C’est simple, si l’UE enverra comme décidé, dès le 1er août, des armes aux rebelles, la Russie ne se gênera pas d’ajouter missiles et avions à Bachard El Assad. D’ailleurs, alors même que les ministres des affaires étrangères de l’UE finissaient leur conclave de lundi dernier, les ministres des AE de la Russie et des USA, Serguei Lavrov et John Kerry, débattaient de la manière de trouver un compromis (entre eux) à la crise syrienne. Ils ont ensuite fait part de leurs avancées au ministre français Laurent Fabius. Bien plus, les européens ont débattu du sujet entre eux, alors que russes et américains ont consulté en permanence les représentants de Bachar El Assad et ceux de l’opposition. L’absence de représentants et de consultation des belligérants de la guerre en Syrie a été remarquée à Bruxelles. La manière dont a été prise la décision d’armer l’opposition syrienne risque, bizarrement, d’affaiblir plus la diplomatie commune européenne que de la souder. La décision a été imposée par la France et la Grande Bretagne.
D’autres pays tels l’Autriche, la Belgique, la Suède etc. ont manifesté leur opposition. « Nous suivons la position de l’UE, mais je peut assurer que la Belgique ne livrera pas d’armes en Syrie » a insisté le ministre des AE belge, Didier Reynders. Ce « déchirement » de l’UE sur le soutien armé aux rebelles syriens traduit le grave déficit européen en matière de politique étrangère. A ce sujet, l’effacement et le silence du Service européen de l’action extérieure (SEAE), présidé par la britannique Catherine Ashton, dans la gestion de la crise syrienne est éloquent. Trois ans après sa mise en place (2010) conformément aux Traité de Lisbonne, le SEAE ressemble de plus en plus à une cellule de communication du Conseil européen. En face russes et américains négocient une sortie « par le haut » qui préserverait leurs intérêts réciproques dans la région et l’équilibre des forces « centrifuges » en présence : Israël, Liban, Jordanie, Iran C’est dire combien l’équation syrienne ne se résume pas uniquement à l’avenir de Bachar El Assad et son clan. La situation est si complexe qu’Israël ne voit plus d’un bon œil le départ du régime d’El Assad ! Depuis l’implication directe du Hezbollah libanais dans la guerre et le soutien ouvert de Téhéran au régime El Assad, Israël, Russie et USA refont les « comptes ». C’est dire combien la décision de l’UE d’armer l’opposition syrienne est gauche et risque de desservir la paix plus qu’elle ne la sert. Et puis, le régime syrien a déjà manifesté sa décision de participer à la 2ème conférence de Genève, alors que celle de l’opposition (laquelle ?) n’est pas encore acquise ou du moins exige l’impossible (le départ du régime d’El Assad). A se demander avec qui l’opposition veut-elle discuter. Cette opposition que l’UE risque d’enfoncer plus dans la guerre que dans la voie de la paix.
9 août 2013
M’hammedi Bouzina Med