Le crime économique, jadis mortel pour les coupables, s’est mué par la grâce d’une affaire, mêlant gros sous et relations, en de simples délits et des peines ne dépassant pas quelques années de prison dorée pour certains détenus. Un sacrifice fait par plusieurs criminels en détournant des milliards de centimes et s’ils se font prendre vont passer trois, voire quatre ans derrière les barreaux. A leur sortie, c’est un beau pactole qui les attend gentiment. Boumediène fusillait ceux qui volaient dans le tiroir-caisse, aujourd’hui, on leur fait des courbettes et on les applaudit même. On les réhabilite et on leur offre des retraites en or. Les crimes commis par incompétence doivent également être doublement condamnés. Et celui qui est assis derrière le bureau et celui qui l’a nommé à ce bureau doivent rendre des comptes. Pourtant des milliards de dinars partent en fumée parce que le responsable du secteur est un ignare polyglotte et qu’il ne doit son poste qu’à son nom de famille. Et ailleurs, loin de ces criminels en col blanc, la rue frémit, à chaque grâce présidentielle qui jette des milliers de petits délinquants sur la voie publique. Un véritable tsunami d’insécurité, de violences et de petites criminalités s’abat alors sur le pays. Un retour aux affaires sitôt les portes de la prison ouvertes, au grand dam des flics et des gendarmes qui passent leur temps à combattre ces voyous qu’on relâche, à chaque fête du calendrier. Devenu presque un acquis, des condamnés programment même cette grâce dans leur calendrier carcéral. Faut-il être plus ferme ? Oui, tout en gardant un minimum syndical d’une justice sociale introuvable. Réhabiliter la peine de mort, n’en déplaise à certains et exécuter tous les tueurs d’enfants, couper la main des corrupteurs et des corrompus et donner à manger des pièces de plomb à ceux qui puisent dans la poche de la République jusqu’à ce que mort s’en suive.
Abattez-les tous! par Moncef Wafi
Depuis qu’on a arrêté de coller des criminels devant le peloton d’exécution, l’Algérie va mal. Et si le pays va aussi mal que ses gouverneurs, ce n’est pas seulement à cause d’une impunité et d’un laxisme, face à des crimes passibles, par le passé, de la peine de mort. Les raisons d’une descente aux enfers sont nombreuses mais le sentiment de flotter au-dessus de la justice et des autres justiciables et cette immunité, venue de nulle part, a fait que certains prédateurs ont déployé leurs relations pour mettre à sac tout un pays. La corruption devra être sévèrement condamnée, a demandé Farouk Ksentini, le monsieur officiel des Droits de l’homme. S’il a suggéré cela c’est que l’avocat n’ignore pas que les peines encourues ne sont pas à la mesure du crime et qu’il faut renforcer l’arsenal judiciaire pour essayer, du moins freiner, la contagion. La corruption, à force d’absence de réaction forte et d’exemples à donner, est devenue un travail, à plein temps, pour une certaine catégorie de gens. De l’acte de naissance à 200 balles aux centaines de millions de dollars pour vendre le sang du pays, la corruption a gangrené une économie, pourtant de bazar, et contribué, un peu plus, à la perte de confiance des citoyens dans le système et les hommes qui les gouvernent.
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12 août 2013
Moncef Wafi