Page d’écriture
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize…
Répétez! dit le maître
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize.
Mais voilà l’oiseau-lyre
qui passe dans le ciel
l’enfant le voit
l’enfant l’entend
l’enfant l’appelle:
Sauve-moi
joue avec moi
oiseau!
Alors l’oiseau descend
et joue avec l’enfant
Deux et deux quatre…
Répétez! dit le maître
et l’enfant joue
l’oiseau joue avec lui…
Quatre et quatre huit
huit et huit font seize
et seize et seize qu’est-ce qu’ils font?
Ils ne font rien seize et seize
et surtout pas trente-deux
de toute façon
et ils s’en vont.
Et l’enfant a caché l’oiseau
dans son pupitre
et tous les enfants
entendent sa chanson
et tous les enfants
entendent la musique
et huit et huit à leur tour s’en vont
et quatre et quatre et deux et deux
à leur tour fichent le camp
et un et un ne font ni une ni deux
un à un s’en vont également.
Et l’oiseau-lyre joue
et l’enfant chante
et le professeur crie:
Quand vous aurez fini de faire le pitre!
Mais tous les autres enfants
écoutent la musique
et les murs de la classe
s’écroulent tranquillement.
Et les vitres redeviennent sable
l’encre redevient eau
les pupitres redeviennent arbres
la craie redevient falaise
le porte-plume redevient oiseau.
9 août 2013 à 13 01 47 08478
Prenant position contre l’autorité et l’abus de pouvoir du maître d’école envers ses élèves du fait qu’il en a souffert étant jeune, Jacques Prévert écrit les poèmes Page d’écriture, le cancre et bien d’autre qui sont extrait du recueil Paroles publié en 1945. Avec son poème Page d’écriture, il montre que l’école peut rapidement devenir une prison mais aussi que la liberté n’est jamais loin.
Tout d’abord, en lisant ce poème on remarque que l’enfant semble souffrir sur le banc de l’école. En effet, lorsque celui ci s’adresse à l’oiseau il dit « Sauve-moi joue avec moi oiseau ! ». Il semble enfermé à l’école comme si celle-ci était une prison. On peut le voir à la présence des mots : « murs » et « vitres ». Cette sensation de se trouver dans une prison est accentuée par le fait que le maître d’école utilise l’impératif lorsqu’il s’adresse aux élèves avec : « Répétez ! ». Tout comme le ferait un gardien de prison s’adressant aux détenus pour affirmer son autorité et imposer le respect. Seulement l’arrivée passe de l’oiseau va tout déranger.
Ensuite, arrive l’oiseau lyre au ver « Mais voilà l’oiseau-lyre qui passe dans le ciel ». Il symbolise la liberté. En effet, il apparait à l’élève en volant, libre ses mouvements contrastant avec les élèves qui sont enfermés et doivent répéter ce que dit le maître « Répétez ! dit le maître ». Dés lors que l’oiseau apparait l’enfant n’écoute plus. Son esprit est ailleurs. Il semble libéré de sa souffrance comme nous le montre le ver « et l’enfant chante ». Il joue puis cache l’oiseau dans son pupitre. A ce moment là, les chiffres s’en vont. Seul le chant de l’oiseau-lyre reste « et tous les enfants entendent sa chanson ». Ils écoutent la musique et sortent peu à peu de l’enfermement au fur et à mesure que tout revient à son élément naturel «Et les vitres redeviennent sable » ainsi qu’avec « les pupitres redeviennent arbres ».
Jacques Prévert nous montre avec ce poème que l’école d’avant, celle qu’il a connue est un lieu…
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