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Frontières Jacques PRÉVERT Recueil : « Choses et autres »

7 août 2013

Jacques PRÉVERT

Frontières  Jacques PRÉVERT Recueil :

Frontières

Jacques PRÉVERT
Recueil : « Choses et autres »

- Votre nom ?
- Nancy.
- D’où venez-vous ?
- Caroline.
- Où allez-vous ?
- Florence.
- Passez.

- Votre nom ?
- On m’appelle Rose de Picardie, Blanche de Castille,
Violette de Parme ou Bleue de Méthylène.
- Vous êtes mariée ?
- Oui.
- Avec qui ?
- Avec Jaune d’Oeuf.
- Passez.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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3 Réponses à “Frontières Jacques PRÉVERT Recueil : « Choses et autres »”

  1. Artisans de l'ombre Dit :

    La Seine a rencontré Paris
    Jacques PRÉVERT
    Recueil : « Choses et autres »
    Qui est la
    Toujours là dans la ville
    Et qui pourtant sans cesse arrive
    Et qui pourtant sans cesse s’en va

    C’est un fleuve
    répond un enfant
    un devineur de devinettes
    Et puis l’œil brillant il ajoute
    Et le fleuve s’appelle la Seine
    Quand la ville s’appelle Paris
    et la Seine c’est comme une personne
    Des fois elle court elle va très vite
    elle presse le pas quand tombe le soir
    Des fois au printemps elle s’arrête
    et vous regarde comme un miroir
    et elle pleure si vous pleurez
    ou sourit pour vous consoler
    et toujours elle éclate de rire
    quand arrive le soleil d’été
    La Seine dit un chat
    c’est une chatte
    elle ronronne en me frôlant

    Ou peut-être que c’est une souris
    qui joue avec mois puis s’enfuit
    La Seine c’est une belle fille de dans le temps
    une jolie fille du French Cancan
    dit un très vieil Old Man River
    un gentleman de la misère
    et dans l’écume du sillage
    d’un lui aussi très vieux chaland
    il retrouve les galantes images
    du bon vieux temps tout froufroutant

    La Seine
    dit un manœuvre
    un homme de peine de rêves de muscles et de sueur
    La Seine c’est une usine
    La Seine c’est le labeur
    En amont en aval toujours la même manivelle
    des fortunes de pinard de charbon et de blé
    qui remontent et descendent le fleuve
    en suivant le cours de la Bourse
    des fortunes de bouteilles et de verre brisé
    des trésors de ferraille rouillée
    de vieux lits-cages abandonnés
    ré-cu-pé-rés
    La Seine
    c’est une usine
    même quand c’est la fraicheur
    c’est toujours le labeur
    c’est une chanson qui coule de source
    Elle a la voix de la jeunesse
    dit une amoureuse en souriant
    une amoureuse du Vert-Galant
    Une amoureuse de l’ile des cygnes
    se dit la même chose en rêvant

    La Seine
    je la connais comme si je l’avais faite
    dit un pilote de remorqueur au bleu de chauffe
    tout bariolé
    tout bariolé de mazout et de soleil et de fumée
    Un jour elle est folle de son corps
    elle appelle ca le mascaret
    le lendemain elle roupille comme un loir
    et c’est tout comme un parquet bien briqué
    Scabreuse dangereuse tumultueuse et rêveuse
    par-dessus le marché
    Voilà comment qu’elle est
    Malice caresse romance tendresse caprice
    vacherie paresse
    Si ca vous intéresse c’est son vrai pedigree

    La Seine
    c’est un fleuve comme un autre
    dit d’une voix désabusée un monsieur correct et
    blasé
    l’un des tout premiers passagers du grand tout
    dernier bateau-mouche touristique et pasteurisé
    un fleuve avec des ponts des docks des quais
    un fleuve avec des remous des égouts et de temps à
    autre un noyé
    quand ce n’est pas un chien crevé
    avec des pécheurs à la ligne
    et qui n’attrapent rien jamais
    un fleuve comme un autre et je suis le premier à le
    déplorer

    Et la Seine qui l’entend sourit
    et puis s’éloigne en chantonnant
    Un fleuve comme un autre comme un autre comme
    un autre
    un cours d’eau comme un autre cours d’eau
    d’eau des glaciers et des torrents
    et des lacs souterrains et des neiges fondues
    des nuages disparus
    Un fleuve comme un autre
    comme la Durance ou le Guadalquivir
    ou l’Amazone ou la Moselle
    le Rhin la Tamise ou le Nil
    Un fleuve comme le fleuve Amour
    comme le fleuve Amour
    chante la Seine épanouie
    et la nuit la Voix lactée l’accompagne de sa tendre
    rumeur dorée
    et aussi la voix ferrée de son doux fracas coutumier

    Comme le fleuve Amour
    vous l’entendez la belle
    vous l’entendez roucouler
    dit un grand seigneur des berges
    un estivant du quai de la Râpée
    le fleuve Amour tu parles si je m’en balance
    c’est pas un fleuve la Seine
    c’est l’amour en personne
    c’est ma petite rivière à moi
    mon petit point du jour
    mon petit tour du monde
    les vacances de ma vie
    Et le Louvre avec les Tuileries la Tour Eiffel la Tour
    Pointue et Notre-Dame de l’Obélisque
    la gare de Lyon ou d’Austerlitz
    c’est mes châteaux de la Loire
    la Seine
    c’est ma Riviera
    et moi je suis son vrai touriste

    Et quand elle coule froide et nue en hurlante plainte
    contre inconnu
    faudrait que j’aie mauvaise mémoire
    pour l’appeler détresse misère ou désespoir
    Faut tout de même pas confondre les contes de fées et
    les cauchemars
    Aussi
    quand dessous le Pont-Neuf le vent du dernier jour
    soufflera ma bougie
    quand je me retirerai des affaires de la vie
    quand je serai définitivement à mon aise
    au grand palace des allongés
    à Bagneux au Père-Lachaise
    je sourirai et me dirai

    Il était une fois la Seine
    il était une fois
    il était une fois l’amour
    il était une fois le malheur
    et une autre fois l’oubli

    Il était une fois la Seine
    il était une fois la vie

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

  2. Artisans de l'ombre Dit :

    Malgré moi
    Jacques PRÉVERT
    Recueil : « Choses et autres »
    Embauché malgré moi dans l’usine à idées
    j’ai refusé de pointer
    Mobilisé de même dans l’armée des idées
    j’ai déserté
    Je n’ai jamais compris grand chose
    Il n’y a jamais grand chose
    ni petite chose
    il y a autre chose
    Autre chose
    c’est ce que j’aime qui me plaît
    et que je fais.

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

  3. Artisans de l'ombre Dit :

    Tant bien que mal
    Jacques PRÉVERT
    Recueil : « Choses et autres »

    Ils sont marrants les êtres
    Vous tout comme moi
    Moi tout comme vous
    Et c’est pas du théâtre c’est la vie c’est partout
    Ils sont marrants les êtres
    En entrant chez les autres il y en a qui tombent bien il y en a qui tombent mal
    A celui qui tombe bien on dit
    Vous tombez bien et on lui offre à boire et une chaise où s’asseoir
    A celui qui tombe mal personne ne lui dit rien
    Ils sont marrants les êtres qui tombent chez les uns qui tombent chez les autres ils sont marrants les êtres
    Celui qui tombe mal une fois la porte au nez retombe dans l’escalier et l’autre passe dessus à grandes enjambées
    Quand il regagne la rue après s’être relevé il passe inaperçu oublié effacé
    La pluie tombe sur lui et tombe aussi la nuit
    Ils sont marrants les êtres
    Ils tombent ils tombent toujours ils tombent comme la nuit et se lèvent comme le jour.

    Dernière publication sur 1.Bonjour de Sougueur : Mon bébé, Justin, me manque beaucoup

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