On savait Larbi , le vieil émigré de BBA arrivé dans les années 50 en France par le paquebot « Sidi Mabrouk» (un comble ),notre homme rancunier, inintégrable . Mais pas à ce point ….
Car sa dernière copine Jeannette , la bretonne du quatrième inespéré après un troisième étage laborieux, qui crèche au fond du couloir de tous les traquenards obscurs , Jeannette une encore bonne , a quitté notre cousin. Dragué par un certain Sidi Ould Dinezzah Moha , un clando bègue, récidiviste de la traîtrise fraternelle , à peine arrivé de Ghar Ech-charr vers Tiznitine , dans le dernier conteneur d’herbe destiné à engraisser le poulet européen malnutri et le vieux maquereau politicard, élu de tous les hémicycles de course à l’échalote .
Le clando Moha de Tiznitine , audacieux, malintentionné et équivoque sous toutes les accointances, a pourtant séduit la vieille Jeannette à l’esbroufe, un truc de famille à lui , d’une efficacité redoutable : le mensonge éhonté et la promesse débile . Lui faisant croire à la vieille bretonne, qu’il était prince du fameux désert des mirages argentés indivis, proprio d’un tuyau de puits de pétrole familial indivis , protégé par un élevage indivis de pigeons borgnes , sourds, conditionnés et muets donc heureux d’être pigeonnés abusivement . Mais désormais pas toujours crédules, tout le temps handicapés les volatiles , car les petits des vieux pigeonnés tarés, grandissent et apprenant vite. Et à la bonne école , pardon, initiés dans le sérail, à l’ancienne , les rejetons sont à force devenus terrifiants ….. . Tant et si bien parait-il, que les petits oisillons normalement tous voués à la poêle à frire, préféraient désormais sacrifier la partie visible de leurs congénères crétins mouillés, les proscrire du derrick , et honorer les saints protecteurs à l’occasion de gigantesques opéras-bouffes organisés dans des stades de foot .
Entonnant en écho des airs répertoriés : côté gradins la vieille supplique « Pousse-toi que m’y mette…» , réponse de fermeté côté tribune officielle « Monte là-dessus tu verras… ! ». Autant de chefs d’œuvre de la dramaturgie de haute facture (et alors, quoi la facture ?) , au répertoire d’une partition bouffonne d’époque. Mais d’un réalisme tellement troublant, tellement émouvant, à te fendre le cœur et noyer les yeux dans leurs larmes déferlantes !
Et Larbi m’interrompant : « dans toute ton histoire de pigeons,du stade , où ce qu’il est le ballon du foot que tu dis ? » .
A l’évidence, lui aussi naïf et distrait, le ballon soi-même volatilisé dans la masse !
Larbi assistant pour la première fois à un matche de »foot » au bled , en vacances pour oublier Jeannette, n’en revenait pas des nouvelles illusions si bien réussies !
Encore un mirage de mise en scène bidouillée ,de pros, éclairage et manipulation par écrivaillons au pupitre de la tribune officielle . Encore de cette basse-cour alimentaire, en prolongement de la vieille histoire de réforme « scientifique, socialiste, révolutionnaire, sportive, culturelle,intellectuelle, soukh fellahienne, et autres sauve-qui-peut héroïques et juteux … ». Quant au vrai foot médicalement réformé , il a abouti à deux références de gloriole éternelle, énormissime de fierté : une talonnade à la sauvette réputée légendaire . Et à la traîne de finances publiques prodigues, des tombereaux somptueux de jobs fructueux et privilèges d’initiés destinés à la sieste sportive nationale, ou au pantouflage bricolé sans visas ni frontières à l’international !
Question look , ajuste tes ray-ban fumées mon frère , tu paraitras cet aveugle bourourou d’épouvante de BD, surgi d’ une sinistre histoire de foot qui fait peur ! Et pas qu’aux gosses .
« La chance ! » , comme dirait ma voisine tunisienne avant l’éclosion d’une saison de jasmin frelaté, dans son jardin inculte !!
Depuis et à observer la tribune officielle heureuse ,condescendante , parait « qu’on toucherait à la réussite absolue » .
Ils sont de chez nous on peut leur faire confiance .
Vivent nous ! Merci eux !
On s’égare là . Larbi donc tient toujours rancune à Sidi Dinezzah le clando, d’avoir voulu draguer sa vieille nana, encore bonne, et toujours aux petits soins avec le bordjien quand , l’étendard en berne il réclame le petit miracle .
Et l’obtient , ne fusse qu’ à la force du poignet !
Farid Talbi
7 août 2013
Farid Talbi