Autrement dit, jadis, l’enfant était «sujet» de notre affection continuelle. Aujourd’hui, il est devenu «objet» de notre protection anti-fuites, en attendant de prendre vraiment la fuite à la recherche d’une affection qu’il ne trouvera peut-être pas et qu’il compensera à sa manière. Ya qu’à voir l’insistance des pubs à ce sujet.
L’exiguïté du logement aidant, la maman est pressée de mettre son enfant dehors pour faire le ménage. Quand toute la famille est réunie le soir autour de la télé, c’est des «chuuut…, skout ! Laisse-nous suivre le feuilleton !» Ou encore: «Va jouer felbalcon !». Avec tous les risques que cela peut engendrer. Plus grand, ce même enfant n’a de protection que la rue. Sans loisirs, sans espace vert, il ira s’oxygéner à la cigarette, ou à la colle. Et snif et snif…
Les parents étant dépassés, il serait bon que les fabricants de couches investissent une part de leur budget publicitaire dans des organismes de prévention du suicide, fuite ultime de nos jeunes qui détiennent en ce domaine le record de la désespérance. Et si les parents se rapprochaient autant de leurs jeunes que de leurs fameuses couches, peut-être qu’ils se sentiraient moins rejetés par une société habituée maintenant non plus au «prêt-à-porter», mais au «prêt-à-jeter».
Que l’on dispose de diverses manières des couches jetables, cela regarde les environnementalistes et les «écolos». Mais que l’on fabrique des enfants jetables autant que les couches qui les enveloppent, alors rien ne va plus !
5 août 2013
El-Guellil