Voilà donc une bonne nouvelle pour commencer la journée. A Oran, sidi el ouali moul el meïda, a donné instruction pour accélérer le projet d’extension du cimetière d’Aïn el-Beïda. Bien nommé ! Pour cela il faut raser un bidonville afin d’y récupérer le terrain. D’une pierre deux coups. On pense aux vivants et aux morts. Les morts-vivants qu’on appelle habitants de bidonville, vont être relogés. C’est que le chez nous, géré par eux, fonctionne selon la logique de l’informel. Si tu as le courage de construire une bicoque en tôle, y vivre le temps que ta bicoque devienne une favela reconnue, toi-même tu deviens reconnu. Interlocuteur incontournable. Si on te rase la barraka, c’est la baraka. Tu es logé avec tous les honneurs qui vont avec. On convoquera d’abord les bulldozers, les services d’ordre, les caméras, les camions de la commune avec ses déménageurs et bel hemma on t’accompagnera dans ta cité, où du doid faire un speech : «el hamdou lillah les solotate on pensé à nous. On vivait sans eau, ni électricité, sans toilettes. Nos enfants étaient tout le temps malades, aujourd’hui bi fadl le printemps arabe qui s’est laissé pousser la barbe nous sommes dans une soukna décente montante au deuxième étage, nous avons à proximité une école, un centre sanitaire, des pharmacies, il manque juste un marché, on va s’en occuper. On s’achètera des charrettes on construira des étales de fortunes, on créera l’ambiance marché fruits et légumes. On laissera toutes nos ordures sur place
ça gênera les voisins qui eux, ont acheté leur appartement dans la même cité, ils vont faire une pétition, les autorités viendront nous déloger, on fera du bruit, les journalistes seront convoqués pour la couverture, un vieux tombera dans les pommes et
les souloutate, grâce au printemps arabe qui s’est laissé pousser la barbe, nous proposeront des locaux dans un marché couverts
et voilà qu’après le guitoune, le bitone, c’est la fortune
en attendant de revendiquer notre statut de société civile représentant de la ville
». Nous fermons les guillemets et nos gueules. Jusqu’à con !
12 août 2013
El-Guellil