De dépoussiérer son « airbag ». D’ouvrir son sac, d’en sortir un document. Le lire, le relire et le remettre. Le siège d’à côté (parce que le contribuable est considéré comme un siège), ose un « C’est sûrement sa fiche de paie. C’est la prime de rendement qui n’a pas été rondement calculée ». Toi tu es bien installé. Sur ton siège. Ne te plains surtout pas si tu as mal aux mraoud.
Le quatrième, plutôt la quatrième, ne tenait pas sur sa chaise. Tout le temps debout. Depuis son arrivée. Son mobile sonnait. Elle regardait l’appel avant de couper. Ça «ressonne», elle hoche les épaules et recoupe. C’était la correspondante du premier. Toi tu es bien installé, mais elle, elle est encore debout car elle avait mal aux mraoud. Le mot mraoud vient du français hémorroïdes. Allah yaltof
17 août 2013
El-Guellil