1re partie
On se retrouve tout à l’heure, à la cafétéria ?
Aïda sourit à son petit ami Smaïl, elle feint d’hésiter un moment avant de répondre, pressée par l’insistance de ce dernier.
Oui, dit-elle. Mais pas avant midi !
Je t’attendrai à l’intérieur, dit le jeune homme. Et tout le temps qu’il faudra !
Ils se font la bise avant de se séparer. Aïda se dépêche de rejoindre son amie Nadia qui l’attend un peu plus loin. Tout comme elle, elle fait des études en biologie, elles en sont à leur dernière année. Quand elles se rendent à Bab Ezzouar, c’est pour préparer leur dernier module une fois qu’elles ont travaillé chacune de son côté, soit à la bibliothèque soit au laboratoire.
Smaïl fait des études en électronique. S’il ne rate pas ses derniers examens, il terminera en juin. C’est la raison qui les pousse ces temps-ci à se voir chaque jour et à profiter au maximum des moments libres. Une fois l’année universitaire finie, ils ne se verront pas aussi souvent. Aïda habite Chlef et lui Tizi Ouzou. Lui, il n’aura aucun problème pour sortir sur Alger mais elle, il lui faudra un sérieux prétexte pour pouvoir s’y rendre.
Rien qu’à y songer, la jeune fille perd son sourire. Nadia le remarque.
Ce n’est pas l’heure du départ ma chère !
Tu blagues ! réplique Aïda. J’ai l’impression que c’est pour demain ! Je ne pourrai jamais vivre sans lui !
Et lui ?
Aïda a un sourire rêveur.
Je suis sûre qu’il m’aime autant que je l’aime ! Cela fait quatre ans que nous nous connaissons. Si notre amour a duré tout ce temps, il tiendra toute une vie ! Je t’en prie Nadia, prie pour qu’on ne soit jamais séparés !
C’est ce que j’ai toujours fait, répond l’amie. Mais l’urgence maintenant, c’est de réussir au dernier examen !
Elles se rendent à la salle de travail et se concentrent sur les analyses faites la semaine passée. Toutes deux prennent note afin de préparer le compte rendu détaillé. Une fois qu’elles auront fini, elles reprendront le tout depuis le début pour choisir ce qu’il y a de mieux dans les deux.
Les deux jeunes filles n’ont pas vu le temps passer. Il a fallu le bruit et le va-et-vient des étudiants autour d’elle, pour s’apercevoir qu’il est midi.
Aïda se lève et ne prend pas ses affaires, elle laisse son amie le faire pour elle. Cette dernière a un sourire indulgent en la voyant courir vers la sortie. Smaïl l’attend comme prévu à la cafétéria. Aïda prend place en face de lui, essoufflée mais heureuse qu’il soit encore là, pour elle. Presque une demi-heure de retard…
Tu n’es pas parti ! s’exclame-t-elle. Merci d’avoir patienté… As-tu déjeuné ?
Le déjeuner m’aurait paru bien fade sans toi, répond-il dans un soupir à fendre le cœur. J’ai besoin de ton regard plein d’amour pour le digérer.
Aïda le pince tout en riant. Mais elle devient vite très grave. Elle ne peut pas s’empêcher d’y penser, mais dans quelques semaines, ils n’allaient plus se voir.
- Il faudra bien t’y faire, lui dit-elle. On va bientôt se séparer !
- Mais un jour on se retrouvera et on se mariera ! Si tu m’aimes autant que je t’aime, on pourra se lier à la vie à la mort ! Je ne peux pas m’imaginer faire ma vie avec une autre que toi !
- Moi aussi omri ! Mais ce ne sera pas facile ! Nous n’avons pas les moyens pour nous marier, lui rappelle-t-elle. tes parents sont dans le besoin ; personne ne pourra nous aider… On doit trouver du travail d’abord, puis un logement ! Ce n’est pas gagné d’avance…
- Notre amour nous aidera à tout supporter ! s’écrie le jeune homme. En prenant ses mains et en les serrant très fort, il poursuit : Aïda, on doit être fort moralement ! On n’abandonnera pas, tu entends ?
- Omri, il me sera difficile de me battre loin de toi, sans savoir ce que tu fais de ton côté, murmure-t-elle. Avec toi à mes côtés, abattre des montagnes de besogne serait facile ! Sans toi, j’aurais l’impression de ne plus vivre…
- Si cela peut te rassurer, j’éprouve ce même sentiment !
Tout en serrant ses mains, il croise son regard voilé de larmes. Tout comme elle, il appréhende l’avenir. Il veut le faire avec elle mais il sait qu’il est encore trop tôt. Il ignore si leurs rêves sont réalisables ou s’ils seront appelés à partir chacun de son côté…
5 août 2013 à 14 02 23 08238
Le serment 2e partie
Par : Adila KATIA
Smaïl profite du week-end suivant, pour aller voir sa famille. Il avait décidé de sacrifier ce temps précieux qu’il avait l’habitude de partager avec Aïda, pour discuter avec sa mère Rachida, de son mariage. C’est la seule personne avec qui il peut aborder le sujet. C’est elle à qui il confiera la mission d’en parler à son père.
Une fois la joie passée de le revoir, la mère remarque qu’il ne cesse de la suivre à travers la maison. Puis dans la cour. Elle est en train de ramasser le linge qu’elle avait mis à sécher au soleil quand elle finit par comprendre que quelque chose le tracasse et qu’il veut lui en parler.
- Qu’y a-t-il mon fils ? Tu sembles perdu… Je peux t’aider ?
- Peut-être …?
- À quoi penses-tu ? lui demande-t-elle.
- À quelqu’un, à une fille que j’ai laissée derrière moi à Alger, répond-il en baissant la tête, rougissant jusqu’aux oreilles.
Rachida se tourne vers lui en souriant, agréablement surprise. Elle abandonne le linge et va s’asseoir près de lui, sur le banc qu’ils ont installé dans la cour.
- Alors tu as une petite amie ? Sois gentil et raconte-moi tout, le prie-t-elle. Sinon je te fais subir un interrogatoire !
- Yemma, j’ai une amie, une fille formidable ! Je voudrais me marier avec elle ! C’est vital pour moi ! Yemma, je suis sûr qu’elle va te plaire… Je te jure qu’elle est formidable…
- Elle étudie ?
- Elle termine cette année. Je voudrais la demander en mariage, dit le jeune homme. Je crains que ses parents ne la promettent à quelqu’un d’autre !
- D’où est-elle ? veut savoir Rachida.
- Aïda et de Chlef, mais elle sait parler kabyle !
- Tu penses que cela soit suffisant pour qu’elle s’habitue à nos traditions ? lui demande-t-elle. Pour qu’elle accepte toute la famille ? Avec tous les dépassements que cela impose ?
- Yemma, elle a un grand cœur. Il suffit de l’accepter, répond-il très sûr de lui. Ma famille deviendra la sienne mais, dis-moi, est-ce que père acceptera ?
- Smaïl, tu n’as pas encore terminé tes études, lui rappelle sa mère. Il faut de l’argent et on n’en a pas ! Où allez-vous vivre ? De quoi allez-vous vivre ?
- Où vous vous voudrez yemma, avec vous ou ailleurs ! Mais il faut qu’avant le mois d’août, vous alliez voir ses parents, insiste-t-il. Comme ça, on pourra se revoir sans être inquiétés !
- Écoute, dit sa mère en souriant, le regard plein de tendresse, à voir son fils aussi impatient, aussi amoureux. Je vais en parler à ton père.
- Tu penses avoir une réponse quand ?
- Je l’ignore, répond-elle. Mais je te promets de lui en parler à la première occasion !
- Merci maman, dit-il en la serrant dans ses bras. Comment se fait-il que tu ne demandes pas comment elle est ?
- Je sais que si elle est belle, tu n’hésiteras pas à montrer sa photo, réplique-t-elle tout en le suivant dans sa chambre où il a laissé son sac de voyage.
Il en sort tout un album d’elle. Rachida sourit en la voyant. Elle le félicite.
- Je vois que tu as un très bon goût ! Elle est vraiment très belle !
Rachida n’a jamais vu quelqu’un d’aussi charmant. Blonde aux traits réguliers, à la taille fine et élancée, Aïda a de quoi plaire. Il y a tant de beauté et de tendresse dans son regard et dans son sourire qu’il serait difficile d’y résister.
- Ses manières sont-elles aussi charmantes qu’elle ?
- Oui yemma, c’est pourquoi je te dis que c’est une fille formidable, insiste le jeune homme.
- Laisse-moi le temps de parler à ton père, lui dit-elle. Je te jure de faire tout mon possible pour faciliter la tâche ! Réussis tes études, le reste viendra après !
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5 août 2013 à 14 02 24 08248
Le serment 3e partie
Par : Adila KATIA
Smaïl embrasse sa mère. Il sait qu’il l’a gagnée à sa cause. Il faut lui laisser le temps d’aborder le sujet avec son père et sa grand-mère. Avec un peu de chance, ils accepteront. Même s’il n’arrive pas à imaginer un refus de leur part, il sait qu’il sera impossible d’envisager l’avenir avec une autre qu’elle. Aïda fait partie de lui.Le jeune homme rentre à Alger vendredi soir afin de pouvoir attendre sa dulcinée, il veut la voir avant les cours de samedi matin. Il se rend à la cité de jeunes filles. Comme d’habitude, aux environs de vingt heures, Aïda est sortie appeler sa famille. Il attend près de la cabine de téléphone. Il se tient derrière. Dès qu’elle en sort, il lui fait la surprise de surgir. Aïda est si heureuse qu’elle lui tend les bras. Les deux amoureux s’enlacent sous le regard des autres. Ces derniers ne sont nullement choqués, ils sont si nombreux à se tenir ainsi, dans l’ombre, à profiter du temps présent pour se retrouver et partager un peu de chaleur.
Aïda et Smaïl sont un couple comme un autre.
- Quand es-tu arrivé ? Lui demande-t-elle.
- Je ne sais plus depuis quand j’attends, répond-il avant de lui demander :
- Essaie de deviner ce que j’ai fait au bled !
Je n’en sais rien, réplique-t-elle avant de feindre de réfléchir. Mais il se peut, vu que tu es très beau, que tu as fait la cour à quelques belles filles de ton village !
Et que feras-tu si je confirme ? dit Smaïl en souriant. M’arracher les yeux ? Le cœur ?
A elles, oui ! réplique-t-elle en riant. Comme ça, je t’aurai intact !
Le jeune homme est redevenu sérieux.
- Figure-toi que si je suis parti à la maison, lui confie-t-il, c’est pour mettre ma mère au courant. Je lui ai demandé d’en parler à mon père. Si tout va bien, mes parents iront voir les tiens au mois d’août !
- Tu crois qu’ils vont accepter ?
- Aïda, je ne me laisserai pas faire, dit-il pour la rassurer. Je vais tenter de trouver du travail rapidement ! Comme ça, je pourrais faire face aux dépenses…
- Mais s’ils refusent ? demande-t-elle avec insistance.
- J’irai seul voir tes parents, dit Smaïl. Je les convaincrai que je suis le seul à pouvoir te rendre heureuse ! Seront-ils difficiles ? Que pourraient-ils me demander d’autre ?
- Jamais ils n’accepteront de me promettre sans la bénédiction de tes parents, dit-elle avant de soupirer. Même si ma famille est riche et lettrée, elle reste très à cheval sur les traditions ! On ne pourra jamais se marier sans le consentement de nos familles.
- Prions pour que ma famille ne fasse pas la bêtise de refuser, dit le jeune homme. Aïda, on se voit demain après-midi ?
- Si tu veux, on se retrouve au parc, propose-t-elle. J’aimerais bien me promener ! Aujourd’hui, il a fait si beau…
- D’accord pour une promenade en forêt !
- Attends-moi à l’entrée du parc !
Ils ne tardent pas à se séparer. Aïda retourne à l’intérieur de la cité. Une immense tristesse l’envahit. Dans peu de temps, elle allait devoir repartir à Chlef, le temps que les résultats soient affichés. Elle aurait voulu rester, mais comme ses parents savent qu’elle n’a rien à faire en attendant, elle est contrainte à rentrer pour ne pas remettre en cause la confiance qu’ils ont placée en elle.
Elle ne veut pas les décevoir maintenant, et elle ne veut pas qu’ils se doutent qu’il y a une autre raison qui la pousse à rester Alger.
Si la chance est de son côté, elle se trouvera du travail à Alger. Elle veut travailler dans la même ville que lui pour pouvoir le revoir. Son cœur se serre à chaque fois qu’elle pense à son départ.
Le lendemain, quand ils se retrouvent au parc zoologique, Smaïl remarque ses yeux rougis.
- Aïda, qu’est-ce que tu as ?
- Rien, murmure-t-elle sans le regarder.
- Je t’en prie, dis-moi ! Ne me laisse pas dans l’ignorance, je vois bien qu’il y a quelque chose ! – Tu ne dois pas avoir de secret pour moi !
- Je sais, répond-elle. J’ai fait un mauvais rêve hier soir… Smaïl, c’était horrible !
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5 août 2013 à 14 02 25 08258
Le serment 4e partie
Par : Adila KATIA
Smaïl rit de bon cœur. Il se met à la charrier.
Je te croyais beaucoup plus courageuse ! Jamais je n’aurais cru qu’un mauvais rêve puisse t’effrayerautant. Raconte !
Ils marchent depuis un moment, l’un serré contre l’autre, avant de s’arrêter sous l’ombre des branches d’un platane. Aïda sort une serviette de son sac et ils s’y assoient.
Tu as pensé à tout, remarque-t-il.
Je ne voulais pas avoir les taches d’herbes…
Aïda appuie sa tête contre l’épaule de Smaïl. Au-dessus de leur tête, les oiseaux chantent, brisant le silence qui les entoure et font entendre leurs jolis sifflements. La jeune fille aurait encore plus apprécié leurs mélodies si elle n’avait pas en tête des souvenirs de ce mauvais rêve. C’était le pire cauchemar qu’elle ait fait dans toute sa vie.
- Omri…
Smaïl remarque qu’elle est perdue dans ses pensées.
- Essaie d’oublier ce mauvais rêve !
- Jamais je ne le pourrais, murmure-t-elle. C’était horrible… Dans le rêve, quelqu’un m’a attaquée et m’a blessée ! J’ai cherché après toi, je te voyais à travers une brume, il y avait aussi la mer et la pluie ! J’avais beau crier, je ne m’entendais pas, même si parfois tu te tournais vers moi !
- Et comment interprètes-tu ce rêve ?
- Je n’y connais rien aux rêves, répond-t-elle en se tournant vers lui. Dans le rêve, j’avais si mal et toi tu étais loin, si loin que j’en ai encore le cœur glacé ! Je crois que tu as voulu me prévenir qu’on allait être séparés !
- Omri, tu te fais des idées ! Rien ne pourra nous séparer ! lui affirme-t-il. Je te jure que jamais je ne les laisserai nous séparer que ce soit tes parents ou bien les miens ! Crois-moi, jamais cela n’arrivera !
- Je t’aime, lui dit-elle en pleurant.
Smaïl la serre dans ses bras puis lui essuie les yeux. Il sèche ses larmes, bouleversé comme jamais.
- Aïda… et si on se prêtait serment ? propose-t-il. Puisqu’on s’aime, on n’a qu’à se promettre l’un à l’autre ! Ce serment sera plus fort que tout… Il nous liera dans la vie et dans la mort ! Ce serment, rien ne pourra le briser !
Il l’aide à se lever. La jeune fille n’est pas convaincue.
- À quoi bon quand on ignore de quoi sera fait l’avenir ? Qui sait si on pourra le tenir ?
- On tient cette promesse ici, sous cet arbre ! Elle sera aussi forte que lui, insiste-t-il en serrant très fort les mains d’AÏda. Répète après moi… Je jure ici, sous cet arbre, de me réserver à toi !
Ils font ce serment plusieurs fois si bien qu’Aïda est devenue très grave. Les oiseaux s’étaient tus, respectant ce moment solennel. Dans le silence qui les avait entourés, Aïda avait la voix si grave qu’elle eut l’impression que c’était une autre qui parlait à sa place. Son cœur bat si fort qu’au moment où ils se taisent, elle a le sentiment de s’être engagée pour toujours.
- Ne l’oublie jamais ! En cas de séparation, quel que soit le nombre d’années, quelles que soient les circonstances, tu es à moi, tout comme je suis à toi ! dit Smaïl avant de la serrer dans ses bras, contre son cœur. Quoi qu’il arrive, n’oublie jamais que je t’aime !
- Oui…
En jetant un coup d’œil à sa montre, il se rappelle un rendez-vous, avec le père d’un camarade.
- Peut-être qu’il pourra me prendre dans son atelier de réparation… S’il est d’accord, je pourrais travailler après les cours. Je pourrais me faire un peu d’argent… On en aura besoin !
- Tu pars maintenant ? Je croyais qu’on devait passer l’après-midi ensemble ? lui rappelle-t-elle.
Je ne l’ai su que ce matin, s’excuse-t-il. Viens, faisons un bout de chemin ensemble !
Mais comme ils doivent prendre des directions opposées, ils sont contraints de se séparer plus tôt que prévu. Aïda part la première, dans un taxi. Elle est soulagée que Smaïl ne voit pas ses larmes. Il n’aurait pas compris. C’est plus fort qu’elle. Au fond de son cœur, elle était encore troublée par le rêve fait la veille. Elle était sûre qu’il allait leur arriver quelque chose. Elle décide de se rendre chez Nadia, espérant que sa mère pourrait l’aider à mieux comprendre…
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5 août 2013 à 14 02 26 08268
Le serment 5e partie
Par : Adila KATIA
- As-tu un différend avec quelqu’un ? Un homme ou une femme ?
Aïda regarde Ghania, la mère de Nadia, ne comprenant pas où elle voulait en venir et quelle relation ces questions ont avec son rêve. Elle répond spontanément.
- Non, je m’entends avec tout le monde. Pourquoi ?
- Ce n’est pas pour t’inquiéter mais il se pourrait que tu aies des problèmes plus tard ! dit Ghania. Il y aura des querelles. Pourquoi, je l’ignore, mais ce que je sais, c’est que ce sera une période difficile à vivre !
- Et pour Smaïl, pourquoi cette brume, cette mer entre nous ?
- Il y aura un problème d’argent, c’est tout ce que je peux te dire, dit Ghania. Je sais que vous surpasserez ces problèmes !
- Inch Allah !
Nadia sert du jus d’orange et des gâteaux. Ghania veut en savoir un peu plus.
- Ce garçon t’aime beaucoup ?
- Oui, et c’est réciproque ! Cette semaine il a été voir sa famille et a parlé de moi à sa mère, confie la jeune fille. D’ici quelques jours, on saura s’ils sont d’accords !
Espérons qu’ils ne poseront pas de problème…
Nadia ne donne pas le temps à sa mère de poursuivre.
Et si on allait travailler ? propose-t-elle à son amie. J’ai terminé une grande partie de mes recherches… Tu nous excuses maman !
Faites comme il vous plaît !
Aïda suit son amie jusqu’à sa chambre et elles s’installent derrière le bureau en face de la fenêtre.
- Cela ne t’a pas plu que ta mère me pose des questions, pourquoi ?
- Remercie-moi ! Tu échappais moins un à un interrogatoire ! rétorque Nadia. As-tu vu Smaïl aujourd’hui ?
- Oui, nous nous sommes vus, répond-elle. Imagine ce qu’on a bien pu faire sous un arbre ? lâche-t-elle en riant doucement, les yeux brillants au souvenir de cet instant.
- Que peut bien faire un couple sous un arbre ? s’interroge Nadia, à part s’embrasser… se rouler sur l’herbe ?
Mais en inspectant des yeux les vêtements de son amie, il n’y a rien qui laisse penser qu’ils ont roulé sur l’herbe. Aïda était venue, bien coiffée, impeccable comme d’habitude. Ils n’ont rien pu faire d’autre que s’embrasser. Ils n’ont rien fait d’interdit. Cela la rassure…
- Je donne ma langue au chat, dit Nadia. Ce n’est pas la première fois qu’il t’embrasse donc… Tu ne peux pas faire un scoop avec ça, à chaque fois que vous aurez échangé un baiser ! Alors ?
- On a prêté serment de se réserver l’un à l’autre, lui apprend Aïda. Un serment, à la vie, à la mort !
Nadia sursaute comme si elle avait été pincée.
- Mais vous êtes fous ! s’écrie-t-elle. Qui dit que vous allez vous revoir dans quelques mois ? Non pas que je souhaite votre séparation mais vous ignorez tout de l’avenir ! Imagine que ses parents ne veulent pas, ne me dis pas que tu vas fuguer et accepter de vivre cachée pour finir par mettre en colère ta famille ! Les hommes ne tiennent jamais leurs promesses Aïda ! Dès qu’il verra qu’il est perdant et souffre de la situation, il retournera auprès de sa famille sans se préoccuper de ton sort !
- Tu parles uniquement des parents de Smaïl, remarque la jeune fille. Si tu connaissais les miens, tu t’inquiéterais de leurs réactions quand ils apprendront que je veux me marier avec un Kabyle ! Dans notre famille, il n’y a jamais eu d’alliance avec des Kabyles !
Mais toi tu ne vas pas te laisser faire ? l’interroge Nadia.
- Je vais me battre pour l’imposer ! dit Aïda, redevenue grave et pensive. Jusqu’à mon dernier souffle…
Nadia regrette d’avoir abordé le sujet, son amie est si triste. Pour lui faire oublier, elle lui rappelle la priorité de l’heure : leur dernier examen et y réussir.
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5 août 2013 à 14 02 27 08278
Le serment 6e partie
Par : Adila KATIA
- As-tu amené toutes tes affaires ? On pourrait se mettre au travail dès maintenant et tu restes passer la nuit ici, l’invite Nadia. Cela me fera de la compagnie et on se concentrera mieux sur cet examen. Qu’en dis-tu ?
- Je ne voudrais pas m’imposer, murmure Aïda. Tes parents…
- Cela leur fera plaisir, la rassure Nadia qui est soulagée de ne pas avoir à la laisser partir aussi triste. J’ai même une autre idée. Si on passait prendre tes affaires, tu resteras ici jusqu’à ton départ !
- Je voudrais bien mais consulte tes parents avant, dit l’amie.
- J’invite ma meilleure amie ! Ils ne diront rien…
Aïda ne peut pas s’en douter mais son amie est prête à tout pour l’imposer. Elle ne voulait pas la laisser partir. Elle la sentait prête à commettre une folie avant de rentrer à Chlef. Nadia se sent responsable de son amie et tient à la garder chez elle, pour lui éviter d’autres souffrances.
Depuis son installation chez son amie Nadia, Aïda n’a pas vu le temps passer. Concentrée autant qu’elle sur les recherches, leurs analyses sont prêtes au bout de deux semaines. Avec l’aide d’une voisine enseignante, une fois les sujets corrigés, elles purent le saisir. Le résultat les enthousiasma beaucoup. Aïda aurait voulu ne pas soutenir leurs thèses tout de suite. Nadia était d’un avis contraire.
C’est vrai, on a bossé comme des nègres, ces derniers jours, reconnaît-elle. Mais on doit profiter de la fraîcheur de nos connaissances pour soutenir maintenant ! On ne peut que réussir, on a tous les atouts en main, pourquoi remettre à plus tard ?
- Il me faut de l’argent et je n’ai pas encore touché ma bourse, prétexte Aïda. Tu sembles oublier qu’on en aura besoin ! Pas question que j’aille voir mes parents pour leur demander de l’argent !
Mais Nadia refuse. Ses parents sont prêts à lui avancer l’argent qu’il faut pour les frais de la soutenance. Aïda se voit désarmée. Son amie ne lui laisse plus le choix. D’ailleurs, Nadia ne perd pas son temps. Grâce à Fella, l’enseignante et voisine, les deux jeunes filles n’ont aucun problème avec l’administration. La date de leur soutenance est vite arrêtée. Elle est prévue dans deux semaines.
Aïda panique quand elle l’apprend.
-Tu penses qu’on pourra tenir tête au jury, qu’on pourra éviter leurs questions pièges ?
-Bien sûr, on va réussir ! Tu te fais du mauvais sang pour rien, affirme Nadia. Comme toujours, on sera les meilleures ! Dis, tu n’avais pas rendez-vous ?
-Si, cet après-midi.
-Tu n’as pas vu l’heure, s’exclame son amie en lui montrant la pendule. Dépêche-toi de courir à lui ! À Ben Aknoun, il y a plein de jolies filles !
-Impossible, il m’a prêté serment, lui rappelle Aïda tout en se préparant à sortir. Il attendra le temps qu’il faut…
Enfin, elle a beau se presser, elle arrive en retard au rendez-vous. Elle est émue en le retrouvant sous le platane où ils s’étaient promis l’un à l’autre. Smaïl lui paraît maigri, les cernes sous ses yeux lui rappellent que lui aussi veille après son travail. Il ne prépare pas tout de suite sa thèse. Il soutiendra en septembre ou octobre si tout se passe comme il le souhaite.
-Te voilà enfin ! Aaslama ! s’écrie-t-il en l’accueillant à bras ouverts. Comment vas-tu ?
-Je vais bien, je suis tellement fatiguée, répond-elle se blottissant dans ses bras.
-Mais dis-moi, comment vas-tu ? Comment arrives-tu à joindre les deux bouts ?
-Cela aurait pu être supportable si je te voyais après, lui confie-t-il dans un soupir. Je n’arriverai jamais à supporter ton absence ! Ne pas te voir et te parler pendant des jours est une vraie torture ! Ça va me tuer… Mon cœur ne le supportera pas !
-Sois patient omri, on ne peut rien faire d’autre ! D’ici quelques mois, on sera éclairé !
-Tout à l’heure quand j’ai appelé, je suis tombé sur la mère de Nadia, dit-il. Vous étiez sorties ?
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5 août 2013 à 14 02 29 08298
Le serment 7e partie
Par : Adila KATIA
- On était chez la voisine, répond-elle. Elle nous a donné un coup de pouce dans nos travaux, et même pour soutenir parmi les premiers. C’est-à-dire… dans deux semaines ! On sera vite fixés sur nos résultats ! Avec un peu de chance, on trouvera du travail ici, dans un même laboratoire ! Je ne voudrais pas quitter Alger ! Et toi, es-tu reparti chez toi ?
- Non, je n’ai pas eu le temps. Et toi, quand comptes-tu partir ? demande Smaïl.
- Après ma soutenance, je devrai partir, dit-elle toute triste. Je ne pourrais pas m’attarder plus longtemps…
Omri, tu penses que tes parents viendront ?
- S’ils tiennent à moi, ils le feront !
Y aura-t-il un moyen de te contacter ? demande le jeune homme, pour avoir de tes nouvelles ou pour t’en donner… Il est inquiet mais il ne le montre
pas. Il ne voudrait pas l’angoisser
davantage.
- Nadia s’en chargera jusqu’au jour où nous pourrons nous rappeler, dit-elle. C’est mon amie, je sais que je pourrai compter sur elle !
Smaïl sait que ce sera inévitable. Il s’en veut, il a des remords. Il lui a menti. Il était reparti chez lui et l’accueil de son père n’a pas été chaleureux. Ce dernier projette de le marier à une cousine. Il n’a rien voulu entendre, si bien que Smaïl était parti en claquant la porte. Il a passé la nuit dehors et il n’est pas près de retourner chez ses parents. Tant que son père n’aura pas changé de sentiments, il est décidé de couper avec eux. Il espère que sa mère saura le raisonner et lui ouvrir les yeux sur l’essentiel : s’ils veulent son retour, il faudra qu’ils acceptent de le marier avec celle qu’il aime.
Le jeune homme aurait voulu avoir de bonnes nouvelles à lui apprendre. Il se voyait contraint de lui mentir car il ne supporterait pas de la voir souffrir.
- Concentre toi sur ta thèse, le reste on verra plus tard ! Elle ne tarde pas à rentrer. Elle tente de se concentrer sur ses révisions. Nadia est de bonne compagnie et il lui est facile en sa présence de ne pas penser à Smaïl. Le jour J arrive vite au goût d’Aïda. Elle et Nadia soutienne un lundi matin. Aïda était morte de peur, elle craignait de ne pas être à la hauteur. Pourtant elle s’est surpassée, laissant les membres du jury bouche bée. Nadia, qui maîtrisait son sujet, fut à la hauteur, au grand plaisir de sa famille et de ses amis. En attendant de connaître l’avis du jury, elles sortent dehors. Les parents de Nadia et leurs amis ont été surpris par leur maîtrise du sujet et leur calme.
Aïda en rit maintenant et tous rient de bon cœur avec elle lorsqu’elle leur confie :
- J’avais les genoux qui tremblent et envie d’aller aux toilettes ! Si vous appelez cela du calme et de la maitrise…
- Mais ça va mieux maintenant ? demande Smaïl.
La jeune fille sourit, les rassurant. Elle n’aurait pas tenu le coup sans sa présence. Elle tenait à sa réussite, elle avait évité de tomber dans les questions piège. Elle souhaitait réussir dans tout ce qu’elle faisait, et en particulier elle priait pour que leur histoire d’amour finisse comme dans les contes de fées.
Même si c’est un jour décisif dans ses études, elle ne peut s’empêcher de penser aux parents de Smaïl. Elle espère qu’ils la demanderont en mariage rapidement, elle ne veut pas être séparée de lui, même pour quelques jours. Tu étais la plus belle et tu es la meilleure, lui dit ce dernier. D’ici quelques minutes, le jury va confirmer mes dires !
Je suis fatiguée et que même des mauvaises notes ne pourront m’arracher une réaction, répond-elle. Je crois que je suis à bout…
Pourtant, même fatiguée, quand le jury délibère, elle saute de joie et pleure longtemps. Tout comme elle, Nadia a eu d’excellentes notes. Plus qu’elles n’avaient espéré. Ses parents invitent toute la famille et tous les amis, à passer au salon de thé situé non loin de là. Ghania n’avait rien dit à sa fille, voulant leur faire une surprise. Et c’en est une que les deux amies apprécient à sa juste valeur. Aïda est très émue.
- Merci khalti, c’est si gentille. Vous n’auriez pas dû…
- Vous le méritez après toutes ces années de labeur !
- Khalti, je vais vous laisser… Je vous verrai plus tard, dit-elle en sortant précipitamment après l’avoir embrassée sur la joue.
- Mais où est-elle partie ? demande Ghania, à sa fille. Elle n’a rien pris, rien goûté !
- On lui garde sa part pour ce soir, propose Nadia. Elle devait avoir un rendez-vous urgent…
Même si son amie ne lui avait rien dit, elle avait deviné juste. Aïda et Smaïl étaient partis en voiture. Un copain la lui avait prêtée et il tenait à emmener sa dulcinée à la mer pour qu’elle puisse se détendre au soleil et au bord de l’eau… Ils en ont bien besoin après toutes ces semaines de travail et de tensions. Aïda remarque qu’il n’a pas été très bavard ces derniers jours au téléphone. Elle voudrait lui faire la remarque mais il la garde serrée contre lui. Uniquement pour qu’ils ne se regardent pas dans les yeux…
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5 août 2013 à 14 02 30 08308
Le serment 8e partie
Par : Adila KATIA
- Quelque chose ne va pas omri ?
- Non, tout va bien, tente-t-il de la rassurer. Je t’aime Aïda !
- Je te sens loin d’ici, insiste-t-elle en se dégageant de son bras pour pouvoir se tenir en face de lui et le regarder dans les yeux. Je sens tu me caches des choses… Tu as des nouvelles de tes parents, n’est-ce pas ? et tu ne veux pas me le dire ! Je croyais qu’il ne devait pas y avoir de secret entre nous !
Le jeune homme se défend, mal à l’aise.
- Je n’ai jamais eu de secret pour toi !
- Alors, dis-moi ce qui ne va pas ! s’écrie-t-elle le cœur serré, devinant sans peine que cela avait un lien avec leur avenir. Ils ne veulent pas de moi ?
- C’est mon père, avoue-t-il. Il avait d’autres projets pour moi… Tant qu’il ne voudra pas, je ne partirai plus à la maison !
- Et ta mère ? demande-t-elle pensant à sa douleur en sachant qu’elle ne verra plus son fils aîné. De quel côté est-elle ?
- Du mien bien sûr, mais il lui faudra du temps pour convaincre mon père, regrette le jeune homme. J’aurais voulu qu’on n’en parle pas aujourd’hui… Je viens de gâcher la plus belle journée de ta vie !
- Un jour ou l’autre, je l’aurais su… Penses-tu avoir le dernier mot un jour ? l’interroge-t-elle en le regardant dans les yeux.
- Oui, répond-il spontanément. Mais es-tu prête à m’attendre ? Dès que j’aurai où t’emmener, accepteras-tu de quitter ta famille, pour moi ?
- Tu parles de fuguer ? fuir ? demande Aïda. – Si cela peut faire notre bonheur, je le ferais !
Smaïl soupire de soulagement. C’est tout ce qu’il voulait entendre.
- Jamais je ne te trahirai ! N’oublie jamais qu’un serment nous lie à tout jamais ! Quand partiras-tu chez toi ?
- La semaine prochaine !
- Tu vas me manquer Aïda, lui dit-il les larmes aux les yeux. Comment vais-je vivre sans toi ?
La jeune fille ne sait pas plus que lui comment elle pourra supporter la douleur. Leur séparation, qu’elle espère temporaire, est inévitable.
En attendant, chaque jour ils se voient, passent des moments inoubliables et prennent des photos souvenir qu’ils développent ensemble. Ils les partagent. Aïda range les siennes dans un classeur, et lui dans son portefeuille qui a vite gonflé. À défaut de billets de banque, il est plein de moments de bonheur figé.
Le temps semble avoir filé rapidement, trop vite à leur goût. Le jour du départ arrive déjà. Aïda a rangé ses affaires et en se rendant à la gare d’Agha, des amis et Nadia l’accompagnent. Smaïl est aussi présent. Elle se sent mal en le voyant se détourner pour essuyer les larmes qui perlent à ses paupières.
Elle s’efforce à paraître calme mais elle aussi pleure. Comment ne pas avoir le cœur brisé devant la tristesse de son bien-aimé et de tous ses amis ?
Dans le vacarme de la gare, on annonçait le départ de son train, dans dix minutes. Un autre train roulait avec un bruit sourd de moteur de traction, un bruit terrible qui fait tourner les voyageurs qui attendent sur le quai.
- J’espère que ce n’est pas dans celui-ci que tu pars ! s’écrie Nadia, inquiète.
- Non, c’est un train de marchandises…
Une nouvelle fois, l’opératrice annonce le train. Ce dernier venait d’arriver. Aïda est contrainte à se séparer de ses amis et de Smaïl. Elle les embrasse rapidement et monte s’installer dans un compartiment vide. Smaïl a porté ses bagages et les a posés dans le coin, bien calés et bien en vue. Ses amis lui font des signes depuis le quai tous aussi tristes qu’elle.
- Je t’aime ! lui dit-il en serrant sa main une dernière fois. Ne l’oublie jamais…
Il est contraint de descendre. Aïda leur fait des signes de la main, envoyant des baisers, en larmes. Quand le train démarre, elle éclate en sanglots. Lorsque ses amis et Smaïl ne sont plus visibles, elle ferme les yeux et tente de ne pas entendre les voyageurs et les conversations. Elle ne veut écouter que son cœur qui lui dit de descendre du train et de courir retrouver son bien-aimé. Mais le train n’allait pas s’arrêter pour elle. Maintenant, elle était en partance pour l’inconnu. Même s’ils s’étaient fait la promesse d’être l’un à l’autre, elle sait que cela ne dépendra pas d’eux mais de la volonté de Dieu…
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5 août 2013 à 14 02 31 08318
La nouvelle de Adila KatiaDimanche, 26 Août 2012 09:50Facebook Imprimer Envoyer Réagir
Le serment 9e partie
Par : Adila KATIA
Aïda est heureuse de découvrir son père à la gare. Il était plus de dix heures du soir et elle avait craint que personne ne soit là à l’attendre. Elle leur avait envoyé un télégramme la veille et ignorait jusqu’à maintenant s’ils l’avaient reçu ou non.
Son retour à la maison est une vraie fête. Sa mère Karima avait prévenu ses sœurs mariées. Elles étaient venues avec leurs enfants et, malgré l’heure tardive, elles avaient tenu à l’attendre. Il n’était pas question pour elles de se mettre au lit sans l’avoir vue.
Sa mère n’en revient pas quand elle leur apprend qu’elle a soutenu avec succès.
Félicitations ma fille ! Inch Allah, toute ta vie sera jalonnée de succès !
Je l’espère aussi maman ! Moi et Nadia avions beaucoup travaillé, nous tenions à réussir ! Mais il nous reste à trouver du travail et ce ne sera pas facile !
Ton père connaît tout le monde dans la région, la rassure sa mère. Il va te trouver quelque chose, n’est-ce pas Ali ?
Nous avons entièrement le temps, elle vient d’arriver, répond-il. Elle a besoin de repos maintenant ! Ces derniers mois ont dû être très pénibles…
Aïda reconnaît qu’elle n’a pas eu le temps de se reposer depuis longtemps. Elle est soulagée lorsque ses sœurs Maria et Ferrouz proposent de monter se coucher. Leur père Ali est un ancien entrepreneur, il est connu et apprécié de tout le monde dans la région. Aïda ne se fait aucun doute là-dessus, il allait vite lui dénicher un travail.
La jeune fille est heureuse de retrouver sa chambre. Elle s’assoit au milieu du lit et ses sœurs la rejoignent vite. Ces dernières n’ont aucune envie de dormir, elles veulent discuter avec elle sans avoir à craindre des oreilles indiscrètes.il y a si longtemps qu’elles ne se sont pas vues, cela faisait plus de six mois depuis qu’elle était partie à Alger et qu’elle n’en était pas revenue. Elles sont toutes au courant de son histoire d’amour et elles veulent savoir comment se sont passés ces derniers mois avec Smaïl.
- Allez, raconte-nous ! la prie sa sœur Maria.
- On est toujours ensemble, dit-elle en sentant son cœur se serrer au doux souvenir de son bien-aimé. Il a parlé de moi, à ses parents ! Il tient à se marier avec moi… Et je suis d’accord !
- Tu es folle ! s’écrie sa sœur Ferrouz. Papa n’acceptera jamais. Il tient à ce qu’on se marie ici ! Tu ne seras pas une exception. Tu sembles oublier que j’ai dû rompre avec Larbi parce qu’il n’était pas de la région ! C’était ça ou le reniement !
- Je préfère être reniée que de vivre dans la monotonie d’un mariage arrangé ! Je ne suis pas vous, leur dit Aïda. Je me marierai avec celui que j’aime ! Qu’il soit riche ou pauvre, peu importe ! Tout ce qui compte est que moi et lui on soit ensemble !
Sa sœur Maria soupire, elle est désolée pour elle.
Papa ne te laissera pas le choix ! Et tu seras obligée de changer et d’accepter qu’il décide pour toi ! Tu sembles avoir oublié combien il peut se montrer dur, inflexible sur certains sujets…
Je m’en fiche, dit Aïda. J’ai prêté serment et jamais je ne reviendrai là-dessus !
Ce ne sont que des mots, réplique Maria. Et quelle idée que de se promettre ! Ça n’a rien de sacré… Et puis, autant tu le saches maintenant, tu as eu un prétendant dernièrement ! Un garçon que papa estime beaucoup ! Sa famille viendra de te voir maintenant que tu es rentrée…
Aïda se prend la tête entre les mains et se met à pleurer.
Merci de gâcher mon retour à la maison, murmure-t-elle. Si j’avais su, je ne serais pas revenue !
Ferrouz l’attire contre elle et tente de la réconforter. Elle lui donne un conseil, sachant que leur mère approuvera toutes les décisions de leur père.
Ne lui en parle pas, lui conseille-t-elle. Tu connais maman, elle se mettrait à te surveiller et à tout t’interdire !
Je suis fatiguée, je voudrais dormir…
Ses sœurs échangent un regard et décident de ne pas tarder.
Bonne nuit… On se verra demain ! Dors bien…
Aïda ne prend pas la peine de se changer. La nouvelle l’a comme assommée. Elle s’endort avec l’idée qu’elle aurait mieux fait de rester Alger. Elle retrouve dans ses rêves Smaïl. Comme il est bon d’être avec lui. Elle voudrait que le rêve ne finisse pas et que le jour ne se lève pas…
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5 août 2013 à 14 02 32 08328
Le serment 10e partie
Par : Adila KATIA
On n’aurait pas dû, dit Maria tout en couvrant sa sœur d’une couverture quand elle la voit frissonner. Elle est encore trop jeune pour comprendre !
Elle passait près de la chambre quand elle l’a entendue parler dans son sommeil. Elle a conscience que sa sœur ne renoncera pas à lui. Elle regrette de lui avoir parlé du prétendant. Elle a réussi à troubler son cœur. Encore une fois, elle pense qu’elle n’aurait pas dû.
Elle rejoint sa sœur qui surveillait leurs enfants endormis.
Je compte sur toi, pour les surveiller. Je descends à la cuisine voir ce que fait maman ! lui murmure-t-elle avant d’éteindre et de tirer la porte derrière elle.
Elle trouve la mère en train de préparer un gâteau pour le petit déjeuner. Si Aïda avait toujours les mêmes goûts, elle allait l’apprécier.
Maria se met à rincer la vaisselle qui remplissait l’évier.
Maman, tu penses que Boualem va revenir ?
J’ignore quand, répond-elle. Cependant, je sais qu’il est en contact avec ton père… Dis-moi, en as-tu parlé à ta sœur ?
Je croyais bien faire en lui apprenant la nouvelle, lui confie Maria. Elle est toujours aussi amoureuse du Kabyle…
Elle est jeune, dit la mère. Ça lui passera… Elle n’est pas maître de son destin ! Son père a déjà tracé son avenir, tout décidé… Dès qu’elle sera fiancée à lui, elle oubliera le Kabyle ! toi et Ferrouz êtes heureuses dans vos mariages ! Votre père a su être clairvoyant et j’espère que votre petite sœur sera aussi heureuse que vous l’êtes ! J’espère qu’elle ne fera pas la dure sinon elle s’en mordra les doigts ! Tu connais ton père, il n’a qu’une parole…
Le matin, lorsqu’Aïda se réveille, il est plus de midi. La maison lui paraît bien silencieuse quand elle quitte sa chambre. Encore fatiguée, elle descend lentement l’escalier. Une fois arrivée en bas, elle entend une conversation entre son père et sa mère. Ils sont dans le salon, ils ne peuvent pas la voir. Aïda pense à rebrousser chemin car elle n’aime pas écouter aux portes mais en entendant son prénom prononcé plusieurs fois, elle reste et tente de saisir ce qui se dit. Au bout d’un moment, elle comprend qu’il est question de son retour et de son mariage. Apparemment, les dés étaient déjà pipés.
Vas-y doucement avec elle, recommandait sa mère. Elle est jeune et on ignore tout de ses projets !
Elle en aurait eu que tu l’aurais su, dit Ali. Mais qu’est-ce qui te fait penser à ça ? Elle t’aurait parlé de quelque chose, en particulier ?
Non, nous n’avons pas eu l’occasion de discuter, répond Karima. Elle était tellement fatiguée hier soir qu’elle s’est couchée sans avoir dîné ! Enfin